On cogna au battant du chariot. Ses jambes réagirent plus vite que ses pensées. Minan se plaqua contre la paroi en s'armant d'une dague. Au dehors, des pas, puis un bruit sec. Son dos se raidit, glacé. Son cœur ralentit dans un réflexe acquis par l'expérience. Le silence à présent. Ses oreilles restèrent attentives pendant un instant qui lui parut interminable. Rien, toujours. Entre la porte et la bois de l'habitacle, un interstice ouvrant sur le campement écrasé par le soleil du début d'après-midi. Ses pupilles s'y précipitèrent, avides. Inutile. Elles ne firent que s'y éblouir. Courage. Il faisait si sombre dans le chariot. Peut-être un handicap pour un éventuel adversaire. MInan arma le bras. Son cœur pulsa à lui en briser les côtes quand la poignée glissa sous ses doigts.

 Le battant pivota et s'encastra dans la paroi. Derrière, personne, à l'exception du jour qui se précipita dans l'habitacle.

 Minan jeta un rapide regard à droite puis à gauche. Les alentours étaient déserts. Ses sourcils se froncèrent lorsque son regard se posa sur la porte. Un poignard y avait été planté pour fixer un mot. La lame vint rapidement, le message plana jusqu'à sa paume calleuse.

 C'était un ordre d'assassinat. Une description sommaire de sa nouvelle cible y avait été réalisée. Elle était jeune, avait les cheveux blancs et l'habitude de préférer tuniques courtes et pantalons aux amples fourrures que portaient la plupart des femmes du clan. Le rédacteur du message s'y était repris à plusieurs fois pour écrire son nom : Sarantuya.

Une information attira l'attention de Minan. Sa cible était une parente des Vaardi. Sans doute une gamine qui ne connaissait de la vie que ce qu'elle avait observé par les quelques ouvertures pratiquées au travers de son existence feutrée.

« Ça change un peu, songea Minan. Il y aura plus à prendre sur son cadavre. »

 Un contrat à considérer d'ores et déjà rempli, si son mode opératoire habituel était adapté pour elle.

 Minan tourna les talons pour allumer la lanterne qui pendait dans l'habitacle. Le mot brûla en quelques secondes. On l'avait enduit à cet effet. Minan ne le regarda pas se consumer. Le bois attira ses pensées.

 Sarantuya. Le nom lui était familier. Ses souvenirs s'affrontaient derrière ses rétines. Son menton en profita pour attirer ses doigts et obtenir un grattement salvateur. Sarantuya. Sur sa peau, une résistance sous ses ongles. Elle lui semblait trop lisse pour une existence comme la sienne. Son index et son majeur remontèrent jusqu'à sa mâchoire, glissant sur sa courbe anguleuse, carrée. Non. Aucun souvenir précis. Sous leur écrin de cils, ses yeux gris s'arrachèrent de la paroi pour guider ses doigts vers le battant.

 Un claquement retenu plus tard, Minan se laissa retomber sur la banquette. L'adrénaline avait réveillé les courbatures qui quadrillaient ses muscles sous ses vêtements amples. L'examen et l'affûtage des armes dissimulées dans sa carriole, ses outils, l'occupèrent le reste de l'après-midi. Sa manière de se préparer à commettre un assassinat de plus.