Chapitre 36 : Pas de repos pour les braves.

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Le lendemain matin j'ai déjà un travail à mon nom à l'Union. En fait, Ayumi a fait patienter le client vu qu'elle savait ce qu'on vivait et a été très claire sur le fait que cette sympathie a un prix et qu'il est temps de passer à la caisse à présent. Surpris, je m'attendais à quelque chose de dangereux ou de dégradant mais ce n'est que quelqu'un qui me demande de jouer le Yokai lors d'une séance d'entraînement.


Tout aussi surprenant, Poa, le gros bras qui assure la sécurité au niveau de l'entrée du bâtiment en temps normal m'a accueilli, amené jusqu'au comptoir et reste à côté, s'assurant que personne ne s'approche. Pourquoi tant de secrets ?


Haiwaken : Relax. Ce n'est pas mon premier rodéo. J'ai l'habitude de ces séances d'entraînement chez Jumoken. C'est pour un gars qui tient à sa discrétion ou quoi ?

Ayumi : Ce n'est pas Jumoken. C'est Shinden. Et, oui, il tient à une discrétion totale. Tu dois t'y rendre dans l'heure. Ta tenue t'attends déjà là-bas.

Haiwaken : Heu... Pourquoi tout ces secrets ?

Ayumi : Tu le sauras sur place. Va maintenant.


Un peu abasourdi de ce niveau de secret pour une mission de rang 2, je fait un pas en arrière et suis cloué au sol par la grosse paluche de Poa qui pourtant ne faisait qu'une simple tape sur l'épaule.


Poa : Je t'en pris, p'tit gars. Va l'aider, quoi...

Ayumi : Poa ! Pas un mot de plus !

Poa : D'accord...


Grommelant, le colosse retourne s’asseoir à sa place près de l'entrée, faisant souffrir le martyre à un pauvre tabouret innocent. J'en reste surpris et presque bouche bée. Depuis les années que je le connais, ce gars n'a jamais été expansif.


Ayumi : Encore trois secondes de plus à rester devant ce comptoir et je te facture des frais de retards volontaires.


Je m'empresse de filer. Ayumi-san ne fait jamais de menaces en l'air.



************


Je viens rarement à l'école Shinden. Ils ne sont pas du genre à former les petits nouveaux avec de faux Yokais, préférant les mettre dans le bain d'une façon plus réaliste, sang et tripes compris. Ici, on devient vite très doué ou très froid et très mort. Les sentinelles de la porte ne semblent pas au courant de ma mission et vont chercher Ishima-san dont le pavillon semble être à l'origine de la demande. Dix minutes plus tard, un élève me guide jusqu'au pavillon, le dépasse et pénètre dans une des salles d'entraînement. C'est une vaste salle, dojo au sol en terre battue pour continuer les exercices quand le sol dehors est couvert de neige ou boueux. Il y a une estrade au fond et un balcon pour les professeurs qui crient leurs ordres. J'arrive à la fin d'un de ces exercices, les élèves de rang inférieurs étant en train de ranger le matériel.


Élève : Patientez ici. Ishima-dono va venir.


Pas de soucis. Ce n'est pas comme si j'avais couru pour venir ici, semblant sentir le regard d'Ayumi sur mon dos à chaque fois que je ralentissais.


J'étais en train d'admirer les différentes armes en bois, répliques non-tranchantes d'instrument de destruction de masse que j'espérai ne jamais trouver en des mains hostiles face à moi (et que j'espérai ne pas faire partie du programme des festivités du jour) quand les portes s'ouvrirent derrière moi. Deux personnes pénètrent et ferment immédiatement les ouvrants et... les barrent ? L'un des deux est très reconnaissable. Ishima-san peut être aisément reconnu même par le plus épais des brouillards et dans la nuit. Mais l'autre est... Discret. Après avoir fermé la porte il ne s'est pas tourné vers moi, continuant de me présenter son dos.


Ishima : Merci d'avoir fait aussi vite. Voila tes affaires. Prépare-toi.


Il dépose au sol le sac dont je me sert effectivement pour ranger ma tenue de travail. Le ton du guerrier est calme mais je sens comme une... détresse ? Inquiétude ? En tout cas, quelque chose qui sort de l'ordinaire chez cet homme toujours empli d'assurance qui pour une fois ne souriait pas


Son malaise étant communicatif, je n'insiste pas et commence à me préparer de suite. Par-dessus mes habits de ville j'enfile les fourrures, les bottes renforcées et les faux attributs en bois sur mes avants-bras et ma tête.


Ishima : Parfait. Je signalerai le début du combat.

Haiwaken : Il va durer combien de temps ?

Ishima : Le temps qu'il faudra.


Super rassurant. Reculant jusqu'au centre de la salle, j'en profite pour observer mon adversaire. C'est un homme. Habillé de la tenue bleue habituelle ici, un kimono assez... récent ? Pas beaucoup reprisé en tout cas ce qui est surprenant vu la brutalité des séances de torture qu'ils appellent « façon de s'ouvrir l'appétit ». Les cheveux sont verts sombre, longs et retenus en une longue natte dans le dos. Il finit par dégainer son arme, très long sabre de bois courbe et fin. Une arme faite pour trancher, pour des coups rapides, vifs et décisifs.


Il n'est pas là pour plaisanter.


Ce n'est pas comme à Jumoken où les gens rigolent, se poussent du coude ou font des paris sur qui va finir croqué par le Yokai en premier. C'est du sérieux. Je me lance dans ma concentration, laissant la sauvagerie locale m'imprégner et...


Funérailles !


C'est quoi cette sensation !?


C'est comme si la rage et la colère était concentrée, en ébullition.


Décontenancé, il me faut plusieurs secondes pour reprendre ma séance de méditation. Là... Voilà... Se voûter... Parler en grognant...


Ishima : Commencez !


Je reste en observation. Après tout, ce n'est pas moi qui suis en entraînement cette fois. Le guerrier reste immobile, la lame tremblant légèrement. Tu m'étonne vu sa façon de la brandir loin du corps ! Un poseur ?


Vu qu'au bout de cinq secondes il n'y avait toujours pas de réaction, je fonce en hurlant. Après tout, c'est aussi ce que font les Yokais. L'homme réagit enfin, pivotant et faisant deux pas en ma direction, brandissant sa lame vers moi.


Ro ?


L'aventurier amateur de boissons et de jolies filles ? Qu'est ce qu'il fabrique chez les Shinden ?

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