Alex soupira. Il se tenait devant Kiunju. Le jeune homme venait de recevoir une dose plus importante d'Anti-O, comme on l'appelait. Il déposa la seringue et la fiole et resta là, à observer le garçon. Il n'était pas nourri, comme le prisonnier 02. Pourtant, cela n'empêcher pas Kiunju de garder sa musculature.

- Eh bien, dit le jeune homme. Qu'est-ce que tu as bien pu faire pour te retrouver là, hein ?

Il tendit la main et la posa sur le torse du garçon qui ne tressaillit pas. Il semblait l'avoir reconnu.

- Tu dois t'ennuyer, ici. Eh dire qu'O-02 est ici depuis vingt ans...

Alex laissa redescendre sa main.

- J'aimerai tellement savoir... qui tu es réellement. Et même... ce que tu es.

« Ce que je suis » ? Kiunju ne connaissait pas la réponse. Ces derniers temps, les questions étaient nombreuses à se bousculer dans sa tête. « Alex... tu es ma lueure ». Alors, on entra.

- Bien, bien, bien...

C'était le supérieur d'Alex. Il eut un sourire mauvais.

- Alors, mon garçon... qu'allons-nous faire aujourd'hui ?

- Capitaine, il a reçu sa dose.

- Ouais, je sais, mais d'après le dernier rapport, il serait incapable de se transformer.

- Mais...

L'homme prit un instrument sur le chariot et se campa face à Kiunju.

- Tu m'exaspère, avec ton engin. J'suis sûr ça te fait plaisir de savoir que j'en suis jaloux.

« C'est quoi, son problème » ?

- Mais nous allons y remédier.

Alex détourna le regard, ne voulant pas regarder. Pourtant, l'homme ne bougeait pas.

- Euh... monsieur ?

- Je me concentre. Ce n'est pas facile.

Non loin, dans l'une des cellules, un homme était attaché. Ses entraves étaient moins nombreuses que pour Kiunju. Il avait une longue barbe noire et la peau pâle. Il avait les yeux fermés.

- Qu'est-ce donc ? Murmura-t-il. Je crois la reconnaitre...

Il redressa la tête et ouvrit les yeux. Ceux-ci scintillaient d'un éclat orange peu rassurant.

- Le Roi serait-il ici ?

Il esquissa un petit sourire.

- Ma fois.

Kiunju tressaillit. Son organe reproducteur ne tarda pas à repousser.

- Bordel ! S'écria l'homme. L'Anti-O n'agit pas sur son métabolisme de soin !

Cela semblait le frustrer. De son côté, le garçon aux cheveux gris ne savait pas où il était. Cet endroit lui était inconnu. Une sorte d'espace sombre. Il était libre.

- Où... où suis-je ?

Un grondement peu rassurant se fit entendre. Le jeune homme se sentait encerclé. Il tourna sur lui-même, mais rien. Le sol trembla.

- Qui est là ?!

Il souffla et se reprit. Cela ne devait être qu'un rêve. Pourtant, il avait cette sensation. Celle d'être espionné, observé. Alors, deux yeux bleus scintillèrent derrière lui, dans l'obscurité.

L'homme taillada Kiunju.

- Cette saloperie est plus résistante que ce que j'aurai cru. Je vais demander à ce qu'on trouve une solution.

Il quitta la cage, frustré. Alex resta silencieux et tourna la tête.

- Je suis sûr que ça va s'arranger, tu vas voir.

Kiunju aurait aimé répondre. « Je dois les protéger. Il le faut ». Malheureusement, il était prisonnier, et incapable du moindre mouvement. Il subissait les tortures incessantes du mieux qu'il le pouvait. « Il faut que je sorte ».

L'homme se lécha les lèvres et eut un sourire.

- Oui... tu es là... Toi qui m'as emprisonné ici...

Il était temps. À ce jour de la semaine, son Anti-O n'était pas inexistant, mais suffisamment faible. « Cela va me couter un peu d'énergie mais »... Il se contracta. Alors, sa mâchoire inférieure se grisa et devint bien plus imposante. Des crocs poussèrent.

- Longue vie... au Roi !

Alex était retourné en haut, dans la salle où se tenaient ses supérieurs. Il vint attraper la fiche du détenu O-01. Aucune information identitaire n'y figurait. Soudain, un bruit roque retentie.

- Quoi ?!

Tous s'élancèrent en direction de l'escalier. Des bruits de pas et de chaines se faisaient entendre.

- Le Roi..., murmura une voix. Le Roi des Magmariens...

Les soldats furent tétanisés par la peur. Alors, il arriva. Un homme aux yeux orange scintillants. Son corps était parcouru de plaques de différentes couleurs. Cela ressemblait à une armure.

- Vingt ans...

Il arriva au sommet de l'escalier. Tous pointèrent leurs armes sur lui. Alors, l'homme redressa la tête, dévoilant un large sourire.

- Et maintenant... je suis libre...

- Feu !

Les tirs fusèrent.