Pour ma pomme
Ça y est, je sens qu'il y a comme un pépin.
Et, bien sûr, ça va encore être pour ma pomme.
Les événements, les gens, tout m'assomme.
J'en peux plus de me prendre des pains.
C'est facilement que la situation se gâte,
Pourrie inexorablement jusqu'au trognon.
Elle ronge tel un ver ta première impression.
T'atterre et, sans effort, à terre te mates.
Ma théorie est différente de celle de Newton,
Elle en atténue par la même la gravité.
Elle ne parle peut-être à personne
Mais régale ma dévorante acidité.
« La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre »,
Ce prétexte est bon pour ceux qui palabrent.
« Allez au sabordage ! Pas de quartier »,
Pour te finir ils ne se feront surtout pas prier.
Il y a l'instant où l'on vient te cueillir,
Puis celui où les appétits commencent à mûrir.
La faim justifiant les moyens, c'est fatal,
La moindre écorchure sert à nourrir leur fringale.
Ma théorie est différente de celle de Newton,
Elle en atténue par la même la gravité.
Elle ne parle peut-être à personne
Mais nous met sur un pied d'égalité.
Mes faits et gestes minutieusement épluchés,
Dans le vif il ne leur reste plus qu'à trancher.
Finalement, ils ne font de moi qu'une bouchée.
Ils ont eu ma peau et la satisfaction recherchée.
Pourtant je ne suis pas de la mauvaise graine.
Malgré leur traitement, j'aspire à rester saine.
Ils sont rassasiés, moi je veux juste être sereine.
Croquer à pleine dent ce qui en vaut la peine.
Ceci est un hommage pour ma pomme.
Que de telles flèches plus jamais ne la sonnent.
Et que l'égoïsme, lui aussi fruit de l'Homme,
D'une poire ne lui fasse prendre la forme.
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