Connerie suprême
Cinq minutes.
Voilà cinq. putain. de. minutes. que ma -charmante- petite personne se prend lourdement la tête avec ces satanées questions à la con. Non mais sérieusement, qui, que je lui botte le cul, au gouvernement s'est dit " Ha bah tient, cette année, pour bien les faire chier, on va mettre des cours de maths niveau S".
Bande de petits couillons !
Je suis une L, du sommet de mon magnifique crâne jusqu'à mon gros doigt d'orteil ! Gros doigt d'orteil qui, soit dit en passant, aime bien faire la connaissance de meubles en tous genres (canapé, table basse, etc..), pour mon plus grand déplaisir.
Un véritable Don Juan. Ce connard.
Tout le contraire de moi, d'ailleurs. La seule chose que je n'ai jamais serré dans mon existence, c'est ma ceinture autour de ma taille.
Fuck. Ma vie est triste.
Les gens savent pas ce qu'ils ratent franchement, ou alors, mon aura génialissime les intimide. Hmm, ça doit être ça. C'est forcément ça ! Je suis tellement belle, fantasmagorique, et impressionnante !
En bref, une bombasse suprême avec un cul d'enfer parmi tous ces déchets ambulants.
Trop de perfection en moi.
Peut-être est-ce pour ça que la surveillante me regarde depuis tout à l'heure, avec regard de tueuse sanguinaire. Elle sait que je suis exquise, comme les glaces.
C'est bon les glaces. J'ai faim, tient. Quand-est-ce qu'on mange ? Et puis on mange quoi à la cantine ce midi ?
Pas des légumes, j'espère, j'ai horreur de ça ! En plus, ce n'est pas très bon pour mon régime, exclusivement composé de sucres.
Ha, misère, je m'ennuie.
Et si j'essayais d'envoyer un message à Stéphanie ? Peut-être qu'elle voudrait bien discuter avec moi ! Et ainsi, elle mettrai fin à ma morosité !
Aurélie, que des idées de génie !
Aller hop ! On arrache un bout de ma copie, on écrit un petit mot joli, et on l'envoie en catimini !
Non seulement je suis belle et géniale, mais en plus je fais des rimes. Chiotte, décidément je m'aime trop. Bon, trêve d'amour-propre, j'ai un devoir à accomplir ! Plus précisément, noyer ma solitude avant de mourir comme une conne sur la fonction rithmée napérienne.
Ou un truc dans ce goût-là...
Comme au basket, on tend le bras, on vise, puis on tire.
Enfin, pas trop fort. Du moins, en théorie...
La boulette fait un vol plané dans toute la salle, puis, attérrit en plein dans le visage de la surveillante grincheuse et ayant sûrement la ménopause -ça expliquerait sa sale tronche.
Oups ?
Que Dieu me préserve, je suis trop jeune pour mourir.
- Aurélie !
... n'a que seize et attend un enfant.
Avouez, je vous l'ai mise en tête. Je suis terriblement diabolique.
D'un coup, comme si les divinités avaient réellement entendu ma prière, la sonnerie s'enclenche. Ha bah, à ce niveau-là, c'est plus de la chance. Ça veut juste dire que je suis putain de trop géniale, c'est tout.
Y'a pas à tortiller du cul, comme dirait ma meilleure pote.
Et c'est avec toute la grâce du monde -trébuchant sur mon propre pied, me cognant leS genouX contre le bureau, mais personne n'a rien vu donc osef- que je me relève et adresse un beau, que dis-je, sublime doigt à la pione.
De toute façon, j'en ai rien à carrer de mon bac. J'épouserai un mari riche, pas besoin de travailler comme ça.
Aller, tchus les nazes !
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