L’appât
- Si le renard te surveillait, il ne doit pas être loin, s’est-elle écriée joyeusement.
- Oui mais on ne peut pas sortir d’ici ! On est encerclés par les lutins-zombies !
- Alors, il faut le faire venir ici, a-t-elle déclaré en se levant brusquement.
J’ai regardé la porte et les fenêtres condamnées et je me suis encore dit qu’elle perdait la tête.
Elle a ouvert son congélateur et a sorti un gros morceau de poisson. Il sentait très fort et je me suis bouché le nez. Elle m’a annoncé qu’elle comptait le manger pour les fêtes et que c’était pour une bonne cause. Elle l’a mis dans son micro-ondes et a attendu.
Lorsqu’elle l’a sorti, la glace collée autour avait disparu et son odeur en était décuplée. Elle l’a humé et a souri. J’ai fait la grimace. Comment peut-on apprécier cette puanteur ?
Elle a éteint la cheminée et a placé l’appât dans l’âtre. Ensuite, on s’est cachés et on a patienté sans faire de bruit. Même Leiko a été calme. Je me suis blotti contre lui et on s’est endormi.
C’est un son de tonnerre qui m’a réveillé. J’ai sursauté et j’ai vu une boule de lumière blanche qui filait à travers le salon en rebondissant sur les murs. À chaque passage, les bibelots et les bocaux de Sanelma tombaient et se fracassaient sur le sol. Leiko a hurlé comme un loup. Sanelma observait le désastre en restant bouche bée.
Je suis sorti de ma cachette et l’éclair s’est figé. Le renard a pris forme devant mes yeux ébahis. Il avait le morceau de poisson dans la gueule mais se sentait piégé. J’ai expliqué la situation à Revontuli. Il s’est assis calmement au milieu du salon. Je crois qu’il a compris.
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