Pockets - Easy Life

– Ooooh, il est amoureux, le petit Antoine ?

Martin se prit un coup de poing dans l’épaule.

– Ta gueule ! Et de toute façon est il est pas gay.

– Comment tu peux le savoir, tu lui as demandé ?

– Nan, mais j’ai utilisé la technique de lui demander ses actrices pornos préférées, et il a sorti deux ou trois noms sans hésiter.

Martin haussa les épaules et fit la moue.

– Peut-être qu’il connaît la technique… Ou qu’il est bi ?

– Nan, aucune chance, c’est juste un énorme beauf alcoolique. Mais ça change rien au fait qu’il est super sympa et super mignon ! Et surtout, tu dis rien de tout ça à Emma, elle m’a dit qu’il avait essayé de la draguer et qu’il avait été super lourd, elle me tuerait si elle apprenait ça.

– T’inquiète pas pour ça. Mais du coup, vous avez rien fait de la soirée ?

– Nan, on a mangé et on a regardé toute une saison d’une série, et puis on a fait quelques parties de Mario Kart.

– Et après ?

– Et après, bah il était déjà deux heures du mat’, donc j’lui ai laissé le lit puisqu’il y avait déjà pris ses marques pendant la soirée. Et j’suis allé dormir sur le clic-clac.

– Mais maintenant, tu comptes faire quoi avec lui, vu que t’as l’air sûr à cent pour cent qu’il va rien se passer entre vous ?

Le regard d’Antoine se perdit dans le vide un court instant. Il poussa un bref soupir.

– Bah… juste un ami, c’est très bien, hein. Pas forcément besoin qu’on s’embrasse et qu’on se fasse des câlins pour avoir une vraie relation et se sentir bien, nan ? Regarde toi et moi.

– Oooh, p’tit chat, tu vas me faire pleurer, là ! Par contre, t’y crois pas une seule seconde, de ce que tu racontes. Tu le sais.

Antoine fronça les sourcils.

– Comment ça ?

– Tu veux pas qu’il soit “juste un ami”, comme tu dis. Tu fais c’que tu veux, j’suis pas ton père, mais ça risque de te faire mal. J’ai peur que ça finisse comme avec Hippolyte…

– C’est pas pareil… Y avait trop de différences entre Hippolyte et moi. Et puis c’était y a deux ans, j’étais débile et j’avais vraiment trop forcé avec lui.

Martin ferma les yeux et soupira longuement. Il fixa son pote longuement, sans doute en quête d’un doute ou d’une faiblesse dans son regard. Mais Antoine s’était endurci avec le temps, et il restait droit, sûr de lui.

– Bon, si tu le dis, j’te fais confiance… Mais j’ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère dans quelques semaines avec un cœur brisé ! Surtout qu’il te reste pas beaucoup de temps, là, ça serait con de le gâcher…

– T’inquiète pas pour moi.

Antoine posa sa main sur l’épaule de Martin en se voulant rassurant, mais il eut la désagréable impression que cela produisait exactement l’effet inverse.

Emma débarqua dans le couloir, et se jeta sur les deux garçons quand elle les aperçut.

– Vous allez pas croire c’que j’vais vous raconter ! Euh, ça a pas l’air d’aller, vous deux ? Vous faites la même tête que quand on sort des cours d’algo. Y a eu un mort ?

– Nan, encore mieux ! Antoine a le zizi tout dur quand il pense à Tom, tu sais le mec qui s’est collé à toi l’autre jour ?

Antoine se retourna vers Martin, les yeux grand ouverts. Son visage rougit instantanément, et il fut brusquement pris d’envie de meurtre. Il le regarda fixement, lui faisant comprendre que sa vengeance allait être terrible.

– Nan mais sérieux ? s’écria Emma. Ce mec-là, ce gros lourd qui traîne avec Sacha ? Tu m’déçois, là. Avec ses airs de fuck boy et son regard hyper hautain.

Antoine ne comprenait pas. Ils ne pouvaient pas parler de la même personne, ce n’était pas possible ! A moins qu’il n’ait plusieurs personnalités qui soient diamétralement opposées, c’était inconcevable pour lui qu’il ait pu se comporter d’une telle manière avec Emma et qu’il ait pu être si gentil la veille.

– Il était pas du tout comme ça avec moi, j’te jure ! J’lui ai parlé et il était super…

Emma l’arrêta net en plaquant son index sur les lèvres d’Antoine. Elle avait un sourire diabolique, le genre de sourire qui précédait un véritable lâcher de bombe.

Elle lui fit signe de la main de se baisser, puis elle s’approcha de son oreille, et murmura :

– En plus, il avait une petite bite. Je l’ai sentie quand il s’est collé à moi…

Antoine la regarda en fronçant les sourcils.

– Mais j’veux pas savoir ça, j’en ai rien à foutre !

– Oh bien sûr que ça t’intéresse, répliqua-t-elle avec ce même air machiavélique. Tu penseras à moi quand tu lui baisseras le froc !

“J’aimerais bien que ça m’arrive” pensa Antoine, amusé.

Emma leva les mains en l’air en haussant les sourcils.

– Après, continua-t-elle, tu fais c’que tu veux de ta vie. Mais moi, j’ai l’oeil, j’te dis que c’est pas un bon gars. J’dis ça, j’dis rien, tu fais ce que tu veux de mon avis.

– Eh, c’est pas cool, c’que tu me fais !

Puis il se retourna vers Martin.

– Et toi, défends-moi ! C’est toi qui m’a mis dans cette merde, depuis tout à l’heure tu nous regardes en te marrant bien !

Mais Martin était déjà en train de commencer à s’échapper.

– Ouais désolé, on va être en retard en cours. Mais après, elle a pas tort, hein…

– Quoi ? s’écria Antoine en ouvrant grand les bras. Vous vous alliez contre moi, là ? Nan mais je rêve !

Il s’élança pour rattraper son pote, mais il fut interrompu par une vibration dans la poche de son pantalon. Il sortit son portable, et ses yeux se mirent à briller lorsqu’il aperçut la notification d’un message venant de Tom.

“Merci encore pour hier, c’était grave cool ! La prochaine fois, c’est moi qui t’invite !”