Éternel retour

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 Aujourd'hui, et cet instant existe, je me rappelle de tout. Mes souvenirs, mes sentiments, ma raison d'être, ainsi que le fardeau que nous partageons toutes les deux. Cette tragédie a duré pendant très longtemps, il est grand temps d'y mettre fin. Ma chère grande sœur, je me permets d'écrire la sixième page.

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Mon nom est la seule chose dont je ne peux me rappeler. En revanche, tous mes autres souvenirs me reviennent clairement. J'ai pu m'échapper du sort jeté par la déesse du temps et j'ai trouvé un moyen de tout arranger.

 Aujourd'hui, en cet instant précis, je suis une divinité spatiale. J'organise les étoiles, façonne l'Univers et créé de nouvelles planètes où les vivants pourront s'épanouir. J'aime ce que je suis, après tout, j'ai accepté de le devenir. Ce n'est pas le cas de ma grande sœur, mais je ne peux lui en vouloir. Si j'avais été à sa place, mes sentiments auraient été similaires.

 Autrefois, j'ai souhaité détruire l'Univers. Je le désirais si durement, tout cela afin de le recréer à mon image. Je voulais devenir Dieu, et j'ai réussi. Cependant, ce choix impliquait un sacrifice : le sien. L'espace seul ne peut gérer l'existence, le temps est également nécessaire. Vu sous cet angle, les circonstances ont suivi un plan logique, voire prévisible. Et pourtant, je n'en doutais pas un seul instant.

 Si j'écris sur cette page, c'est pour mettre un terme à cette histoire. Cette tragédie a trop duré. Ma sœur, j'aimerais tant de dire ce que je ressens. Malheureusement, nous ne pouvons plus communiquer toutes les deux. J'ai entendu ton cri de douleur, ton ennui et ta fatigue. Toi qui demandais à être sauvée, j'ai exaucé ton souhait. J'ai chanté pour toi, de ma plus be voix, j'ai fredonné la berceuse capable d'apaiser ton esprit. En ce moment, je te maintiens endormie, loin de cette douloureuse réalité. Voilà pourquoi, je désire transmettre mes émotions sur ce carnet.

 Toi qui demandais à être sauvée, j'ai exaucé ton souhait. J'ai voulu recréer l'Univers pour l'homme que j'aimais. Mon désir était purement égoïste, et je t'ai entraînée là-dedans. Tu as donné de ta personne pour m'arrêter, et moi, stupide et arrogante, je n'ai pas été capable de comprendre tes actions. Tu désirais nous sauver, retourner à cette vie paisible, tandis que je souhaitais l'effacer.

 Même aujourd'hui, je me rends compte à quel point nous sommes fondamentalement différentes. Le temps et l'espace nous correspondent. Ces deux puissances divergent, mais sont capable de créer de grandes choses ensemble.

 Ma chère grande sœur, je voudrais également te faire des reproches. Je comprends ta souffrance, en revanche, tu aurais pu m'en faire part. J'aurais tant voulu t'aider, te faciliter la vie, et ce, pour l'éternité.

 Frandolen, je m'excuse de mouiller de larmes ce carnet auquel tu tiens. Il y a une dernière chose que j'aimerais inscrire sur cette page. Je voudrais te remercier. Merci d'avoir voulu m'arrêter. Merci de ne pas m'avoir abandonné. Merci d'avoir accepté de m'accompagner. Aujourd'hui, si l'Univers peut m'accorder une faveur, j'aimerais étendre cette cage. De cette manière, je pourrais la réveiller, prendre sa main, et l'emmener voir les étoiles. Je lui montrerais les plus belles choses que nous avons façonnées, toutes les deux.

 Frandolen, tu n'as plus besoin de revenir en arrière. Cet éternel retour doit prendre fin. À présent, tu vas vivre les plus belles aventures au creux de tes rêves. N'aie crainte ma grande sœur, je resterais à tes côtés. Je te borderais, couvrirais ton lit des plus belles choses. Je te tiendrais la main, lors de tes cauchemars. Je te répondrais, si jamais tu parles dans ton sommeil. Je continuerais d'observer ton visage serein, loin du moindre tourment.

 Ô très chère déesse du temps, je supporterais l'ennui à votre place. Je vous céderais mon désir, moi qui ai toujours souhaité partir. L'éternité n'est qu'un instant pour moi, j'ai conscience que les Hommes nous libérerons par inadvertance. Et c'est à ce moment précis, que je rendrai honneur à votre sacrifice. Je vous laisserai sortir à ma place. J'observerai votre vie, par le biais des étoiles. Je veillerai sur vous avec bienveillance. Mais s'il vous plaît, lorsque viendra pour moi le moment de partir, laissez moi vous rencontrer de nouveau. De cette manière, je pourrais vous déclarer l'entièreté de mes sentiments, ainsi que ma reconnaissance.

Bonne nuit, Frandolen.

Je t'aime.

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