Chapitre/Episode 2 : Stay focused on the track / Rester sur la bonne voie
Le garage est calme, pour l'instant. Il n'est pas beaucoup rempli, pour encore un moment. Scorpion2.0 prépare sa prochaine mission : Walter travaille sur son ordinateur à l'étage, Cabe lit le journal en bas, Flo monte, son ordinateur sous le bras, énervée, c’est devenu courant. Cabe entend vaguement des protestations, tout autant habituelles, puis Flo redescend, (très) mécontente, rien d’anormal.
- Cabe : Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
- Flo : Il est entré dans mon PC, et a désactivé les drivers de tous les périphériques "non-essentiels", son visage assez fermé à l’accoutumé se déforme un peu, selon lui.
- Cabe : Insiste sur le premier mot, vous avez décidez de vous mettre sérieusement à l'informatique, mais moi j'y comprend toujours rien, il lui fait signe d’expliquer.
- Flo : Je n'ai plus que le clavier, je dois tout réinstaller.
- Cabe : Lui montre son journal, c'est l'avantage du papier, vous devriez essayer, surtout lui, pointe du nez le premier étage. Son téléphone sonne. La conversation est courte, comme toujours avec Cabe. Je retire ce que j'ai dit, prenez votre ordinateur, mission gouvernementale. Walter ?
- Flo : Gouvernementale ?
- Cabe : Une administration a besoin de faire une mise à jour. Je n'ai pas tout compris, et la personne en face non plus. Ce que je sais, c'est qu'ils veulent Walter. Walter ! On a une mission ! La tête de Walter dépasse en haut de l'escalier.
- Walter : Quoi ?
- Cabe : Une mise à jour logicielle pour une administration. Devant son hésitation, le mot serveur peut vous aider ?
- Walter : Vous étiez pas censé faire du sport ?
- Cabe : J'ai échangé la journée de repos avec demain, depuis quand ça vous intéresse ? Et pour la mission ?
- Walter : Ah oui, c'est la maj 14.2, il y a des problèmes lorsque la connexion au réseau n'est pas stable, un petit script de reconnexion automatique devrait suffire, Flo, tu peux t'en charger.
- Flo : Tend fièrement son ordinateur, j'ai plus de PC. Walter se résigne. Sa tête disparait, puis son corps daigne enfin descendre les marches.
- Cabe : Allez, et avec le sourire, on est bien payé.
**
- Toby : Ma chemise, c’était indispensable ? Parce que tu sais Paige, pour paraitre professionnel, j’ai déjà le chapeau, il finit avec un sourire malicieux.
- Happy : Si t’étais vraiment professionnel, t’aurais pas besoin du chapeau doc.
- Toby : Je vais vraiment commencer à croire que tu n’aimes pas mes chapeaux.
- Syl : Arrêtez de parler, je vais finir par oublier ce que j’ai à dire.
- Paige : Syl, tu n’as jamais rien oublié.
- Syl : Statistiquement, ça veut dire que je me rapproche du moment où je vais oublier. Paige ne s’habitue toujours pas à leur discussion.
- Happy : Il a pas tort.
- Paige : Concentrez-vous, on passe dans cinq minutes.
- Toby : Paige, arrête de stresser. Qu’est ce qui pourrait mal se passer ?
- Paige : Que Scorpion 2.0, accentue fortement les chiffres avec beaucoup d’amertume, nous prenne le contrat. On en a besoin.
- Syl : Et c’est pourquoi … Tuuuuuut, tuuuuuut, tuuuuuut, tuuu …
- Happy : Je t’avais dit de le mettre en silencieux.
- Paige : Désolé. C’est le numéro d’urgence. Se retourne. Allo ? Syl s’est arrêté de parler, elle sent tous les regards pointés sur son dos. Elle se décompose, et passe le téléphone à Happy, furieuse. Un train vient de dérailler, un wagon est encore sur la voie, des passagers sont coincés à l’intérieur. Happy prend le téléphone et écoute. Paige s’aperçoit qu’ils étaient en entretien, et redécouvre monsieur Bylow, émerveillé par l’équipe en action.
- Bylow : Finissez votre appel, on reprendra après, avec un sourire compatissant.
- Happy : On arrive tout de suite, je vous rappelle dans quelques minutes. Se retourne pour leur faire face. C’était les pompiers, un train a déraillé, mais leur matériel n’est pas suffisant, il y a peut-être des victimes graves.
- Paige : On fonce. Paige jette le téléphone à Toby. Monsieur Bylow, je suis désolé, j’espère que vous comprenez.
- Bylow : Evidemment, allez-y.
- Paige : Se tourne vers Toby, voit avec les pompiers ce que tu peux faire à distance.
Ils sortent en trombe du bureau, avec une nouvelle mission.
**
- Chef du service, monsieur Jayshon : Ce sera bientôt terminé ?
- Walter : L'initialisation s'est bien passée, le téléchargement est en cours, 95%, Flo ?
- Flo : La connexion est stable, tous les ports sont ouverts, débit maximum.
- Cabe : Et ce sera terminé ? Appuie quelque peu le dernier mot, avec un subtil mouvement vers Jayshon.
- Walter : Il ne restera plus que le redémarrage, Flo testera les fonctions du système. Et oui, ce sera terminé, il se tourne vers Jayshon pour lui donner un sourire peu esthétique, Cabe lève les yeux.
- Flo : 100%, je lance le redémarrage et la reconstitution du réseau local.
- Cabe : Ça fait du bien les missions rapides sans problème.
- Walter : C'est une maj, ça ne devrait même pas être une mission.
- Cabe : C'était si facile ? Walter ne le regarde même pas, il se tourne vers Flo et l'interroge du regard.
- Flo : J'aurais pu le faire toute seule, se tourne vers Walter, si j'avais eu un PC.
- Walter : Murmure entre les dents, tu en as un.
- Flo : Rectifie, j'ai un clavier.
- Cabe : Vous allez pas recommencez.
- Flo : Peut-être, Cabe et Walter lèvent la tête quelque peu interloqués, je veux dire le redémarrage, il est plus lent que prévu. Walter se lève et se glisse derrière Flo pour voir son écran.
- Walter : Affiche les paramètres avancés, ..., on a un problème sur le serveur central.
- Flo : ..., ..., on a un problème sur le ser... Walter la regarde, mi étonné, mi satisfait, Cabe impressionné.
- Cabe : Tu apprends vite, répondu par un petit sourire de remerciement, puis elle tape une nouvelle commande dans le terminal.
- Flo : C'est pas le bon serveur central.
- Cabe : Comment ça ?
- Walter : On a pas redémarré sur le bon serveur, celui qui aurait dû prendre la main ne l'a pas fait.
- Jayshon : S’avance, il y a un problème ?
- Walter : Pour l'instant rien de grave, vos serveurs sont ici ?
- Jayshon : Oui, suivez-moi.
Ils passent par le grand hall blanc de l'accueil, peu encombré, récupèrent un vigile, puis s'enfoncent dans le bâtiment en prenant les escaliers. Le sous-sol est beaucoup moins élégant, se résumant à un vieux couloir d'où tombe des sprinklers. Toutes les salles sont fermées et protégées par des badgeuses ou des digicodes. Ils arrivent devant la porte qui les intéresse.
- Jayshon : C'est cette sall... pourquoi est-ce qu'elle est ouverte ?
Le vigile parle à son talkie. Walter veut s'y engouffrer, mais Cabe s'interpose, sort son arme devant les yeux atterrés de leur hôte, puis entre précautionneusement dans la pièce, seulement éclairée par les leds des serveurs. Sur ses pas, Walter puis Flo scrutent les lueurs vertes mais surtout rouges. Jayshon reste dehors à tenter de comprendre ce que disent les vigiles entre eux.
- Cabe : Finit par allumer les lumières, il n'y a personne.
- Walter : Mais il y avait quelqu'un.
- Cabe : Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
- Flo : Ça, pointe du doigt un appareil dont les leds sont éteintes.
- Jayshon : Entre dans la salle sans trop regarder, le poste de sécurité se veut rassurant, aucune intrusion détectée, probablement une erreur lors de la dernière visite, il voit le serveur béant, à la carcasse ouverte brutalement, les fils arrachés pendants.
- Walter : Et moi je vous assure que vous avez eu une intrusion.
**
La voie ferrée passe globalement au milieu de nulle part. Sauf sur le lieu de l’accident, où un petit relief rocheux de plusieurs mètres de haut brise la monotonie du paysage. La ligne de chemin de fer en sort, ainsi que tous les wagons, retournés, constituant le train, à l’exception du dernier, bloqués sous les grabuges tombés lors du déraillement. Le lieu de l’accident est à plusieurs kilomètres de la ville, ceux qui n’a pas empêché les secours d’arriver rapidement et en grand nombres, aidés d’agents de la compagnie de transport. Si l’on omet le chaos, quelques rares arbres et blocs de pierre troublent l’horizon poussiéreux. Cet après-midi aurait pu être presque silencieux, mais l’air ambiant est empli de bips de talkie-walkie, d’une odeur de métal froissé, et de crissements incessants de la roche sur l’acier. Parfois, des cris sortent du wagon renversé, dans lequel attendent impatiemment quelques dizaines de victimes. Au dehors, les pompiers impuissants tournent autour du cadavre du train, écoutant les conseils prodigués par Toby au téléphone, étouffés par le moteur vrombissant du fourgon de Centipede Partners. Ils voient une frange de poussière s’élever, sortant du quasi-désert.
- Pompier : C’est vous qui arrivez aussi vite ?
- Toby : C’est possible. Happy, même les pompiers qui ne nous voient pas trouvent que tu roules trop vite.
- Happy : On est pressé, non ?
- Syl : Pas de mourir !
- Pompier : De toute façon vous allez devoir ralentir.
- Toby : T’as entendu ?
- Pompier : Vous allez rencontrer un petit ravin. Boom.
- Tous : Aye !
- Pompier : C’était quoi ?
- Toby : Un petit ravin. La voiture est maintenant visible depuis le chemin de fer.
- Paige : Stop ! La voiture s’arrête dans un nuage de terre.
- Happy : Quoi encore ?
- Paige : Il y a un grillage juste devant nous.
- Happy : Je l’avais vu.
- Syl : Et tu comptais passer à travers ‽
- Happy : On est pressé oui ou non ?
- Paige : Oui, sortons et allons aider les secours. Le fourgon en a assez fait, je ne sais même pas si on pourra rentrer avec.
Ils marchent en direction du groupe de sauveteurs, passent le grillage en continuant à se disputer. Ils arrivent devant des pompiers aux yeux quelques peu écarquillés devant leurs prétendus sauveurs.
- Pompier : C’est vous Centipede Partners ?
- Toby : En chair et en os, plus beau sourire charmeur, silence gêné.
- Paige : On y va ?
- Pompier : Suivez-moi. Il montre l’entrée du tunnel bouché par la roche et la tôle, entourés de pompiers tentants de retirer à la mains les gravats ou de rassurer les prisonniers. Le train venait par-là, sa parole est suivie par un mouvement du bras du tunnel vers eux, on ne sait pas pourquoi il a déraillé. Les wagons ont dû ricocher sur les parois, et le tunnel s’est écroulé. Avec la vitesse, tous les wagons sont sortis, sauf le dernier. On peut entendre les gens bloqués à l’intérieur, certains sont gravement touchés. On a essayé d’utiliser votre matériel, il pointe du doigt les extendeurs crées et donnés par Happy pour déplacer des charges très lourdes, mais on ne peut pas toucher au wagon sans que les rochers finissent de l’écraser, les prisonniers avec, et on n’arrive pas à utiliser les extendeurs pour bouger les rochers.
- Paige : Vous avez bien fait de nous appeler. Happy, va voir les pompiers pour qu’ils t’expliquent en détail et trouve un moyen de sortir ces gens de là. Syl, aide-la pour les calculs et donne-nous le temps qu’il nous reste. Toby, on va aller parler aux passagers prisonniers. Le trafic est bloqué sur la voie ?
- Pompier : Normalement oui.
- Paige : Au boulot.
Comme prévu, Happy et Syl arpentent le cadavre, guidés par les sauveteurs, pendant que Toby et Paige estiment la gravité des blessures des victimes. Après une dizaine de minutes, ils se retrouvent pour un topo, écoutés des secouristes.
- Toby : On a dix-huit prisonniers, tous conscients et encore en vie. La plupart sont sous le choc et ont quelques traumas, mais ils s’en remettront. Par contre, on a deux blessés graves, … très grave.
- Happy : Combien de temps ?
- Toby : Moins d’une heure. Je peux les stabiliser à distance pour qu’ils tiennent l’heure, mais s’ils ne sont pas pris en charge dans ce laps de temps, ils mourront. Tous les pompiers ont la mine défaites.
- Paige : Vous avez de meilleures nouvelles.
- Happy : Une bonne, et une moyenne. La bonne, c’est que les pompiers ne se sont pas trompés : on ne peut ni déplacer le wagon, ni les plus gros rochers, ni faire un trou dans la carcasse.
- Toby : C’est une bonne nouvelle ça ?
- Happy : Ils avaient raison. La moyenne, c’est qu’on ne peut pas utiliser tel quel nos outils pour les libérer. On va devoir improviser.
- Pompier : En moins d’une heure ?
- Happy : On y vient.
- Syl : On a repéré une ouverture : l’une des fenêtres nous est presque accessible, on n’a qu’à déplacer quelques pierres, puis tout le wagon de quelques dizaines de centimètres pour que l’ouverture soit suffisamment grande pour évacuer les personnes bloquées à l’intérieur.
- Paige : Il vous faut combien de temps ?
- Syl : Pour sortir les premiers blessés, quarante-deux minutes si on est efficace.
- Paige : On va l’être.
Ils s’attèlent à la tâche, suivant les conseils d’Happy pour adapter son matériel à la situation, et les calculs de Syl pour retirer les rochers les plus importants. Toby dispense ses soins à distance, aidé de Paige qui rassure tant bien que mal les autres blessés prisonniers. L’horloge tourne, mais ils sont finalement en place, les rochers déplacés, et les extendeurs accrochés au wagon.
- Paige : Accrochez-vous vous à ce que vous pouvez, on va déplacer le wagon de quelques centimètres. Ils sont prêts.
- SI : On ne touche à rien. Ils se retournent tous vers la voix inconnue qui vient d’intervenir. Deux pick-up sont apparus, dont sont sortis une dizaine d’hommes vêtus de costumes noirs. L’un d’eux se tient debout à quelques mètres du groupe de sauveteurs. Il est confiant et semble aussi agréable qu’Happy. Il brandit un badge, malheureusement reconnu par Centipede Partners malgré la distance. Les pompiers ne le savent pas encore, mais ils ont à faire à la Sécurité Intérieure. Agent Curvin, Sécurité Intérieure. On prend le commandement de l’opération.
- Pompier : Il s’avance, la situation est en passe d’être résolue. Sauf votre respect.
- Curvin : Vous ne l’avez pas. Faites-moi un topo, c’est moi qui déciderai de l’état de la situation.
- Syl : On n’a pas le temps.
- Curvin : C’est moi qui décide du temps qu’on a.
- Happy : Paige, tu vas laisser ces incapables ...
- Toby : Doucement.
- Curvin : Virez-les d’ici.
Les hommes en noirs se rapprochent des membres de Centipede Partners, qui préfèrent s’écarter d’eux-mêmes.
- Paige : On peut pas les laisser faire.
- Toby : On va pas avoir le temps.
- Syl : Et si on les laisse faire, je parie qu’ils vont décider de percer la carcasse, c’est la mort assurée pour les passagers.
- Paige : Mais on ne peut rien faire, c’est la SI.
- Happy : On peut peut-être, si on est la SI.
- Toby : On n’a plus Cabe.
- Happy : Mais on a toujours son numéro. Silence.
- Paige : Appelle-le.
- Cabe : Allo ? Au loin, “qui est-ce que vous appelez !”
- Happy : Salut coloc.
- Cabe : Happy ! Au loin, “raccrochez”. Vous pouviez pas tomber plus mal. C’est urgent ?
- Happy : Très.
- Cabe : Ah !
- Happy : J’ai encore rien dit.
- Cabe : Non, c’est juste le démarrage de Flo. Au loin, “Cabe ! C’est pas le moment !” Je vous écoute.
**
Le vigile se tient dans l'encablure de la porte. Sa bouche ouverte laissait présagée une réplique, mais le serveur sauvagement attaqué ne peut être contesté.
- Cabe : Je vais aller vérifier les images moi-même.
- Walter : Flo, part avec lui, les caméras ont peut-être été hackées, il ne devrait pas être loin.
- Jayshon : Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?
- Flo : Elle montre un câble tendu entre le serveur principal et un autre serveur, c'est pour transférer du code source d'un serveur à un autre, il a été laissé. Walter se penche et approche ses doigts du nouveau serveur central.
- Walter : Et le port est encore chaud, un virus y a été implanté. Sous l'impulsion de Walter, ils sortent de la salle des serveurs et commencent à remonter. Le hacker doit être sûr que le virus s'est activé, mais dès qu'il en sera assurer, il prendra la fuite.
Une fois dans le hall, dont le calme détonne au vu de la situation, Scorpion2.0 se sépare et activent leurs oreillettes : Cabe et Flo suivent le vigile vers le poste de sécurité pendant que Walter retourne voir ses ordinateurs.
- Cabe : On y est, montrez-nous les images. Flo, installez-vous. Les agents paraissent plutôt hésitants à l'idée de laisser leurs ordinateurs à Flo, mais le vigile les ayant accompagnés acquiesce. Flo s'assoit et commence immédiatement à taper frénétiquement sur le clavier. S’adressant à Walter à travers l’oreillette, Flo a commencé à faire votre magie.
- Walter : C'est simplement de la science. J'ai commencé aussi, le virus s'est propagé, tous les serveurs sont contaminés.
- Jayshon : Et c'est grave ? Il est nerveux, et n'a toujours pas compris l'enjeu de la situation, ce qui exaspère Walter.
- Walter : C'est critique, l'effet est immédiat, au soulagement de Walter, Jayshon arrête de bouger, si le virus corrompt les données, on les perd toutes, et si le virus s'échappe, c'est toutes les données du pays.
- Jayshon : Comprend subitement, et panique, qu’est-ce qu’on peut faire ?
- Walter : Vous, rien. Nous, on peut réparer le système. Mais pour ça, il faut qu’on retrouve l’attaquant : à première vue, le code est complexe, il me faudra plus que quelques minutes pour comprendre le virus, et je ne pourrais pas le stopper si je ne connais pas son fonctionnement. Je vais pour l’instant me contenter de le freiner. Amenez-moi des disques durs externes, je vais essayer de sauver toutes les données que je peux. Jayshon disparait.
- Cabe : Je l’ai, là, zoomez Florence.
- Walter : Vous l’avez trouvé ?
- Flo : Cabe a trouvé une manche, se retourne, vous avez de bons yeux.
- Cabe : Merci, mais pourquoi elle disparaît ?
- Flo : Regarde plus attentivement, c’est une boucle, ce sont les mêmes images qui tournent, comment j’ai raté ça ?
- Walter : Peut-être …
- Flo : Ils ont changé les headers.
- Walter : … Malin. Cabe regarde le dos de Flo d’un air médusé, elle en sent son poids.
- Flo : Pour résumer, le header a été modifié, c’est une zone où l’on met toutes les informations de l’image, notamment la date. Mais généralement, pour ce genre d’attaque, on s’embête pas à aussi modifier la date. Celui qui a fait ça ne veut vraiment pas être retrouvé.
- Cabe : Alors on fait quoi ? … Walter ?
- Walter : Désolé, le virus est plus fort et plus rapide que prévu.
- Cabe : L’écran principal devant Flo s’éteint subitement, pourquoi vous avez éteint la caméra ?
- Flo : Se tourne vers les vigiles, où est cette caméra ?
- Cabe : Je comprends rien, on dirait Walter.
- Flo : Les images viennent d’être modifiées, elles sont peut-être encore dans la mémoire vive de la caméra. Elle part accompagnée d’un vigile.
- Cabe : Walter, ça se passe comment ?
- Walter : Posez ça là. Jayshon et son assistante, revenus avec des disques durs externes, obéissent. J’ai surchargé encore un peu plus les serveurs pour ralentir la progression du virus. J’ai commencé à l’analyser, je devrais pouvoir décontaminer des données et les transférer sur des supports externes. Mais je ne peux pas stopper le virus, il va finir par sortir si on ne retrouve pas le hacker.
- Jayshon : Et si on coupe le réseau, au moins on sauve le pays.
- Walter : Mais on perd l’état, … et peut-être le pays.
- Jayshon : Non, toutes les données ne sont pas stockées ici, doute, non ?
- Cabe : Comment on pourrait perdre toutes les données du pays ?
- Flo : Toutes les données ne sont pas hébergées ici en effet, on entend sa foulée rapide, mais c’est un peu comme un bureau de poste, toutes celles de l’état passent par ici.
- Walter : Et pour éviter cette situation, le gouvernement a mis en place cette mise à jour, qui permet de sécuriser et fluidifier le trafic des données. Si cette mise à jour échoue, elle sera remise en question pour les autres états, et la version actuelle du logicielle continuera d’exister. Mais elle n’est pas stable, comme on peut le voir maintenant, donc à terme, on perdra toutes les données du pays. C’est pour ça qu’il faut retrouver celui qui a fait ça.
Flo est enfin arrivée devant la caméra. Avec l’aide du vigile, elle la démonte de son support puis l’ouvre pour en récupérer les composants utiles. Elle trouve la mémoire vive comme prévu et la connecte à son ordinateur, elle commence alors à en scanner la mémoire.
- Flo : Ça va être plus compliqué que prévu, il n’y a plus d’image exploitable dans la mémoire vive de la caméra.
- Cabe : Ce ne sera pas nécessaire, depuis que vous êtes arrivée à la caméra, il y a une personne qui a la bougeotte.
- Flo : Qui ?
- Cabe : A 8h, derrière vous, Flo se retourne. L’individu repéré se lève et s’enfuit en courant.
- Flo : Trouvé.
- Walter : Cabe ? Il entend dans l’oreillette un souffle beaucoup plus fort.
- Cabe : J’ai bien fait de pas faire ma séance ce matin. Pendant que Cabe traverse le bâtiment, Walter commence à sauver des données. Cabe arrive enfin à l’entrée du bâtiment. La voiture l’attend, moteur ronflant, Flo sur le siège passager. Son téléphone sonne : Happy. Prenez le volant. Cabe décroche.
- Cabe : Allo ?
- Walter : Qui est-ce que vous appelez ?
- Happy : Salut coloc.
- Cabe : Happy !
- Walter : Raccrochez !
- Cabe : Vous pouviez pas tomber plus mal. C’est urgent ?
- Happy : Très.
- Cabe : Ah !
- Happy: J’ai encore rien dit.
- Cabe : Non, c’est juste le démarrage de Flo.
- Walter : Cabe ! C’est pas le moment !
- Cabe : Je vous écoute.
**
Cabe appelle le siège de la Sécurité Intérieure, et tombe comme prévu sur la standardiste.
- Cabe : Bonjour, ici l’agent Cabe Gallo.
- Standardiste : Bonjour monsieur Gallo. Votre intervention s’est bien passée ?
- Cabe : Pas du tout, et elle est encore en cours, mais j’appelle concernant une autre mission, en cours elle aussi, à propos d’un train qui aurait déraillé. Qui en est en charge ?
- Standardiste : Il y a bien eu un incident avec un train, mais je ne peux pas vous dire qui dirige l’intervention.
- Cabe : Alors faites en sorte que ce soit Centipede Partners. Ils sont déjà sur place, et sont bien plus compétents que toutes les équipes que vous pourriez envoyer.
- Standardiste : Je voudrais bien vous croire, mais c’est la deuxième fois en peu de temps que vous faites une requête étrange concernant cette équipe.
- Cabe : Surpris. On n’a pas de temps à perdre. Si des gens meurent, je vous promets que mon pied dans votre derrière laissera la même marque que si c’était un train.
La standardiste se fait raccrocher au nez. Elle est encore sous le choc de la dernière phrase, mais se décide à appeler son supérieur.
- Supérieur : Dur, bonjour.
- Standardiste : Bonjour monsieur. Cabe Gallo vient de … demander à ce que Centipede Partners ait les mains libres sur l’opération du train qui a déraillé.
- Supérieur : Comment était-il, l’agent Gallo ?
- Standardiste : Hésite, grincheux, … et déterminé, et pressé.
- Supérieur : Très bien, merci. Il raccroche, puis compose un autre numéro. Agent Curvin ?
- Curvin : Oui Monsieur.
- Supérieur : Y-a-t-il une autre équipe, civile, sur les lieux ?
- Curvin : Oui Monsieur.
- Supérieur : Approchez-les et mettez-moi en haut-parleur. Curvin appelle Centipede Partners, qui avait déjà commencé à se rapprocher. Agent Curvin, quel est votre plan ?
- Curvin : Découpez la tôle, puis évacuer les victimes.
- Happy : Ça ne marchera pas, la structure du wagon ne tiendra pas.
- Supérieur : Qu’est-ce que vous proposez ?
- Paige : Déplacer légèrement le wagon, une fenêtre deviendra accessible.
- Supérieur : Centipede Partners, vous êtes en charge de l’opération. Agent Curvin, fournissez-leur toute l’aide nécessaire.
Le supérieur a déjà raccroché. Curvin semble furieux, mais acquiesce. Centipede Partners reprend les commandes.
- Paige : On a toujours le temps ?
- Happy : Tout juste, pour finir ce qu’on avait prévu.
- Toby : Je vais voir si nos prisonniers sont toujours en vie. Il s’éloigne. Ils se tournent vers Syl.
- Syl : Le problème, c’est qu’ils ont commencé à découper, et on ne peut pas évaluer la fragilisation induite. Paige le questionne du regard. J’en sais rien.
- Paige : Tant pis, faut que ça marche.
Ils se remettent tous au travail, sous les ordres d’Happy et Syl pour repositionner les extendeurs.
**
- Cabe : Je le vois. C’est le Navara rouge.
- Flo : Le quoi ?
- Cabe : Désespéré, le pickup rouge. Walter, vous en êtes où ?
- Walter : J’ai sauvé toutes les données que j’ai pu, mais j’ai pas pu stopper le virus. Vous devez le faire parler.
- Flo : On attend qu’il s’arrête ?
- Walter : On a pas le temps.
- Cabe : Alors il va falloir le forcer à s’arrêter.
- Flo : Et comment on fait ça ?
- Cabe : Quand je vous dirais d’y aller, vous écrasez la pédale d’accélération, et vous le frappez avec toute la surface du parechoc, mais légèrement décalé sur la gauche. Flo lui jette un regard où se mêle la peur et l’incompréhension. Faites-en sorte que notre phare gauche soit intact.
- Flo : Répète pour elle-même, contact à plat, légèrement à gauche.
- Cabe : Et au moment de l’impact, braquez le plus possible à droite. Flo répète mentalement, puis visualise résultat.
- Flo : Quoi ‽
- Cabe : Maintenant !
Le moteur gronde, Cabe s’accroche à la poignée de maintien, la route défile, le contact se rapproche. Boom. Le phare gauche aurait pu rester intact, si la voiture avait gardé sa trajectoire, mais la peur n’a pas suffi à pétrifier Flo, et la voiture embarde sur la droite. Les deux roues gauches s’écrasent sous le poids de la voiture, les deux roues droites s’élèvent pendant une éternité, puis s’affaissent lourdement sur le bitume chaud, masqué par le bruit de taule froissée de la voiture précédente.
- Walter : Flo ! Cabe ! Pas de réponse. Cabe ! Flo !
- Cabe : Dans un soufflement, pas besoin de crier. Flo émerge à son tour. Vous y êtes pas aller à moitié, je m’en souviendrai. Vous allez bien ? Elle lui adresse un sourire crispé.
- Walter : Et l’autre ?
- Cabe : Merci de se souciez de nous Walter, ça fait toujours plaisir. Regarde aux alentours, les voitures fumantes n’aident pas. Je vois pas grand-chose. Ah ! Il est là, et encore vivant. Ah merde !
- Walter : Quoi ?
- Cabe : Il court. Cabe s’extrait de la voiture, et part à sa poursuite.
- Walter : Il vous reste moins d’une minute.
- Cabe : Je pourrais pas le rattraper, …, et le faire parler. Walter réfléchit.
- Walter : Avec deux minutes de plus ?
- Cabe : Peut-être.
- Flo : Comment ?
- Walter : Les serveurs sont chauds. Si je les éteins, puis les rallume mais sans rallumer le serveur central, je pourrais accéder aux données pendant que le virus sera encore anesthésié.
- Jayshon : Pendant combien de temps ?
- Walter : Se retourne, surpris, il avait oublié sa présence. Je viens de le dire, deux minutes, après, elles seront définitivement perdues. Cabe, à mon top, il vous restera moins de deux minutes pour le faire parler. Walter coupe le courant. Top !
- Cabe : On ne bouge plus, ou je tire. Cabe a profité d’un ralentissement du fugitif freiné par la circulation pour dégainer son arme et la pointer sur sa cible. Sa main tremble dangereusement suite à l’effort.
- Fugitif : Se retourne, avec un petit sourire en coin, vous avez pas le droit de me tirer dessus. Continue de reculer. Et puis vous êtes pas en état, il y a des civils autour, tourne sur lui-même dans un geste théâtral, écarquille les yeux. Une voiture le percute. Il s’écroule.
- Walter : Une minute Cabe !
- Cabe : Ce sera pas possible, il est au mieux inconscient, au pire mort.
- Walter : Qu’est-ce que vous avez fait ?
- Cabe : Rien, il paradait, et une voiture l’a percuté.
- Flo : J’ai peut-être une solution et une idée. J’ai trouvé dans sa voiture son ordinateur. Il est en miette, mais son disque dur à l’air de fonctionner, on y trouvera probablement ce qu’il nous faut.
- Walter : Oui, mais on a pas le temps.
- Flo : J’ai aussi dit que j’avais une idée. Une fois en chimie, pour l’un de mes mélanges, je devais … suspendre le temps et maintenir l’état de ma solution. J’y ai ajouté des ions et je l’ai plongée dans un champ magnétique, ça a tenu quelques heures.
- Cabe : Il n’y a que moi qui comprend rien à ce que vous dites aujourd’hui.
- Walter : Excellente idée. Jayshon, amenez-moi tous les câbles électriques que vous pourrez trouver. On va faire une bobine géante autour des serveurs pour créer un champ magnétique. Les données sont stockées sous forme magnétique, on aura pas besoin de trop de puissance. Regarde autour de lui, dépité, mais précisément, j’en sais rien. Il sort son téléphone, respire, puis compose le numéro. Salut Ralph ! Ne raccroche pas s’il te plait. Je dois faire un calcul physique trop compliqué, il n’y a que toi qui puisse le faire en moins d’une minute. Jayshon, son assistante et plusieurs vigiles entrent dans la pièce, les bras chargés de câbles. Walter leur fait comprendre d’en enrouler les serveurs.
- Ralph : Inspire puis expire bruyamment, Ok. Walter a pu sentir son regard froid même à travers le téléphone, mais lui explique le problème, puis le met en haut-parleur pour que chaque personne dans la salle puisse suivre les instructions. Au moins huit tours dans un sens, puis deux dans le sens inverse, à au plus vingt centimètres du support. Cent-dix volts, six ampères. De rien. Il raccroche. Walter tente de faire abstraction de cette fin d’appel. Il contrôle que tout le monde a bien suivi les instructions. On est presque prêt.
**
Tous les rochers ont été déplacés, les extendeurs remis en position. Toby et Paige parlent toujours avec les passagers bloqués.
- Paige : Comme tout à l’heure, Accrochez-vous, c’est bientôt fini. Prêt.
- Syl : 3 … 2 … 1 … Go !
Les extendeurs se tendent, le wagon frémit, quelques gravats tombent et roulent. Ils se regardent tous éberlués, se demandant si c’était bien le résultat attendu, mais Happy et Syl fixent toujours le wagon, confiant. Soudain, un extendeur craque, et le wagon glisse lentement sur la voie ferrée dans un crissement d’agonie accompagné de l’éboulement croissant de pierres. La tôle se plie, un rocher tombe, et fracasse l’endroit où les pompiers avaient commencé à découper le wagon. « Stop ! » La fracture s’étale sur toutes la longueur. Happy coupe un extendeur. Le wagon s’immobilise. Syl accoure vers la carcasse d’où s’échappe des cris apeurés. Les autres membres de Centipede Partners arrivent, talonnés par les secouristes et les membres de la SI.
- Curvin : Qu’est-ce qu’il s’est passé ‽
- Paige : Demande aux passagers, vous allez bien ? Quelques réponses timides laissent penser l’optimisme.
- Happy : C’est votre trou, ici. Ça a fragilisé la structure.
- Curvin : Et alors ?
- Toby : Répète, et alors ? et alors que c’est votre faute.
- Paige : On se calme. A Curvin, allez voir ailleurs. Syl, qu’est-ce qu’on peut faire ?
- Syl : On ne peut plus déplacer le wagon, sinon il se fait définitivement écraser. Mais on peut agrandir légèrement l’ouverture, ça nous permettra de sortir les blessés les plus graves à temps. Ils se tournent vers les pompiers.
- Pompier : On vous fait confiance.
Les pompiers agrandissent le trou, par lequel on peut pour la première fois voir les passagers. Mais le trou est encore trop petit. Après quelques minutes, le premier blessés graves sort enfin. Il est immédiatement pris en charge. Le wagon craque. Syl annonce qu’il ne tiendra pas beaucoup plus longtemps. Les secouristes se dépêchent de faire sortir les autres blessés graves, puis les suivants.
Curvin se rapproche de Paige, l’air embarrassé. Il remarque surpris que l’évacuation est déjà bien avancée.
- Curvin : Comment vous avez fait, l’ouverture n’était pas assez grande tout à l’heure.
- Paige : On l’a agrandie.
- Curvin : C’est ce que j’avais proposé.
- Happy : Mais pas dans le bon timing, on est même pas sûr de pouvoir faire sortir tout le monde.
- Curvin : Redevient grave, en parlant de timing. Un train de marchandise a pu passer le barrage, il sera là dans quelques minutes.
- Syl : Et vous nous annoncez ça que maintenant.
- Curvin : Je viens de l’apprendre, il faut les prévenir pour qu’ils accélèrent l’évacuation.
- Toby : On ne prévient personne. Tous le regardent surpris. Les évacuations sont plus rapides lorsque les foules n’ont pas conscience du danger, sinon on aura à faire à un mouvement de panique. Regarde les pompiers au travail. On attend, et on espère que ce sera suffisant. Ils ont bientôt fini.
Et en effet, l’évacuation est proche de son terme, l’avant-dernière personne est extirpée de la carcasse. Mais la tôle craque à nouveau comme l’avait prédit Syl, et l’ouverture se referme sur le dernier passager, à nouveau prisonnier. Centipede Partners court en direction du wagon. Il va bien, pour l’instant. Mais la carcasse est définitivement bloquée dans la roche. Toutes les personnes présentes se mettent subitement à regarder leurs pieds. Ce n’est même pas un bruit, seulement un ronronnement sourd qui résonne à travers leur corps : le train de marchandise est très proche, trop proche.
**
- Walter : C’est bon, je remets le courant. Un bourdonnement parcourt la salle. Walter vérifie la stabilité du champ magnétique. Il nous reste quelques heures de plus. Cabe ? Flo ?
- Flo : Mauvaise nouvelle de mon côté, le disque dur est trop endommagé.
- Cabe : Bonne nouvelle de mon côté, il commence à revenir à lui, on va pouvoir avoir une petite discussion.
Cabe ramène le fugitif, il reçoit les premiers soins et explique tout ce qu’il sait sur le virus. C’est suffisant pour que Flo et Walter nettoient les données et finissent la mise à jour correctement. Walter profite que Flo termine le diagnostic pour aller prendre Cabe à part.
- Walter : Pendant la poursuite, comment vous vous êtes senti ?
- Cabe : Cherche ses mots, mais fini par avouer, vieux. D’autant plus que j’ai la visite médicale dans six mois.
- Walter : Vous savez, je peux vous faire un programme.
- Cabe : Je ne pense pas que vous soyez le mieux placer pour me parler de sport. Sans vouloir vous vexer, c’est pas votre domaine.
- Walter : Dodeline de la tête, mais je m’y connais un peu en biologie.
- Cabe : Hoche la tête, faites toujours, je verrais si c’est réaliste.
Ils rentrent au garage, après cette “simple” mission enfin terminée.
**
Centipede Partners se regroupent, entourés des pompiers et des hommes de la SI.
- Syl : Qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce qu’on fait ?
- Paige : Syl, calme-toi. On va trouver une solution. Elle regarde Happy.
- Happy : C’est Walter qui trouvait ce genre de solution.
- Toby : Grimace, mais il est pas là.
- Paige : On n’a pas besoin de lui.
- Curvin : C’est qui Walter ?
- Happy : Personne.
- Paige : C’est vous les génies, réfléchissez. Les yeux d’Happy s’illuminent, puis grimacent. T’as un plan ?
- Happy : J’ai peut-être un peu trop côtoyé Walter. Je propose de laisser le train qui arrive percuter le wagon.
- Paige : Quoi ‽
- Happy : Les extendeurs ne sont pas prévus pour ça, mais ils devraient tenir : le wagon sera projeté, et on va les utiliser pour amortir l’impact.
- Pompier : Comme des cordes élastiques ?
- Happy : Exactement.
- Curvin : Ça peut marcher ?
- Syl : Regarde autour de lui et calcule, oui. Prenez les extendeurs. Accrochez-les au wagon et là, là, là et là, il pointe du doigt un arbre et trois gros rochers. Il se tourne vers les pompiers, mais il ne reste plus que le capitaine qui distribue ces derniers ordres en les criant, vous pourriez aussi en accrocher un au-dessus du tunnel ?
- Curvin : Mes hommes vont s’en charger.
Le lieu de l’accident se transforme à nouveau en fourmilière. Pendant que Toby tente d’expliquer la situation au dernier passager, le train devient audible à travers l’effondrement. Un grand boom annonce son entrée dans le tunnel.
- Syl : Tout le monde en position. Je vais faire un décompte. A partir du 3 vous ne m’entendrez plus, mais au 1 vous devrez lâcher les extendeurs, et au 0 les bloquer à nouveau. Il n’attend pas de confirmation. 5. Le sol gronde, les vibrations font bouger les plus petits gravats. 4.
Le monde disparait dans le vacarme. Peut-être 3. Le temps semble ralentir. Comment compter dans ces conditions ? Mais le 2 apparaît comme une évidence, l’impact. Un boom aveuglant accompagné de tonnes de roches et de métal projetées en l’air. Et l’idée qu’à l’intérieur de la cage d’acier se tient un homme. Les extendeurs se tendent, à leur limite. Voilà le 1, le moment d’élasticité, de lest laissé à la matière dévastatrice lancée à pleine vitesse pour quelle puisse continuer encore un peu sa course mortelle. Puis le 0 pour tout arrêter, ou presque. Les extendeurs se tendent à nouveau, au-delà de leur limite cette fois, et craquent, pour deux d’entre eux, tout comme l’arbre qui fait maintenant partie du mouvement. Le wagon enfin libre roule, mais est instantanément arrêté par les deux extendeurs survivants. Le train percuteur est également ébranlé, tout comme sa marchandise, des graines, qui pleuvent depuis le ciel et se répandent sur le sol. La poussière soulevée par ce deuxième accident bouche complètement la vue. Les contours réapparaissent petit-à-petit, laissant une impression surréaliste. Ce silence d’après bataille fait mal, et peur. Puis la réalité revient, implacable. Il y avait un homme dans le wagon. Toutes les personnes en état de porter secours se retrouvent devant le cadavre du wagon.
- Paige : Vous m’entendez ? Vous êtes vivant ? Un très court instant, vécu comme une éternité.
- Survivant : Faiblement, oui, mais je crois que j’ai un bras cassé.
Un soulagement général se fait ressentir. Toute la tension emmagasinée refait surface, mais l’adrénaline n’est pas encore redescendue et permet aux corps pourtant épuisés de terminer le sauvetage. La catastrophe a été évitée.
**
Il fait presque nuit, Scorpion2.0 est au garage. Cabe rempli des papiers concernant la mission, Flo est absorbée par son ordinateur qui redécouvrira bientôt la souris. Walter descend, il cache derrière son dos la feuille sur laquelle il vient d’écrire le plan de remise en forme de Cabe pour les six prochains mois. Il s’avance, lorsqu’on toque à la porte en taule. Walter questionne un Cabe étonné du regard, Flo a également levé les yeux.
- Walter : Crie, entrez ! Paige entre, presque à reculons, sur ses talons Ralph, suivi de Toby, Happy puis Syl, tous autant ravis d’être là. Le calme n’est que temporaire.
- Paige : Bonsoir, plutôt adressé à Cabe. Flo est ostensiblement ignorée par toute l’équipe.
- Cabe : Presque chaleureusement, tentant de repousser l’explosion, bonsoir. Ils se défient tous du regard, dans un calme effrayant.
- Happy : Pourquoi t’as refusé de nous aider ‽
- Paige : Ton quotient émotionnel te l’interdit ? Tu n’as même plus de compassion ?
- Toby : Des gens auraient pu mourir.
- Walter : Et ils auraient dû. Marque une pause, la phrase a fait son petit effet, même sur Cabe et Flo. Pour l’intérêt général. Parce que vous venez d’en condamner des centaines, voire des milliers, par votre future incompétence. Vos chances d’échouer lors d’une mission critique sont de 76%.
- Syl : 78%.
- Paige : Syl !
- Syl : Pardon …
- Paige : Tu ne jures que par les chiffres, tu as oublié que tu vivais avec des êtres humains.
- Walter : Crois-moi, je ne l’ai pas oublié. Mais ce que j’en ai appris, c’est que les chiffres ne nous déçoivent pas.
- Cabe : Walter !
- Paige : On y va. Ralph s’avance.
- Ralph : Walter, je peux te parler 2 minutes
- Walter : Respire profondément, oui, bien sûr. Ils s’isolent dans la caravane, qui n’isole rien de leur conversation. Ralph attaque directement.
- Ralph : A quoi tu joues ?
- Walter : Immédiatement sur la défensive, comment ça, à quoi je joue ?
- Ralph : Le regarde droit dans les yeux, ma mère pleure presque tous les soirs à cause de toi.
- Paige : De l’autre côté, étouffée, Ralph.
- Toby : Paige s’avance mais Toby lui attrape gentiment le bras et la retient, Paige, s’il était encore mon ami, je me ferais du souci pour Walter.
- Ralph : Je te faisais confiance. Je pensais que tu pouvais être mon père.
- Walter : Le regarde dans les yeux pour la première fois, je n’ai jamais été ton père.
- Ralph : T’as toujours voulu l’être.
- Walter : J’ai toujours voulu être là pour toi.
- Ralph : Et t’étais où ce dernier mois ?
- Walter : Marque encore une pause, et fuis encore son regard, c’est compliqué.
- Ralph : Pour toi peut-être, mais par pour moi, je suis plus intelligent, et je ne suis plus un gamin. Alors arrête de l’être toi aussi. Se retourne pour partir.
- Walter : Ralph. Ralph ! Il se tourne enfin vers Walter.
- Ralph : J’ai plus envie de parler.
- Walter : Bravo gamin. Mime un applaudissement, il a à nouveau son attention. Je sais que j’ai fait une erreur.
- Ralph : Pas qu’une seule. Ralph répond toujours aussi vite.
- Walter : J’ai été en colère, contre moi-même. Cherche ses mots, j’ai été triste.
- Ralph : Et alors ? Il crache presque ses mots.
- Walter : Mais là, ça fait mal.
- Ralph : Ma mère aussi a mal, et c’est ta faute.
- Walter : Ralph, tu es plus intelligent, et tu es plus humain que moi, tu sais très bien que je ne suis pas le seul responsable.
- Ralph : Tu rejettes la faute sur Florence maintenant ?
- Walter : Non, c’est une histoire entre ta mère et moi uniquement. … Je n’ai jamais voulu que ça puisse avoir des conséquences sur les autres. … Découragé, mais ça tu le sais déjà.
- Ralph : Walter, quand tu touches ma mère, tu me touches moi. Aujourd’hui, c’était la dernière fois que je t’aidais.
Ralph sort de la caravane, devant les yeux ébahis de tout le garage. Il s’oriente directement vers la porte en taule, encore entrouverte, suivi par Centipede Partners encore sonné par la conversation. La porte claque, le silence s’installe. Walter sort enfin de la caravane.
- Cabe : Je sais que vous leur en voulait, je sais que vous souffrez fils, mais vous trouvez pas que vous y êtes allé un peu fort avec le gamin.
- Walter : Vous allez pas vous y mettre. Et c’est plus un gamin !
- Cabe : En parlant de gaminerie, vous ne vous seriez pas servi de mon badge dernièrement ?
- Walter : Trop en colère pour avoir à jouer un mensonge, non, pourquoi j’aurais fait ça.
- Cabe : Pour récupérer le contrat Bauchan par exemple.
- Walter : C’est ridicule.
- Cabe : Ce qui est ridicule, c’est que vous cherchez un fautif pour tout, alors que c’est vous qui êtes censé être le plus malin.
Walter range discrètement la feuille d’entrainement dans sa poche et part s’isoler à l’étage.
***
Sources :
Aucune pour l'instant, il faut me faire confiance sur l'entière exactitude et véracité de tous les faits (sans exception évidemment) évoqués.
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