Chapitre 38
Happy Ending - Mika
(les paroles...!)
“Je m’appelle Antoine Pélissier, et je suis mort à vingt-et-un ans… et un jour. J’ai vaincu la malédiction qui durait depuis douze générations : j’ai survécu au jour de mon anniversaire. Et même si je n’ai tenu que quelques minutes de plus, c’est pour moi une immense victoire.
J’ai vécu une belle vie, pleine de rires, de larmes, de joie, de colère et de tristesse. Pourtant, j’ai l’impression qu’il n’a démarré qu’il y a un an, lorsque j’ai rencontré ce garçon… de manière assez atypique, il faut le dire !
D’ailleurs, je peux le voir, de là où je suis, au premier rang, la tête haute, en train de retenir ses larmes du mieux qu’il peut, comme il me l’avait promis. Je le vois même en train d’esquisser un léger sourire, il doit être en train de penser à moi, qui suis en train de le regarder, depuis tout là-haut.
Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde à mon enterrement. Il y a Emma et Martin, côte à côte, tous les deux la tête baissée, en train de cacher leurs larmes.
Je tenais à vous remercier, tous les deux, pour avoir été à mes côtés tout ce temps, pour m’avoir supporté quand je n’allais pas bien, et pour m’avoir donné beaucoup de courage ! Je n’aurais jamais pu aller aussi loin sans vous, et j’aurais sans doute été rempli de regret si vous n’aviez pas été là pour m’aider.
Derrière eux, il y a Maman. Elle s’est maquillée pour cette occasion, mais le mascara noir n’a pas tenu longtemps, vu la quantité de larmes qui coulent sur ses joues.
Je vous ai dit que j’étais mort le lendemain de mon anniversaire ? Eh bien pour tout vous dire, c’est faux. Mon coeur s’est arrêté à 23h42.
Mais ma mère est allée supplier le personnel médical de déclarer que ma mort avait eu lieu un peu plus tard, le lendemain. C’est grâce à elle que j’ai pu vaincre la malédiction.
Alors, merci Maman ! Merci de m’avoir fait vivre un jour de plus !
Il y a aussi mon père, aux côtés d’Hippolyte. Franchement, ça me surprend, je ne pensais pas qu’ils viendraient, ces deux-là. Ils sont sans doute remplis de regrets et de remords, et auraient souhaité que ça se passe autrement. Maintenant que l’histoire a été révélée et que tout le monde est au courant, ils doivent se dire que s’ils avaient été là pour moi, je ne serais probablement pas dans une boîte en ce moment.
Eh bien, ils ont sûrement raison, mais ils ont peut-être tort aussi. En tout cas, je ne leur en veux pas. Mais ça, ils ne pourront jamais le savoir.
Il y a aussi des amis un peu moins proches, des anciens camarades de classe, de la famille plus ou moins éloignée, et même quelques journalistes. J’ai l’impression d’être une star !
Il fait froid et humide en ce jour, et au bout de quelques minutes, la foule commence à se vider.
Après une heure, il ne reste que Tom, Emma, Martin et ma mère.
Après deux heures, il ne reste plus que toi, Tom. Tu as froid et tu grelottes, mais ça n’a pas d’importance pour toi. Juste avant de partir, Martin a posé sa main sur ton épaule pour te demander si ça allait, tu t’es contenté de hocher la tête.
J’espère que tu ne m’en veux pas pour ce que j’ai fait… Je voulais te protéger, j’avais peur qu’il t’arrive quelque chose de grave. Et même après ce qui s’est passé, je ne regrette pas d’avoir agi ainsi, et je recommencerai s’il le fallait.
Je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. Tu m’as offert le bonheur alors que je pensais que je n’y avais pas le droit. Tu m’as enchanté avec tes cheveux d’or, bercés par la brise du soir, et tes lèvres pulpeuses, sur lesquelles j’ai pris tant de plaisir à déposer les miennes ! Et je sais que tu es en train d’y penser aussi, je te vois sourire ! Tu sais que je te regarde en ce moment même, et même si tu ne peux pas m’entendre, tu sais ce que je m’apprête à dire :
Je t’aime, Tom.”
Tom semblait désormais apaisé, son coeur battait lentement, et dans le froid humide de ce mois de novembre, il avait l’impression d’être enveloppé délicatement, comme si Antoine était encore vivant et qu’il lui avait posé une couverture sur les épaules.
– Je t’aime, Antoine… soupira-t-il, comme s'il l'avait entendu lui parler, de là-haut.
Il ferma les yeux, prit une grande inspiration, sentant l’air progressivement remplir ses poumons. Il avait l’impression que le temps était suspendu durant ce court instant…
Puis il rouvrit les yeux et soupira longuement. Après un dernier regard en direction de la tombe d’Antoine, il se tourna, puis s’en alla lentement, les joues rouges, les mâchoires serrées et les yeux humides.
Il aurait tellement voulu passer encore un peu de temps à ses côtés, même si ce n’était que pour un jour de plus…
FIN
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