Sorcière.

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Quand je la voyais sourire, ça me surprenait comme le tintement d'une bicyclette qui roulait beaucoup trop vite. J'étais dans son chemin, je m'écartais pour la laisser passer. Elle avait un sourire renversant, un sourire à faire rougir les morts. A les faire revenir d'outre-tombe. C'était terrifiant cet effet que ce sourire avait sur moi.

Terrifiant, mais addictif.

J'aurais pu mourir d'une overdose à vouloir la voir sourire. Ces petites dents blanches, bien alignées étaient éclatantes. Ce sourire, ces lèvres, elles venaient d'un autre monde, une autre sphère. Huppée, elle semblait légère, rien ne semblait pouvoir l'atteindre. Elle gardait ce fichu sourire. Un sourire si hypnotisant que ça en devenait énervant. Elle savait qu'elle pouvait tout avoir avec ce souvenir, moi, je me laissais manipuler. Parce que la lumière dans ce sourire, je ne voulais pas la voir s'éteindre. Les ténèbres, ça ne lui ressemble pas. Ca ne nous ressemble pas. Ce sourire, c'était mon salut. Ma raison de vivre.

J'aurais tout fait pour ce sourire. Pour ces lèvres charnues que je rêvais de morde. Des fruits. Des cerises si rouges qu'elles auraient laissé une trace sur mes lèvres. Ce carmin si maléfique, si angélique. Ses commissures, ses fossettes, son air juvénile, son teint de porcelaine, ses yeux bleus si clairs, tout s'accordait avec ses lèvres magnifiquement étirées.

Sorcière, elle m'avait ensorcelée. Son sourire guidait mes pas, obnubilait mes pensées. Parfois, il y avait un petit rire tout doux qui l'accompagnait. Ce sourire là, il me faisait frissonner, il me donnait des idées salaces, des idées d'amoureux mystérieux. Ces pensées, elle n'y avait pas droit. C'était entre moi et son sourire. Quand il se fanait, je me détournais. Je voulais ce sourire. Obnubilé, j'étais. Fasciné, j'étais. Ce sourire devait être mien.

Le mien.

Et elle m'a placé sur un bûcher quand elle a disparu. Elle avait emporté son sourire avec elle, me laissant morose et mélancolique. Les gens disaient qu'elle avait trouvé un sourire qui lui plaisait. Un autre que le mien. Je brûlais. Je consumais les derniers souvenirs de ces lèvres, goût amer et mièvre dans ma bouche à présent si fade. Le désir ardent que ces putains de lèvres avaient fait naître en moi étaient en train de me tuer à petit feu. La brûlure était profonde, intense. Elle avait marqué mon esprit au fer rouge. Le sel de mes larmes accentuaient la douleur. Aucune goutte ne parvenait à me soulager. Le feu était plus ardent que n'importe quel torrent de perles. La rage au ventre, je capturais chaque visage pour retrouver ce sourire. Ces fossettes. Ces grelots que cachait son rire. Mais ces cerises-là, elles étaient uniques. J'étais condamné à brûler vif.

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