38. L'habit fait les danseurs

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Alken

La semaine touche à sa fin et j’avoue que je suis content qu’il n’y ait pas eu d’autres gros événements, scandales ou histoires pourries avec qui que ce soit. J’ai hâte que cette année se termine afin de pouvoir profiter de Joy librement. Je veux afficher au grand jour notre Amour, je veux le clamer sur tous les toits, je veux ne plus réfléchir à tout ce que je dis ou je fais. Tout ce que je veux, c’est vivre ma relation avec elle de la façon la plus normale possible. Mais malheureusement, ce n’est pas encore pour aujourd’hui.

Je regarde l’heure, vois que le cours avec les deuxièmes années est bientôt terminé et je soupire de soulagement. Car une fois la classe terminée, ce sera le weekend. Et on va fêter notre Saint Valentin dignement en allant à Nice pour passer le concours “bal masqué” auquel nous nous sommes inscrits en couple. Cela ne sera pas de tout repos, mais on va essayer d’en profiter quand même pour découvrir un peu la ville. Surtout qu’il y a le Carnaval et que j’ai toujours rêvé d’y aller.

Lorsque tous les élèves sortent, Joy, comme prévu, reste en arrière et s’approche du bureau, comme si elle avait une question à me poser. Je lève les yeux vers elle et profite de sa proximité pour l’admirer comme si je ne l’avais jamais vue, comme si je n’avais pas fait encore les folies les plus excitantes avec elle la nuit dernière. J’adore quand elle met une petite jupe comme ça sur ses leggings, avec un simple tee-shirt qui cache autant qu’il dévoile à quel point elle est jolie.

— Oui Joy, que puis-je pour toi ? demandé-je alors que certains élèves finissent de sortir de la salle.

— Eh bien, je me demandais si je pouvais rester une petite demi-heure de plus dans la salle pour bosser, si ça ne te dérange pas, sourit-elle en jetant un œil par-dessus son épaule.

— Non, reste, mais je te préviens, je ne suis pas encore parti, rétorqué-je alors qu’Emilie et Jasmine sortent enfin de la salle, nous laissant seuls.

— Ça ne me dérange pas, j’ai l’habitude que tu me regardes danser, et bien plus encore, dit-elle plus bas.

Je me lève et l’embrasse après l’avoir enlacée, me permettant ainsi de lutter contre ma frustration de ne pas pouvoir la toucher pendant les cours.

— Bon, on travaille une petite demi-heure, ce qui devrait laisser le temps à tout le monde de partir en weekend, et ensuite, on fonce dans la salle de stockage. Il ne faudra pas traîner pour trouver nos costumes, car après, on doit aller à la gare prendre le train. C’est serré au niveau timing !

— On ne devrait pas traîner ? Sérieusement ? Dommage… Cette salle me donne des idées qui n’ont rien de sages, moi, minaude-t-elle, réveillant immédiatement mon corps qui ne dort jamais vraiment quand il est à proximité d’elle.

— Si on est efficaces, qui sait ce que l’on aura le temps de faire. Mais avant ça, Miss “j’ai toujours envie de faire plaisir à mon Prof”, un peu de danse.

Je lance la musique et me positionne derrière elle. Notre programme est audacieux et sensuel, et notre complicité nous permet d’interagir de manière quasi spontanée. Nous avons bien travaillé et cette ultime répétition avant notre départ se passe sans anicroche. Quelques détails à ajuster aussi bien pour elle que pour moi. Mais dans l’ensemble, nous sommes prêts et quand je la soulève pour le dernier porté, nous avons tous les deux le sourire aux lèvres car nous savons que nous allons faire une belle prestation. Je la redépose lentement au sol et la serre contre moi.

— Bravo, Joy. C’est magique de danser avec toi. Tu es formidable ! Quelle grâce et quelle technique ! Je n’ai plus rien à t’apprendre, moi !

— Vraiment ? Je vais pouvoir sécher ton cours jusqu’à l’examen ? rit-elle en glissant ses mains sous mon tee-shirt.

— Ah ça non, comment je fais pour survivre sans avoir le plaisir de te regarder quelques heures chaque après-midi ? Si toi tu n’as plus besoin de moi, ce n’est pas le cas pour moi !

Nous nous embrassons et la température monte rapidement dans la pièce, mais elle me repousse alors que j’allais m’attaquer à ses leggings, avec un petit sourire mutin.

— Ça suffit, Prof… Pas ici, tu veux quoi, qu’après avoir risqué d’être découverts par ton ex, on se fasse prendre par les agents d’entretien ? Un peu de tenue enfin… On sera plus tranquille au milieu des costumes, sourit Joy en allant récupérer ses affaires sur le banc. Tu as encore du boulot ou on peut s’y retrouver ?

— Je suis en weekend et donc, tout à toi, ma Chérie. Allons dans la salle de stockage. Mais n’oublie pas, il faut être discrets pour que justement, les agents d’entretien ne nous surprennent pas. On va quand même emprunter deux costumes pour le weekend, ce n’est pas super réglo, ça !

— Dans le sous-sol du théâtre, on a toujours moins de chance de se faire griller qu’ici, Monsieur O’Brien. Non ? Sinon, tant pis pour moi, et pour toi par conséquent, on reste sages. Pas de problème, je sais me tenir beau danseur.

Nous récupérons nos affaires et, tels deux espions, nous nous faufilons dans les couloirs de l’ESD. Je dramatise la situation en faisant semblant de me coller aux murs, j’ouvre les portes tout doucement et Joy rit tout le long. Rien que pour ça, je continue mes simagrées et fais mine de forcer la porte alors que j’ai la clé en main. Elle pouffe et me repousse avant de se saisir de la clé pour ouvrir elle-même.

— C’est de la triche, ça, Mademoiselle Santorini ! C’est trop facile d’utiliser la clé !

Je fais une petite moue boudeuse et fais mine de ne pas entrer dans la salle des costumes, comme un gamin que l’on aurait privé de sa surprise ou de son effet.

— Tu sais que tu es mignon, comme ça ? Je te laisse là alors, au moins j’aurai de l’intimité pour me changer, dit-elle en me tirant la langue avant de me fermer la porte au nez.

Aucun moyen que je la laisse se changer toute seule ! J’arrête mes pitreries et entre à mon tour dans la salle où Joy s’est déjà approchée des costumes féminins. Je la vois les examiner les uns après les autres. Nous n’avons pas du tout choisi ce que nous allons porter, et je suis tout excité à l’idée de me déguiser et entrer dans un rôle.

— Tu veux que je t’aide à choisir et ensuite on s’occupe de mon costume ou bien on fait ça chacun dans notre coin et on se retrouve ici d’ici dix minutes, déguisés ? lui demandé-je après un nouveau bisou.

— Oh non, il faut qu’on trouve des costumes qui vont ensemble ! Tu sais, un peu comme aux USA, les déguisements de couple pour Halloween ! La saucisse et le pain à hot dog, le Joker et Harley Quinn… Tu vois ? pouffe-t-elle. Je suis sûre que tu serais magnifique en saucisse, mon Chéri !

— Ma saucisse irait bien dans ton donut, je crois ! Alors, commençons par toi, vu que tu es déjà en train de mater la marchandise, ajouté-je alors que son regard s’est posé sur mon entrejambe à l’évocation de ma saucisse.

— Je ne mate rien, je suis bien élevée, mon cher ! Et je n’arrive pas à croire que tu compares ma douce intimité à un donut ! Quel romantisme, Monsieur O’Brien !

— Désolé, ma Chérie. On ne peut pas toujours être parfait. Tu penses quoi de ce costume de WonderWoman ? Ca irait bien avec ton décolleté, souris-je en montrant le cintre sur lequel se trouvent les vêtements.

— Mon décolleté ? Tu crois qu’on a besoin que le jury voie ma poitrine pour qu’on ait nos chances ?

— Je m’en fous du jury, c’est moi qui veux mater. Mais tu as raison, ça va déconcentrer tout le monde, moi, le premier, c’est pas forcément l’idée du siècle.

— Non. En plus, si l’un des danseurs a le malheur de me mater, tu vas encore être jaloux, rit-elle en se déshabillant l’air de rien.

— Faut dire que le spectacle vaut le coup, pas envie de partager autant de beauté, ma Chérie. Tu as trouvé un costume qui te plaît ou tu veux juste m’exciter ?

— Je ne sais pas, minaude-t-elle en me lançant sa brassière, se retrouvant en petite culotte devant moi. J’aime bien savoir que je t’excite, mais… Ce petit déguisement de Catwoman me plaît bien. Je ne savais pas que l’ESD avait de quoi faire des soirées costumées à tendance SM !

— Catwoman ? C’est vrai qu’avec quelques pas, ça pourrait renforcer la félinité de notre danse. Tu l’essaies pour voir s’il te va ?

— Je doute de pouvoir danser avec, mais j’ai bien envie de l’essayer, oui, dit-elle en décrochant la tenue du cintre pour l’enfiler. Tu n’as jamais fantasmé sur elle ?

— Tu es la seule qui me fait fantasmer, Joy, tu le sais bien. Mais c’est vrai que toi, dans ce costume, je risque d’en rêver longtemps ! souris-je en l’aidant à l’enfiler.

— Vraiment ? Parce que… Tu sais… Je t’aime, hein, plus que tout ! Mais si Patrick Dempsey passe la porte, là maintenant, je ne suis pas sûre de pouvoir résister, moi !

— Pas sûr qu’ils aient un costume de chirurgien ici, ma Chérie. Tu vas devoir garder ça comme fantasme ! Tant mieux pour moi, car je ne partage pas. Même avec ce Dempsey !

Elle prend le masque et le pose sur sa tête pour finir de s’habiller. Elle est à tuer comme ça. Déjà, d’habitude, il faut se retenir pour ne pas lui sauter dessus, mais là, c’est mission impossible. Le costume a l’air serré par contre.

— Wow. Tu es magnifique, Joy. Mais, tu peux danser avec ça ?

— Non, pouffe-t-elle. Je crois que si je lève la jambe, je vais faire craquer les coutures ! C’est fait pour les brindilles, ça, pas pour mes hanches favorables à la conception d’un enfant, ou d’une dizaine selon les cathos !

J’éclate de rire, puis me reprends rapidement car il faut quand même que nous restions discrets.

— Je t’aime, Joy, toi et tes superbes courbes. Toi et ton humour magique. Je t’aime, et puis c’est tout !

— J’espère bien, tiens, manquerait plus que tu ne cherches qu’à profiter de mon corps, murmure-t-elle, un sourire en coin, en ouvrant la fermeture éclair le long de son buste avec sensualité. Alors, tu as une idée de ce qu’on pourrait porter pour le concours ?

— Je crois qu’on ne va rien porter du tout, mon Amour, expliqué-je en me collant contre elle et en finissant de lui enlever son costume. On va mettre les habits de l’Homme Invisible et gagner le concours juste sur nos corps d’athlètes ! Tu me donnes trop envie, là, comment je peux me concentrer sur autre chose ?

— Eh bien… Peut-être que si on remettait à plus tard les costumes et que… Ta saucisse s’occupait de mon donut, dit-elle avant d’éclater de rire.

— Joy, la réprimandé-je en la plaquant néanmoins contre le mur et en portant ma main entre ses jambes. Tu sais bien qu’on n’a pas le temps pour ces folies.

Ma bouche s’empare de la sienne et elle gémit déjà sous l’effet de la pression que j’exerce sur elle, mais je me fais violence et romps le contact alors que je n’ai qu’une envie, lui faire l’amour, là, tout de suite.

— Tu penses quoi de ce costume ? tenté-je de dire en lui montrant un costume de.femme flic en cuir. Avec le Képi, ça t’irait parfaitement, non ? Et vu la longueur, ça ne te gênerait pas dans tes mouvements, continué-je en évitant de trop la regarder pour ne pas céder à la tentation de lui sauter dessus.

— D’accord, ça me va. Mais il faut qu’on te trouve un beau costume qui va avec. Tu veux être mon prisonnier, c’est ça ?

— Je le suis déjà, ma Chérie. Corps et âme. J’ai aperçu un costume type prisonnier américain, tu sais, du genre de ce que porte Georges Clooney dans O’Brother ? Tu n’auras pas Patrick Dempsey, mais Georges. What else ? ajouté-je avec un sourire charmeur.

— Oh, Georges, je crois qu’on va bien s’amuser à Nice. J’avoue que niveau fantasme… On est bien, là, non ? Tu n’as jamais rêvé de te faire menotter au lit ? Parce que ça pourrait pimenter notre nuit après avoir gagné le concours, sourit-elle en cherchant dans les costumes.

— Je serai soumis à toutes tes tortures ma Belle. Et j’ai une idée pour le show. Tu en penses quoi si au début, tu me passes les menottes et que je les garde pendant toute la danse, même les portés ? Je suis sûr que je peux le faire, m’enthousiasmé-je.
— Il faudra qu’on essaie avant, quand même, mais… Pourquoi pas, oui. J’ai confiance en toi. Et si tu me lâches, je t’emprisonne à vie. Deal ?

— Deal, ma Chérie. Allez, ne traînons plus. J’ai envie de toi, mais si on ne part pas maintenant, on va rater le train et on ne pourra pas faire le concours demain soir. Par contre, promis, je me rattraperai dès que possible ! Tu es toujours tellement attirante, c’est un crime de ne pas en profiter.

— J’y crois pas, voilà que tu me repousses. Notre couple prend un tournant, là, non ? me demande-t-elle théâtralement en se rhabillant.

— Je ne te repousse pas, je te laisse mijoter jusqu’à ce que tu sois à point, mon Amour. Et puis, ce n’est pas moi qui fais les horaires de la SNCF, je t’assure que si on avait le temps…

— Je ne suis pas un steak, Alken, rit Joy en déposant le képi sur ma tête avant de m’embrasser. Fais attention à ce que je ne sois pas trop cuite, quand même.

Nous emballons rapidement les costumes dans les housses et nous filons à la gare aussi vite que nous le pouvons. L’aventure niçoise commence, et vu comment c’est parti, ça promet des réjouissances tout le weekend ! Une Saint Valentin dont on se rappellera toute notre vie, je pense !

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