Qui a dit que les déserts ne servaient à rien?
Tout est calme.
Le vent souffle à peine, caressant mes cheveux avec douceur.
Le sable fin me semble si doux a mes pieds.
Je reste assise à contempler le ciel d'un bleu uniforme.
Le soleil brille avec retenue mais je ne ressens pas encore sa chaleur.
Il attend pour la diffuser.
Il m'attend.
Mon coeur est encore plein de taches d'ombres qui ne m'appartiennent pas et je ne sais quoi en faire.
Si je les donne au soleil, ils brûleront mais peut-être est-ce la meilleure chose à faire.
Toujours est-il que je revois ma pensée au sujet des traversées dans le désert.
Dame Société nous a bien menti en nous disant qu'il n'y avait de rien de plus humiliant que d'y rester.
"Les gens doivent être groupés dans des classes avec une nomenclature précise avec des sous-paramètres et bla bla bla."
Autant dire que Dame Société se fait bergère et nous considère comme ses blancs moutons.
Dommage, elle a toujours vu que ma laine était noire et je n'ai aucune envie de la blanchir maintenant.
Ses colorations n'ont jamais marché avec moi et j'ai essayé pourtant.
En tous cas, j'aime bien ce désert, moi.
Il était jadis une forêt d'arbres décharnés plongée dans une nuit pluvieuse et sans étoiles.
Mon coeur s'y abritait, se recroquevillant tremblante au pied d'un arbre, affolée et en sanglots, apeurée qu'un monstre vienne la manger.
Mon coeur a maintenant muri et cette terreur est devenue cette étendue calme et apaisante.
Vide.
Avec le recul, j'avais l'habitude de chercher désesperement un oasis pour m'abreuver d'une source et faire briller mon coeur de cette manière.
Ces oasis n'étaient que des mirages d'eau empoisonnée très toxique.
J'ai alors appris que la source d'eau que je cherchais ne venait pas de l'extérieur.
C'est à moi de la créer.
Je peux donc continuer à rester assise en me désaltérant tranquillement si besoin.
Il suffit juste de penser à une bouteille d'eau pure 100% joie positive et hop, le tour est joué.
L'imagination est sans limites, dirait Einstein.
Et il n'y a aucune honte à être seule, hein?
On en apprend plus sur soi-même que via le regard, souvent biaisé, des autres.
On réfléchit sur pourquoi telle ou telle chose se produise dans sa vie et comment y remédier.
On se remet en question si on a le courage d'aller contre notre ego.
On se déleste du superflu pour faciliter notre avancement.
Ça fait du bien.
Et on se remémore de certaines choses importantes.
Un petit souvenir revient à mon esprit.
"Oubliez vos références."
Une maxime chère à une personne que je considérais avant plus que ma propre vie.
Je ne pensais pas qu'elle me serait utile maintenant.
Oublier mes références.
Celles que Dame Société, ma famille, toi qui l'utilises et bien d'autres personnes m'ont imposée sans que je puisse dire non car je ne m'étais plus autorisée à être moi-même.
Je vais les effacer de mon coeur pour redevenir la femme authentique que vous détestez tous.
Qui vous gêne dans sa façon d'être, que vous jalousez des fois juste parce que vous avez la flemme de voir en vous, que vous méprisez car elle ne peut pas être comme vous l'entendez, que vous pensez tout connaitre d'elle sauf qu'elle ne vous montre pas tout.
Mais je m'en moque de ce vous souhaitez de moi maintenant.
Et c'est toute la différence.
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