Kiunju remua légèrement. Son corps était engourdi et il avait froid. « Qu'est-ce que »... Il ne parvint pas à esquisser le moindre mouvement. Ses pensées étaient brouillées. Il était enchainé au-dessus du sol par de solides entraves aux quatre membres. Il portait des sortes de tubes en acier immobilisant ses jambes et ses bras et une barre de fer lui entravait la bouche. De plus petites chaines maintenaient ses doigts écartés et une autre, plus épaisse, lui maintenait le cou ainsi que la tête. Un bandeau lui cachait les yeux. Il semblait crucifié. « Je... je suis où » ?

Alexander regarda la fiche qu'on venait de lui donner. C'était un jeune homme d'une vingtaine d'année aux cheveux noirs. Il avait désormais sous sa responsabilité le détenu O-01.

- C'est quoi, O-01 ?

- l'Originel 01, répondit son supérieur. Il est arrivé hier.

- Mais... si l'autre est appelé O-02, alors ça veut dire que...

- Tout à fait. Nous les appelons par ordre de puissance.

Il hocha la tête. Son supérieur lui demanda ensuite de le suivre. Ils descendirent un étroit escalier en colimaçon et arrivèrent dans un couloir. Il n'y avait que cinq portes. Celle du fond étant la plus éloignée. Alexander ne comprit pas.

- S'ils ne sont que quatre, pourquoi...

- On ne sait jamais.

Ils s'avancèrent vers celle-ci. Il n'y avait pas de visière, comme sur les autres. L'endroit était sombre. Les deux hommes s'arrêtèrent. Nombreux étaient les verrous sur cette porte.

- Il est si dangereux que ça ?

- Un monstre capable de lever un raz-de-marée de Magmariens par sa seule volonté ne peut être emprisonné comme les autres.

Il prit le temps de déverrouiller les nombreux cadenas et serrures. La porte s'ouvrit alors lentement.

- Oh !

Un jeune homme se tenait au milieu de la pièce, suspendu au-dessus du sol et immobilisé par d'innombrables entraves. Il était nu et portait un collier autour de son cou. Il avait les cheveux gris un peu longs.

- C'est... c'est lui ?

- Oui.

Alexander s'avança lentement. « Il a l'air si jeune ». Il le regarda plus attentivement. Il semblait musclé.

- Eh bien, dit son supérieur. C'est qu'il est bien foutu, l'enfoiré !

Le jeune homme ne répondit pas.

- J'en suis presque jaloux. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour en avoir une pareille...

Alexander ne fit aucun commentaire. L'homme alla chercher un chariot dans un coin. De nombreux outils trainaient dessus, dont une fiole et une seringue. L'homme les attrapa.

- Qu'est-ce donc ?

- Le sérum Anti-Originel. Il empêche nos chers amis de se transformer pendant environ une semaine. Des prises de sang sont effectuées tous les jours afin de s'assurer de l'efficacité. Et quand on est bien sûr que ça marche...

Il attrapa une sorte de pince.

- On se défoule.

Alexander le regarda, sidéré.

- Vous... vous les torturez ?! S'exclama-t-il.

- Eh, on s'occupe comme on peut. Et puis...

Il tapota le torse de Kiunju qui tressaillit à peine.

- Tant qu'on ne leur transperce pas le cœur, ils sont vivants. Le produit empêche la cicatrisation, et ils souffrent plus longtemps. Tu n'as rien à craindre, il a reçu sa première dose dès son arrivée et nos médecins s'occupent de l'analyse sanguine.

- Je vois... Mais... ce sont des humains, non ?

- Tu plaisantes, j'espère ? Les Originaux ne sont que des Magmariens déguisés en humains ! Ils nous dupent, nous trompent, pour ensuite mieux attaquer. Je te paris qu'en ce moment même, le Volcanique et le Bélier sont parmi nous. Ils se fondent dans la société.

- Je vois.

Il regarda Kiunju. Il n'avait rien d'un monstre. Il tendit la main vers son collier et l'attrapa. Le pendentif était incroyablement bien détaillé.

- Il est magnifique...

- On n'a pas réussi à le lui retirer. La chaine est trop solide.

- C'est un travail de maitre... Regardez-moi ça.

Il approcha sa tête. Soudain, les yeux du pendentif scintillèrent d'une vive lueure bleue. Alexander recula en hurlant. Son supérieur fronça les sourcils.

- J'ai comme l'impression qu'il n'est pas tout à fait drainé.

- Comment-ça ?

- Je ne sais pas, mais on va bien voir...

Il s'avança avec un couteau.

- Très bien, mon joli. Voyons voir de quoi tu es fait...

Il leva le bras et planta la lame dans le ventre de Kiunju qui poussa alors un cri de douleur. L'homme retira son arme. « Quoi » ?! De la vapeur s'échappait de la blessure qui ne tarda pas à se refermer. Alexander resta subjugué. « C'est donc ça... le pouvoir d'un originel » ? Il regarda Kiunju. Son supérieur commença alors à le poignarder violemment, riant à gorge déployée.