Un homme et une femme.

Allongés par terre dans une mare de sang.

Elle pouvait décemment voir leur visage surpris.

Oui, ils n'auraient jamais pensé qu'elle aurait eu une telle réaction à force de provocations et autres incitations.

Elle non plus.

Elle l'avait caché à elle-même depuis son adolescence et encore...

Une bonne chose que cette scène ne soit qu'une illusion qui ne s'est pas passée.

Pas encore et, la jeune femme l'espérait de tout coeur, jamais.

Sa main en sang et le poignard maculé qu'elle tenait de plus en plus faiblement l'effrayait.

Et pourtant...

"Ce n'est qu'un reflet, un reflet qui ne se réalisera pas, se persuade-t-elle en fixant le miroir en face d'elle.

Une telle émotion l'effrayait, c'était même ce qu'elle craignait le plus chez elle.

Le pire, c'est qu'elle sait d'où elle vient et rien que ça lui foutait encore plus la trouille.

Une main chaude et rassurante tient alors doucement la sienne. La jeune femme eut un sourire qui s'éteint vite. "Je ne sais plus quoi faire, se confie-t-elle à deux doigts de pleurer, j'aime comme une enfant mais dans ce cas de figure, c'est l'inverse. Le pire, ce n'est pas tant que je les hais, je ressens juste leur aversion de leur propre personne au point que je suis sur le point de réaliser leur souhait en quelque sorte...

... "Tu te hais toi-même au point de te défouler sur moi? Je sais que je suis un miroir magique mais viens, ne t'inquiète pas. Si tu ne supportes pas ton existence, je peux faire de ton désir de l'effacer une réalité."

La réalité est là.

Et je me rappelle.

Il y a deux choses qui me poussent à ce genre de retranchements : la première est de faire du mal aux personnes qui me sont chères. Après tout, j'ai bien tiré une balle de airsoft entre les deux yeux de quelqu'un juste parce que j'ai entendu mon ex crier :"Aie!"

La seconde : c'est plus compliqué. La dernière fois que j'avais cette sorte de pulsions était avec mon père et sa "copine" à deux ans et demi. Le cycle se répète avec mon ex et sa "copine" qui, comme mon père et l'autre à l'époque, se manipulent l'un l'autre pour me pourrir la vie.

Je les déteste, là je me l'avoue. Je les déteste carrêment dans leurs mensonges.

L'un parce qu'il me considère toujours comme sa poupée de secours (dans ses rêves) et l'autre qui ne fait que de me plagier dans tous les sens du terme à la différence près qu'elle est en vérité tout mon contraire.

En fait, tout ce que je fais, elle fera automatiquement l'inverse.

Un reflet inversé quoi bien que nous sommes différentes malgré quelques similitudes.

En tous cas, voilà, j'en suis au point où j'ai des envies de meurtres mais je ne sais plus quoi faire et...

"Attends-nous."

La main serra davantage la sienne et la jeune femme comprit.

Elle n'était pas seule.