L'ardente échappée (Kenaz)
Entre le soleil couchant et la cheminée béante,
À l’orée sanglante se dressent les courants indomptés,
Bondissent les brûlants flots intrépides.
Contre les sécurisantes parois maternelles
Se heurte la rage flamboyante.
De la rocheuse coupe matricielle se dérobe au regard,
Farceuse flammèche semble somnoler,
Se dégage lestement d’une cabriole formidable.
Peu daigne l’enfant envoyé du ciel
Se laisser cloîtrer dans la chambre étriquée.
Sur la branche porteuse fume la braise sauteuse,
Reprend son souffle coupé par l'élan prémédité.
Une légère brise secoue le tison esseulé,
Salutaire bouffée attise la fureur asphyxiée,
S’embrase dans un ondoiement sensuel.
Impitoyable brasier consume les innocents piégés,
Épargne les prudents soustraits aux flammes ravageuses.
Kenaz la dévoreuse vrombit dans son passage.
Succombent les cœurs sensibles sous les passions,
Brûlent des désirs les plus ardents.
Un intrépide imprudent s'approche insidieusement
Un long rameau dans la main tremblante,
Vivement apprivoise une étincelle folle,
Dans le nouveau foyer déposée, docile ronronne,
Réunit autour de sa chaleur la reconnaissante parenté.
Dans les forêts calcinées s’élèvent les dernières fumées,
Une verte tige émerge de la terre ravagée.
Dru espoir de la fertile culture à venir,
Renaît sous le charbonneux paillis
Terre purifiée des miasmes corrupteurs.
Parmi les cendres tièdes à peine déposées déambule le scalde dévasté.
Une escarbille malicieuse heurte le front soucieux :
Se répand en son art le feu créateur,
S’en va gaiement inspiré, une rime en pensée,
Remercie l'ouragan fulgurant pour son don éclatant.
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