Chapitre 52
Personne ne vint lui ouvrir.
Johany essuya ses mains, rendues moites par l'impatience, sur son pantalon usé ; puis réitéra son geste. Sans réponse, il le renouvela encore deux fois, avant de se décider à entrer.
La porte s'ouvrit sans résistance, ce qui ne l'étonnait pas. Il se demandait même à quoi servaient les serrures, sur l'île.
Il pénétra dans l'épicerie, qu'il trouva vide, sombre, sans bruit.
Il avança jusqu'au fond : l'espace réservé au restaurant intérieur. A droite, la cuisine était vide également. Une vague odeur de gingembre flottait dans l'air.
Johany poussa la porte du fond, menant à la cour intérieure. Dao n'y était pas non plus, les coussins n'étaient plus là et l'une des portes du placard à vélos pendait sur une seule charnière. Le vent avait dû s'engouffrer dans la cour et faire claquer la porte jusqu'à la casser.
Le jeune homme retourna dans le bâtiment, monta les marches qui menaient à l'appartement de Dao. Une fois sur le palier, il leva le poing pour en frapper la porte et s'aperçut qu'il tremblait légèrement.
Un instant plus tard, le cliquetis caractéristique précédant l'ouverture de la porte se fit entendre. Dao se tenait derrière celle-ci et semblait exténué. Son visage retrouva cependant toute sa splendeur en l'espace d'une fraction de seconde, lorsqu'il reconnut Johany.
Ce dernier tomba sans un mot dans les bras du jeune laotien, qui l'accueillit simplement, en silence, les larmes aux yeux. Johany le serra fort contre lui et respira son parfum réconfortant, devenu familier. Il ne pouvait mettre des mots sur le bonheur qu'il ressentait.
Tout à coup, quand leurs regards s'étaient croisés alors que la porte s'ouvrait, le français avait été frappé par l'évidence : c'était auprès de Dao qu'était sa place.
C'était ici qu'il voulait être, nulle part ailleurs, et avec personne d'autre.
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