Chapitre 47
"I'm fine, thx. You ?"
Johany relut plusieurs fois la réponse de Dao avant de comprendre que "thx" signifait "thanks". Il n'avait pu s'empêcher de lui demander de nouveau si tout allait bien à Don Khon, tandis qu'il prenait un petit-déjeuner limité.
Il essayait de se restreindre de plus en plus, car il lui restait à peine six cents euros, soit environ cent soixante-dix euros pour vivre jusqu'à toucher son premier salaire en travaillant pour Louis, s'il enlevait le prix de son billet d'avion. Il devait en plus de cela payer le transport du bus pour aller à Vientiane et peut-être une ou plusieurs nuits d'hôtel supplémentaires, ainsi que le voyage en train de Paris jusqu'à Nantes.
Il savait que Louis lui prêterait de l'argent s'il le fallait et ne le laisserait pas sur la paille, mais il restait anxieux. Etait-il raisonnable de stagner comme il le faisait, dans l'attente d'un trajet en bus, qui risquait fort de n'avoir lieu que plusieurs jours plus tard ?
Prostré dans le fauteuil de sa chambre, il faisait ses comptes dans son carnet. Il était parti de l'accueil la boule au ventre après avoir répondu à Dao qu'il commençait à s'inquiéter de ne pouvoir quitter le pays bientôt. Ce dernier n'avait pas encore donné de réponse.
Dans l'après-midi, Johany lut quelques heures, mais le coeur n'y était pas. Il finit par tourner la dernière page du roman, alors que le ciel déjà bien assombri se teintait de jais.
Il avait plutôt bien accroché à l'histoire mais l'avait trouvée un peu longue. Les parallèles qu'il voyait en elle par rapport à sa propre vie avaient fini par l'exaspérer. Le héros transi d'amour, après de nombreuses aventures dans un pays lointain, s'était donné la mort dans l'appartement de sa bien-aimée, qui l'avait largué pour un autre.
La charmante morale que Johany en tira fut : "L'amour, c'est bien de la merde."
Il s'endormit difficilement ce soir-là, toujours sans réponse de Dao à son dernier message.
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