42. Le show des fiancés amoureux
Alken
Le jour se lève et je suis réveillé par le bruit des marchands qui installent leurs étals dans la rue. Il y en a qui crient, d'autres qui chantent. Il y a aussi le bruit du camion qui passe pour nettoyer les rues et quelques touristes déjà levés qui parlent fort en néerlandais. Nice est certes une jolie ville, mais ce n'est jamais calme. La ville vit et remue, et elle le fait savoir par tous ces bruits du quotidien qui se rappellent à moi à chacun de mes passages ici. Il y a trente ans, c'était déjà comme ça et, sur cette dimension au moins, rien n'a changé.
Je me tourne vers Joy qui n'est pas dérangée par ces sons extérieurs et qui dort encore. Elle a sa tête sur mon bras et ses cheveux sont étalés sur l’oreiller. Une de ses mains est posée sur ma hanche dans une position que j'affectionne particulièrement car non seulement, cela me donne l'impression qu'elle s'accroche à moi, mais cela me donne une vue imprenable sur son décolleté et sa jolie poitrine.
Je pose ma main sur ses fesses musclées et rebondies et la caresse doucement. Elle n'ouvre pas les yeux mais ses doigts quittent ma hanche pour se saisir de mon sexe qu'elle branle lentement pour le faire durcir. C'est étrange de voir et sentir légèrement cette bague, symbole de notre union, frotter contre ma hampe bien tendue.
Toujours les yeux fermés, comme si elle voulait rester dans son rêve, elle se glisse sur moi et positionne les lèvres de son intimité sur mon sexe. Quelques ondulations suffisent pour que je commence à la pénétrer et elle affiche un grand sourire alors que ses replis s'écartent pour m'accueillir totalement en elle. Encore endormie, elle me laisse l'initiative et ce sont donc mes mouvements de hanches qui lui tirent ses premiers gémissements.
Mes mains parcourent son dos, ses fesses, ses cuisses et elle étouffe ses petits cris en m’embrassant doucement mais passionnément. Je sens à la façon dont son corps commence à se tendre que son orgasme est en train de monter en elle, tel un tsunami qui va nous emporter tous les deux dans une extase qui nous fera à nouveau voir des étoiles. Lorsqu'elle ouvre enfin les yeux après notre jouissance commune, son sourire illumine son visage.
— Bonjour ma jolie fiancée, quel réveil agréable !
— Oh, pouffe Joy, je ne suis pas sûre de réussir à me faire à ce surnom, mon beau fiancé. Ça fait bizarre, non ?
— C’est vrai que c’est un peu étrange, mais le plaisir est toujours aussi intense. C'est fou comme à chaque fois, tu parviens à me faire atteindre le ciel.
— Eh bien espérons que ça perdure, j’ai envie de connaître encore bien des orgasmes avec vous, monsieur O’Brien !
— Bonne Saint Valentin, ma Puce.
Nous nous levons et prenons une douche câline ensemble puis nous sortons profiter un peu de la ville avant la finale du concours. Le temps est magnifique et c'est super agréable de flâner en petit pull, main dans la main. Les étals sont bien achalandés et nous papillonnons de l'un à l'autre jusqu’à arriver à la plage. Assis l'un à côté de l'autre sur les galets, nous admirons le paysage en silence. Je me demande si, comme moi, elle est en train de penser à tout ce qu'on a déjà vécu ensemble, à la chance que nous avons de nous être trouvés, à ce que l'avenir réserve à notre couple. Moi, en tous cas, je suis heureux et je le serai encore plus si on remporte le concours cet après-midi.
Nous prenons un rapide déjeuner léger sur le port avant de revenir à l'hôtel récupérer nos affaires et nos costumes puis nous fonçons vers la salle du concours. L'ambiance est différente d'hier. Chaque couple a une petite salle qui lui sert de loge. Dans la grande salle, le public est autorisé et présent en nombre. Même le Prince de Monaco est là selon certains. Comme avant chaque concours, nous parlons peu et nous concentrons sur la performance à venir. D’après ce que j’ai compris, nous allons passer sur la fin du concours, juste avant un autre couple qui est lui aussi composé de professionnels de la danse.
— Joy, une fois qu’on aura enfilé nos costumes, ça te dit d’aller voir la compétition et observer les autres, ou tu ne préfères pas ?
— Je ne sais pas, Alken. Tu en penses quoi ?
— Je crois que ça peut être un beau spectacle et que ça peut être intéressant d’y assister. Mais si tu penses que ça va trop te déconcentrer, on peut rester ici aussi.
— Non, allons-y, ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à une finale de concours. Et qui sait, cela nous donnera peut-être des idées pour de futures danses ?
Elle me sourit et dépose un baiser au coin de mes lèvres avant de sortir son costume et son képi de leur housse protectrice. Comme nous avons le temps, je n’hésite pas à l’observer alors qu’elle enfile sa tenue. Perdue dans ses pensées, elle ne remarque mon attention qu’une fois habillée.
— Eh bien, Monsieur O’Brien. On traîne ? Je vais vous mettre aux arrêts si vous continuez à ne rien faire comme ça !
— Ne rien faire ? Mais je vous regarde, Officier. Je vous jure que je ne suis coupable de rien !
— Même si vous êtes innocent, je vous fais prisonnier, sous ma garde exclusive ! En tenue ! Plus vite que ça !
— A vos ordres, mon capitaine ! obtempéré-je en me dépêchant de retirer mes habits de ville pour enfiler ma tenue de prisonnier. Tu es prête à voir Dracula danser avec Hélène de Troie ? Je crois que c’est eux le premier couple de l’après-midi.
— Allons-y, mon cher prisonnier sexy, sourit-elle en regardant sa main. Tu crois que je peux danser avec ? J’ai peur qu’elle ne glisse avec nos prises et ne tombe, ou… Je ne sais pas. Je n’ai pas envie de perdre cette beauté.
— Oui, j’y tiens. Je veux que ce soit notre première danse en tant que fiancés, la première de notre nouvelle vie. Et elle ne glissera pas, je la retiendrai au pire. Mais c’est important pour moi, ma Chérie.
— Très bien, rit Joy en glissant sa main dans la mienne. Puisque Monsieur y tient. Mais si elle est perdue, je t’en voudrai toute ma vie !
Elle est tellement belle que je ne résiste une nouvelle fois pas à l’envie de l’embrasser, ce que nous faisons tendrement jusqu’à ce que le bruit d’une cloche qui sonne nous fasse réaliser que le concours est sur le point de commencer. Nous entrons discrètement par une des portes situées à l’arrière et nous positionnons de telle sorte à voir le spectacle et pouvoir nous éclipser quand ce sera notre tour.
Je constate que Joy admire les tenues de nos concurrents, mais je préfère concentrer mon attention sur les membres du jury. Il y a bien entendu Jeanne Longchamp, la chorégraphe, qui préside le concours. Elle est entourée de deux politiques qui sont présentés comme étant l’un le maire de la ville et l’autre, le Président du Conseil Départemental. Les quatre autres membres du jury sont des professionnels de la danse dont j’ai entendu parler mais que je ne connais pas plus que ça. J’essaie de voir leurs interactions pour définir notre stratégie et savoir s’il vaut mieux travailler notre technique ou tout simplement la fluidité de notre représentation. Joy me tire de mes réflexions par son rire cristallin.
— Tu as vu comme ce costume de grenouille est grotesque ? s’amuse-t-elle à me faire remarquer.
Finalement, avec une partenaire comme elle, je me dis que je n’ai rien à craindre et qu’on va assurer la grâce sans nuire à la technique. Elle est splendide dans son costume de policière et c’est sûr que notre prestation sera de qualité. Si on ne l’emporte pas aujourd’hui, ce ne sera pas de notre faute, mais juste parce qu’un couple est encore meilleur que ce que nous pouvons produire. J’arrête donc d’élaborer des stratégies foireuses et me concentre non pas sur le spectacle où Batman est en train de danser avec Blanche Neige, mais sur le visage de Joy qui s’éclaire quand elle admire un enchaînement des danseurs et qui se ferme quand elle trouve qu’ils ne sont pas à la hauteur. Rien que par son expression, je sais si la performance qui se déroule sur scène est de qualité ou pas. Au bout d’un moment, elle finit par remarquer que mon regard n’est pas dans la bonne direction.
— Tu sais que le spectacle se trouve sur scène, Prof ? J’espère que tu seras plus concentré quand on y sera, quand même.
— Je suis concentré sur toi, c’est tout ce qui compte non ?
Toute heureuse, elle me dépose un rapide baiser sur les lèvres avant de reporter son attention sur la scène. C’est maintenant un Bûcheron qui danse avec une soldate. Ils ne sont pas mal, tous les deux, même s’ils ont l’air d’avoir encore des progrès à faire au niveau technique. On sent une réelle complicité entre les deux, qui sauve les erreurs techniques qu’ils enchaînent et parviennent à masquer par leurs sourires et leurs contacts. Je pense que quand nous sommes sur scène, ça doit être un peu pareil. Quand on a la partenaire de ses rêves dans ses bras, on peut rêver sa prestation et transformer ce songe en réalité.
Le dernier couple avant nous entre sur scène. Il s’agit d’un roi et d’une reine. Je ramène ma jolie brune à la réalité en tirant sur sa manche pour qu’elle me suive en coulisses et je m’amuse de la frustration de devoir partir que je lis sur son visage mais qui s’efface rapidement quand elle pose son regard sur moi. Tout de suite, c’est l’envie, la joie et le désir que je peux deviner dans son expression. J’ai rarement vu une personne dont les émotions transparaissent autant. Ma fiancée est une femme formidable et je ne me lasse pas de la regarder encore et encore.
— Allez, Madame la Policière. Un crime a été commis, j’ai entendu dire qu’un prisonnier avait volé tous vos bisous. Il va falloir sévir !
— C’est terrible, ma foi ! Qui est ce goujat ? rit-elle en faisant quelques mouvements pour s’échauffer.
— Je crois qu’il va falloir le punir sévèrement une fois sur scène. Allez, ma jolie gendarmette, c’est à nous. Je t’aime, Joy et on va se sublimer !
— Je suis désolée, Monsieur le prisonnier, mais mon cœur est déjà pris, souligne-t-elle en levant sa main gauche sous mon nez. Et je l’aime plus que de raison. Alors, je ne suis pas intéressée, aussi sexy soyez-vous !
Je souris et nous allons nous positionner sur scène, comme la veille, moi derrière elle. Le début est un peu poussif, je trouve car Joy n’est pas très convaincante dans ses tentatives de me repousser, l’attraction entre nous est trop forte, mais dès qu’elle me fait prisonnier et que nous laissons exprimer notre amour à travers la danse, ces quelques secondes d’introduction sont vite oubliées. Notre prestation est encore plus aboutie que celle d’hier et mon regard est attiré plusieurs fois par les reflets du petit diamant qui se trouve à son doigt, ce qui me donne encore plus d’énergie que la dernière fois. Les applaudissements nourris qui saluent notre conclusion sont la plus belle des récompenses pour notre travail et le spectacle que nous avons offert à tous.
A la fin du concours, tous les couples sont appelés à s’installer sur scène dans l’attente du verdict final. J’avoue que je ne me préoccupe pas beaucoup de leur décision, contrairement à d’autres sur scène que je vois stresser. Joy est dans mes bras, elle me sourit, m’embrasse, et je n’ai besoin de rien d’autre pour être heureux. Aussi, quand Jeanne Longchamp s’avance enfin pour annoncer les résultats, je la regarde avec détachement.
— Pour ce quinzième concours "bal masqué", nous avons eu le droit à des prestations de qualité de la part de tous les candidats, commence-t-elle, et nous pouvons donc déjà commencer par applaudir tous les participants ! Mais comme c’est un concours, il ne peut y avoir qu’un couple victorieux. Et cette année, le jury a voté pour la première fois à l’unanimité. Même Georgio est d’accord avec les autres, ce qui est un événement qu’il faudra noter sur les tablettes ! ricane-t-elle en faisant une œillade appuyée à ce Georgio qui rougit. Et donc, sans plus attendre, je vais vous annoncer qui a remporté ce magnifique concours... Les vainqueurs de cette année sont… La Policière et le Prisonnier ! Bravo à ce merveilleux couple et à leur prestation époustouflante !
Joy saute dans mes bras et m’embrasse à pleine lèvres alors que je réajuste mon masque pour aller chercher la récompense avec ma fiancée.
— Bravo à vous ! Votre danse était magique et nous sommes ravis de vous remettre ce prix qui est le couronnement d’un show exceptionnel !
S’ensuit une avalanche de photos, remerciements, félicitations. C’est comme si nous étions dépossédés de nous-mêmes, comme si nous ne nous appartenions plus. Cela ne dure pas très longtemps, mais je suis soulagé quand enfin nous nous retrouvons avec Joy dans notre petite loge improvisée.
— Eh bien, ma chère Fiancée, quelle réussite ! Tu as été formidable, comme d’habitude !
— Nous nous sommes sublimés, je crois, dit-elle en me faisant un clin d'œil. C’était l’objectif, non ?
— Oui, le travail paie. Et le chèque de cinq mille euros aussi ! ris-je en lui montrant le fac similé qu’on nous a remis sur scène. Je crois qu’on va pouvoir fêter ça dignement ! On pourrait même se prendre une chambre dans cet hôtel de luxe !
— Ou garder cet argent pour préparer ce qui va avec la bague, non ? pouffe Joy. Ou le mettre de côté pour qu’il fasse des petits ? L’utiliser pour avoir un chez nous où tu n’as pas vécu avec ton ex femme ? Il y a mille et une choses que l’on pourrait faire avec qui seraient plus utiles que dormir dans cet hôtel alors qu’on a très bien dormi dans le nôtre.
— Et puis, pour ce que j’ai en tête, cette pièce convient tout à fait !
Je la prends dans mes bras et l’attire sur moi alors que je me couche au sol. C’est une victoire que nous célébrons de la meilleure des façons et les murs de notre loge devraient se souvenir longtemps de nos ébats.
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