Arrivé à l’orée de la forêt, j’ai enfin aperçu le village. Les rennes étaient épuisés. D’ailleurs, Rudolphe venait juste de me déposer près de l’auberge lorsqu’il s’est endormi. Malgré le fait que la nuit soit tombée depuis plusieurs heures, j’ai trouvé leur fatigue étrange. En effet, ces rennes étaient normalement capables de parcourir le monde entier en une nuit ! D’ailleurs, à bien y réfléchir, n’aurions-nous pas dû effectuer ce trajet beaucoup plus rapidement ? Habituellement, ils parcourent les quatre cent cinquante kilomètres entre la vallée de Kebnekaise et Rovaniemi en à peine quelques minutes.

Je les ai observés un instant pour être sûr qu’ils allaient bien puis j’ai frappé à la porte de l’auberge. Très vite, une grande dame aux cheveux gris est venue m’ouvrir. Sur le coup, elle a semblé perplexe et m’a refermé la porte au nez. Elle ne m’avait pas vu !

J’ai frappé de nouveau.

Cette fois, lorsqu’elle a ouvert la porte, je me suis empressé de la saluer.

« Bonjour madame » ai-je prononcé en m’inclinant.

Étonnée, elle a baissé la tête avant de s’agenouiller devant moi.

« Oh ! Comme tu es mignon ! » s’est-elle exclamée en portant les mains à sa bouche.

Elle m’a fait entrer et m’a fait asseoir près de la cheminée qui crépitait.

« Tu as de la chance. Le dernier client vient d’aller se coucher et j’allais l’éteindre. Mon pauvre ! Tu as l’air frigorifié ! »

Je n’ai pas eu le temps de lui répondre qu’elle m’apportait déjà une couverture, une grosse part de brioche toute chaude et une tasse de chocolat fumant.

Je me suis un peu brûlé la gorge en avalant ce fabuleux premier repas. J’ai tout dévoré (sauf la couverture évidemment) en seulement quelques secondes.

Des aliments sucrés ! Voilà ce que mangent les lutins ! Au moins, maintenant, je le sais.