Chapitre 2 (partie 1/2)
Deux jours après ces événements, le convoi des marchands accompagné des Chouettes-Blanches quitta Gèle-fendre aux aurores.
Les six membres de l’escorte étaient tous à cheval, exception faite de Joshua, et répartit selon une formation précise : Shilva et Bourbon formaient l’arrière garde du convoi, Gabriel et Mirka au niveau du chariot des marchands et enfin la capitaine Sorya Romar était en tête accompagné de Joshua Gril juché sur le dos de son bouquetin.
Le Guerrier-Cuistot, portait son accoutrement habituel, sa Vorpoêle à la ceinture et son arme mystérieuse toujours attaché dans son dos. Il n’était pas fâché de pouvoir enfin quitter Gèle-fendre et pour cause : en plus de l’inconfort du baraquement qu’on lui avait assigné durant son court séjour dans la caserne, il avait eu du mal à ne pas être solliciter par les militaires : à la suite de son duel avec la haute elfe Romar, tous les soldats voulurent s’entrainer avec lui.
Combattre ne posait gère de problème au jeune homme, mais il n’avait pas envie de le faire du matin au soir entouré d’homme et de femmes pour leur simple divertissement.
Pour lui éviter d’être harceler, l’officier avait alors désigné par tirage au sort cinq candidat par jour. Chacun d’eux affrontèrent alors le guerrier-cuistot en combat singulier, et tous se retrouvèrent les quatre fers en l’air avec des bleues, ce qui ne manqua pas de faire rire beaucoup de leurs camarades.
C’est donc certes avec quelques courbatures mais très heureux que le Joshua quitta la forteresse de Gèle-fendre. Dès le départ cependant quelque chose le dérangea, et il comprit vite qu’il s’agissait des commerçants en eux-mêmes qui étaient à l’origine de son pressentiment.
La cheffe des marchands était une femme d’une quarantaine d’année, aux cheveux châtains coupés en carré. Dans le chariot qui contenait plusieurs caisse et paquet étaient rassemblés les quatre camarades de la commerçante. Toutes étaient des femmes, deux humaines trentenaires une plus jeune qui devait approcher des vingt ans et enfin une demi-elfe d’un âge indéterminé.
Si les soldats de l’unité Chouette-Blanche ne voyait rien d’anormal dans cette équipage féminin, Joshua lui n’avait pu s’empêcher de remarquer les corps musculeux des quatre « marchands ». Bien qu’il se dît que cela était probablement dû à leur mode de vie nomade, mais son instinct lui criait autre chose.
Mais ne sachant mettre le doigt sur ce que c’était exactement, Joshua laissa cette mauvaise impression de côté. Il devait être concentré, le voyage que lui et ses compagnons entreprenaient allait être long et dangereux.
La petite troupe progressa sur la route de terre et de caillou pendant plusieurs heures. À la mi-journée la caravane arriva en vue des premières zones enneigées, du col de Glace-pillé. La leader commerçantes proposa de faire une pause avant de s’engouffrer dans la neige, la capitaine Sorya n’y vit aucune raison de s’y opposer : les montures avaient besoin de repos et leur cavalier de se dégourdir les jambes.
Pendant que les marchands et les soldats préparaient un repas de fortune, la capitaine Romar envoya le Guerrier-cuistot, ainsi que Borbon le hobbit faire une rapide reconnaissance des environs. Ils allaient entrer sur le territoire des gobelins, il fallait s’assurer de ne pas être pris en embuscade. Joshua ne se fit pas prié, le semi-homme était cependant étonné d’être choisit comme son binôme.
-À vos ordre, dit le jeune homme, mais je me permets de vous dire qu’il y ait peu de chance pour que le rata soit prêt à notre retour.
Sur ses mots il tourna les talons et s’avança dans la neige en trottinant. La haute elfe ne mit pas longtemps à comprendre ce qu’il voulait dire au sujet du repas : en effet, elle vit que ses hommes se démenaient encore pour allumer le feu. Juste avant que Borbon ne s’engage à la suite de Joshua, l’officier lui chuchota :
-Garde un œil sur lui, si je fais confiance à ses capacités, ses motivations c’est autre chose.
-À vos ordre, je veillerais à ce qu’il ne « mitonne » aucun mauvais coup. Ajouta le semi-homme avant de s’élancer à la suite de Joshua aussi vite que ses courtes jambes lui permettaient.
Elle soupira et eu un petit rire, se demandant quelle autre surprise le jeune humain réservai à son unité.
***
Joshua monta la pente douce couverte de neige en quelques secondes, il déboucha alors sur un large plateau entouré de hauts rochers. Le semi-homme flanqué de sa lourde arbalète le rattrapa, le souffle court et le visage inondé de sueur.
-Tu aurais…au moins pu… m’attendre.
-Pardon, répondit simplement le Guerrier-Cuistot, je ferais plus attention.
Borbon fut surpris d’entendre Joshua s’excuser aussi facilement. Le caractère taciturne du jeune humain ne lui avait jamais laissé envisager qu’il puisse faire preuve de politesse jusqu’ici.
De son côté, Joshua avait déjà commencé à remplir sa mission d’éclaireur. Ses sens de chasseur balayèrent les environs. Pendant les premières minutes il ne perçut rien, lui et son camarade court sur pattes s’avancèrent sur le plateau.
Puis le vent tourna et c’est ce qui lui sauva la vie, une odeur pestilentielle frappa ses narines. Il sentait…de la sueurs…et…de l’urine. Il dégaina sa Vorpoêle et poussé par son instinct de chasseur, il tira Borbon par le col et le plaqua contre un rocher, veillant à ce que le vent ne porte pas leurs odeurs.
Le semi-homme voulut protester, mais Joshua lui couvrit la bouche et lui intima de se taire. Puis il désigna le promontoire à l’est du plateau, Borbon compris vite ce qu’il voulait dire. Sans dire un mot, le soldat arma son arbalète, avec une facilité surprenante compte tenu de sa taille par rapport à l’arme. Le Guerrier-Cuistot avait oublié qu’il était face à un soldat, mais il doutait encore quelque peu des capacités de tireur du semi-homme. Toutefois il ne pouvait s’attarder sur ce détail.
Joshua avait un horrible pré-sentiment, les odeurs qu’il percevait indiquaient clairement la présence d’ennemis embusqués.
Les deux éclaireurs devaient accomplir leur devoir et identifier la menace. Le Guerrier-Cuistot progressa alors en se dissimulant derrière les nombreux rocs disséminés sur le plateau, le nabot arbalétrier sur ses talons. Tous ses sens ouverts, il finit par entendre des voix, aiguës et saccadées. Il ne comprenait pas la langue qui était parlée, mais il reconnaissait ce dialecte grossier.
Ce qu’il vit sur l’un des promontoires au-dessus du plateau, ne fit que confirmer ses suppositions : cinq gobelins étaient placer en embuscade. Deux archers et trois autres armés de lances et d’épées grossières.
Tachant de conserver son clame, Joshua réfléchit vite et bien : ce groupe ne pouvait pas être les seuls gobelins, ces peaux-vertes se déplacé toujours en horde. Ces cinq-là devaient être des éclaireurs.
Il fit quelques signes à son camarades, qui ne mit pas longtemps à comprendre le plan. Borbon s’empressa d’escalader un immense rocher. Une fois à son sommet il avait une vue parfaite des peaux-vertes. Son arme en place il fit un signe de tête à Joshua, attendant son signal.
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