Précautionneusement, Amanda grimpa les larges planches de bois brut qui faisaient office de marches de fortune. Elle aimait le côté naturel de cette cabane nichée au cœur de la forêt. Rien de superflu. Tout était d'origine et l'ensemble répondait aux besoins des éventuels visiteurs, qu'ils fussent humains ou... féeriques !

Telle était la vocation de ce lieu. Une passerelle entre les mondes, entre les peuples, magiques ou non. Un refuge perdu au milieu de nulle part, qu'un sortilège rendait invisible à ceux qui n'étaient pas animés de bonnes intentions. Il fallait y croire, très fort, mais surtout venir en ami.

Au fil des ans, le refuge voyait sa fréquentation humaine diminuer, allant de pair avec l'essor des nouvelles technologies. Ainsi était le nouveau Dieu qu'ils vénéraient. Celui qui se nourrissait de leurs rêves, de leurs espoirs et de leurs peurs. Ces petites idoles qu'ils ne quittaient jamais, nichées entre leurs doigts, leur ôtaient la vue. Ils passaient à côté de la beauté de ce monde et ça, Amanda ne pouvait s'y résoudre elle-aussi.

Écrasée par le poids de son énorme sac à dos rouge, elle se félicita d'être arrivée jusqu'ici. Si tout se passait bien, elle aurait la chance de rencontrer des fées au fil des prochains jours. Ou d'autres créatures enchanteresses ! Impatiente, elle poussa doucement la porte de son logement temporaire et apprécia l'ensemble. En plus du mobilier pour son espèce, de petits aménagements étaient là pour accueillir des fées et d'autres êtres de petite taille. La cohabitation était possible. Elle avait donc d'énormes chances de rencontrer quelqu'un, ou quelque chose. Ce refuge était un phare dans la nuit. Une terre d'asile pour les nécessiteux extraordinaires.

Tout sourire, elle lâcha son paquet à même le sol et retourna sur le balcon improvisé. Elle ne voulait pas perdre une seule minute ! Fébrile, elle alluma la petite lanterne magique censée attirer les plus proches êtres magiques et déposa un nectar sucré dans une grande soucoupe. Une offrande pour les fées assoiffées qui venaient s'abreuver tels des colibris intimidés. Elle avait hâte de les rencontrer ! Des étoiles pleins les yeux, la tête submergée par ses rêves, elle se posa sur la plus haute marche et attendit. Ils pouvaient bien venir, elle était prête !