Un cri dans la nuit
Cef
Je fixe Miri qui dort nue contre moi. Même comme ça, elle est d’une sensualité incroyable. Mes mains passent sur son dos pour caresser sa peau délicate. Je pense à ce que nous venons de vivre. Entre elle et moi, le courant passe, je ne peux le nier.
Les vacances que nous avions prises ensemble me reviennent en mémoire. Nous deux, enfermés dans une chambre d’hôtel luxueuse avec rien d’autre à faire que manger, dormir et faire l’amour. Le rêve ! On en a bien profité. Sauf que tout à une fin…
Je ne peux m’empêcher de me demander combien de temps cela durera. Pour le moment, je sais que Miri est sincère lorsqu’elle dit qu’elle me suivra au bout du monde. Elle est assez folle pour n’avoir peur de rien. Sauf que je sais trop comment les choses peuvent déraper en moins d’un instant.
Mes doigts passent dans ses mèches rousses. Qu’est-ce que je devrais faire ?
Je peux attendre que les choses se terminent d’une manière ou d’une autre… Ou hâter les événements ?
Peut-être que la vraie question à se poser : c’est est-ce que je suis plus en sécurité avec ou sans elle ? Dois-je la garder avec moi pour mon plaisir ou m’en débarrasser pour poursuivre ma vie comme avant ? Le tout, c’est de peser le pour et le contre pour faire le bon choix.
Mes mains caressent le cou de Miri. Il me suffirait de peu pour la faire disparaître. Une pression un peu trop longue et… Je descends en direction de sa taille. Peut-être vaudrait-il mieux que j’en parle avec elle. Quoique je pourrais attendre de faire un choix…
Le petit corps chaud bouge entre mes bras. Sa tête se redresse. Ses prunelles se plantent dans les miennes. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Sa bouche s’approche de mon visage.
– Coucou toi, ça te dirait de remettre ça ?
Ce n’est pas possible, elle n’arrête jamais. Je crois que j’ai bien fait de la garder en vie. À la voir s’approcher de moi d’une manière aussi sensuelle, je me dis qu’on ne va pas beaucoup dormir cette nuit. Pas forcément de mon âge, ce genre de connerie. Depuis que je la connais, je n’ai jamais passé autant de temps au lit et en même temps, je n’ai jamais dormi aussi peu.
Dans un geste rapide, je la fais basculer sur le dos. Mon corps emprisonne le sien. Un petit rire lui échappe alors que je la domine. Ses bras se referment autour de mon cou. Sa langue caresse mes lèvres.
– Mon chéri, tu veux bien d’occuper de moi ?
– Vraiment ?
Mes doigts enserrent ses poignets comme pour la mettre à ma merci. Sa poitrine se soulève plus vite. Elle apprécie ça.
– Mon barbare, sois brutal avec moi. Je t’appartiens tout entière.
Mais qu’est-ce qu’elle me chante encore ? Cette fille aime s’inventer des histoires. Bon après, ça ne me déplaît pas forcément. Si je n’avais pas envie de faire quoi que ce soit, je lui dirais.
Ma main se pose sur son épaule. Un beau bleu est en train de naître, à l’endroit où je l’ai mordu. J’y suis peut-être allé un peu fort. Mais comme elle ne s’en est pas plainte, je pense qu’elle aime ça.
– Viens !
Son corps se tortille sous le mien, ce qui ne fait qu’exciter mon désir. Je pense d’ailleurs qu’elle ne fait pas ce geste de manière innocente. Elle souhaite me mettre dans tous mes états. Sacrée Miri ! Elle est folle, mais je crois que je n’ai jamais été aussi attaché à une femme de toute ma vie.
Je plaque ses bras contre le matelas. Doucement, je m’approche de son oreille.
– J’ai plutôt envie de faire les choses très lentement. Qu’est-ce que tu en dis ?
Dans un gémissement, elle murmure mon prénom.
– J’ai très envie de te souffler à l’oreille, tout ce que je vais te faire. Ensuite et seulement ensuite, je prendrais mon temps pour m’occuper de toi. Tu crois que tu pourras résister jusque-là ?
– Je ne sais pas…
Ma langue erre dans son cou, la faisant relever la tête pour mieux en profiter.
– Et si je t’en donne l’ordre ? Tu le feras pour moi ?
Ses pupilles se dilatent.
– Oui, tout ce que tu veux !
Je n’en attendais pas moins d’elle. Mes dents mordillent le lobe de son oreille, alors que je réfléchis à ce que je pourrais lui dire pour la rendre folle de désir. La voir quand le plaisir la prend est un spectacle dont je ne me lasse pas.
– À présent, tu es à moi. Totalement à moi ! Je peux faire de toi ce que je veux, même te tuer.
Je la sens tremblante sous mon corps. Ce n’est pas de la peur, c’est de l’envie.
– Et si…
Ma phrase, je ne la termine jamais. Un cri se met à résonner dehors. Tous mes sens en éveillent, j’attrape Miri et la fais basculer au pied du lit. Elle aussi, a quitté son état de transe pour reprendre son sérieux. Nous échangeons un regard rapide, avant de sauter sur nos armes.
Plus aucun bruit n’est audible. Cela a eu le mérite de me ramener à la réalité de manière brutale.
– Habille-toi en vitesse ! Je surveille.
Sans prononcer le moindre mot, elle se jette sur la valise. Contrairement à d’habitude où elle met un temps fou pour choisir ses vêtements, là, elle s’active. Ses mains récupèrent des sous-vêtements qu’elle passe sans chercher à être sexy. J’avoue que ça me soulage un peu. J’en profite pour rattraper mon caleçon et mon jean, éparpillé n’importe où dans la chambre. Mâchoire serrée, je m’en veux de ne pas avoir fait attention à l’endroit où je les lançais, trop pris par mon désir pour Miri. Les vacances sont terminées, il est temps de se réveiller.
Ma compagne se rapproche à genoux sur le sol, elle attend mes ordres.
– Passes des chaussures, putain !
La revoilà qui s’active. J’espère qu’elle ne va pas mettre ses bottes de pétasses. Ça ne va pas nous aider. En vitesse, je remets ma chemise.
Il ne se passe toujours rien. Dehors tout est redevenu silencieux. J’attrape la première chose qui me tombe sous la main, l’un des bas de ma compagne que je jette dans la pièce. Il n’y a aucun mouvement. À regret, je progresse jusqu’aux rideaux pour observer l’extérieur. Le soleil s’est couché. Le noir commence à régner en maître dans le coin. Nous sommes seuls. Je me redresse, pour faire un signe de la tête en direction de Miri. Pas besoin de parole pour qu’elle comprenne.
– C’était quoi ? murmure-t-elle.
Je hausse les épaules.
– Je vais aller voir.
Comme elle est bien dressée, ma compagne s’empresse déjà de récupérer nos affaires pour les glisser dans la valise. Elle en tire néanmoins, un gilet noir long qu’elle passe. Un moyen de cacher son arme. Vu les circonstances, je préfère qu’elle la garde. D’ailleurs, elle n’a pas besoin d’un mot à ce sujet.
Je ne le sentais pas ce motel de merde. Mes craintes se confirment. Mes doigts boutonnent ma chemise alors que je m’interroge sur la suite. Le cri était féminin. À qui pouvait-il appartenir ? Une cliente ? Une employée ? Je doute que cela soit celui d’un des agresseurs.
Pourquoi ce lieu ? En plein désert… Nous ne sommes sûrement pas les cibles, mais je préfère prendre toutes les précautions. C’est comme ça qu’on reste en vie.
– J’ai tout, me chuchote Miri qui vient se blottir dans mon dos.
– Très bien, tu restes ici !
– Cef…
Sa main se pose sur la mienne pour la caresser. Comme si c’était le moment ! Je résiste à la furieuse envie de la repousser violemment.
– Je viens avec toi.
Avant que je ne puisse réponde, elle poursuit.
– Il te faudra quelqu’un pour assurer tes arrières, mon chéri.
J’hésite. Elle n’a pas tort. Si elle est près de moi, j’aurais moins de soucis à me faire. Putain, ce n’est pas vrai ! Voilà que je m’inquiète pour elle. Cette gamine me tourne la tête. Ce que je craignais arrive. Miri me rend plus faible…
– Ne t’inquiète pas, j’ai retenu les leçons.
À moins que… Elle n’a pas l’air effrayée. Au fond, peut-être me sera-t-elle plus utile que je le pense.
– D’accord. Tu fermes à clé et tu me suis. Pour le moment, on cherche juste à en savoir plus donc pas de gestes brusques !
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