Chapitre 8 : Le centre opérationnel - mise en action...
Un bureau dans les étages
Pendant ce temps, Jasper s'était rendu dans le bureau assigné au représentant de l'IGS. Déjà très éprouvé par l'intoxication de ses collègues et de son binôme mais aussi après la nuit qu'il avait passé à inventorier les restes de victimes, le lieutenant se sentait fébrile et fragile. Alors il se disait qu'il n'avait rien à se reprocher et que plus cet entretien se passerait rapidement, plus vite il pourrait retourner dans l'action.
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Pendant ce temps, en salle d'opération
- Sortez-nous un listing avec le plus d’infos sur les circonstances, les personnes incriminées, les disparus, les morts, les condamnations et la durée des peines d’emprisonnement des dernières enquêtes du Lieutenant Maignan. Dans tout ce fatras, on trouvera peut-être quelqu'un avec des motifs sérieux de vengeance.
Massias se pencha sur le brigadier Mornier.
- Regardez aussi, mais avec discrétion, pour le lieutenant Jasper, avant son concours de police. Son parcours universitaire et sportif, ses fréquentations…Des connexions que nous ne voyons pas pour l’instant apparaîtront peut-être.
Les neurones des deux officiers tournaient à plein régime.
- Bon avec tout cela, voilà de quoi vous prendre la tête pendant plusieurs jours. Alors au travail et dans la bonne humeur.
- Et que personne ne commande de pizzas à l’extérieur.
Ce trait d'humour laissa de marbre les collègues.
Certains sourires « jaunes » se dessinèrent sur les visages de l’assistance qui leva la séance dans un brouhaha insupportable de sièges ou de tables que l’on pousse sur le sol dans un pièce très mal insonorisée.
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Les deux capitaines vinrent s’assoir l’un en face de l’autre. Autour d’eux, une sorte de fourmilière humaine commençait à s’activer. Les gonds des portes battantes grinçaient sans cesse, rappelant le cri de suppliciés refusant d’avouer des crimes qu’ils n’avaient bien sûr pas commis.
Un étrange ballet de tableaux vitrés ou à façade en liège, accompagnés du chant des roulettes sur le sol, offrait un spectacle laborieux et sonore. Les gars de la technique commençaient à déballer des moyens informatiques. Par chance, la pièce pré-câblée éviterait d’utiliser du wifi. On installa une grosse imprimante, des ramettes de papier, des stylos, des marqueurs, des punaises, des trombones...
Sur une petite table, dans un coin près d’un lavabo, on installa une cafetière à côté du réfrigérateur. Après une courte absence, Joublain, redescendu de son bureau, arriva pour partager une bière avec ses officiers.
On lui devait quelques services dans la "Maison".
Il paraissait difficile de solliciter les commissariats des quartiers ou la Préfecture de Paris. Alors, il avait obtenu du renfort de l’une de ses anciennes affectations dans laquelle il avait servi plus jeune.
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- Sacré affaire commissaire, lança Tobias en trinquant avec le Patron.
- Oui ! Je ne vous le fais pas dire. Et en plus, un de mes meilleurs éléments se trouve au tapis. Son adjoint sous le choc. Et, pour couronner le tout, j’ai la nette impression que ma boutique ressemble à une véritable passoire.
- Ne vous inquiétez pas commissaire, reprit Massias. On va resserrer les boulons. Le gars de l’IGS a l’air réglo. Je ne sais pas si ça durera mais pour l’instant, il fait le job en nous laissant les rênes longues.
En quelques mots, ils indiquèrent la marche à suivre.
- On monte le PC.
- On récupère Jasper pour qu’il se sente impliqué.
- Et on avance.
Le Patron glissa entre deux répliques qu'il avait demandé du renfort pour la protection de ses officiers.
- Normal. Mais ils en ont vu d’autres et c’est des gars solides. On va démonter le tordu qui mène la danse, lui et tous ses acolytes. Mais de l'aide sera toujours utile. Surtout pour éviter les coups par derrière.
- D’autant, reprit Tobias après une longue gorgée, qu'on va pas manquer de pistes à explorer et cela risque de prendre des plombes. Entre les empreintes sur les fragments de corps, les fadettes ou les relevés téléphoniques sur les officiers et depuis le commissariat, les livraisons de plats cuisinés, la découverte d’un livreur blessé dans une ruelle vers midi hier…
Cette dernière information avait surpris tout le monde dans la mesure où les secours avaient été prévenus par des passants et le lien n'avait été établi que bien plus tard dans la journée au moment où l'hôpital avait cherché à contacter l'entreprise. Finalement le commissariat avait pu alors recouper cet information avec l'agression de la veille.
- Oui j'ai appris cela tout à l'heure. Cela explique comment le faux livreur s'est introduit dans nos locaux.
- Il faut arriver à dresser un profil de notre meurtrier dit Joublain.
- Oui, comprendre son mode opératoire, ses motivations.
- Va-t-il recommencer comme une sorte de croisade ?
- A-t-il quelqu’un à venger ?
- Est-ce que c’est Maignan qui l’a mis en taule et qu’il cherche à se le faire en brouillant les pistes ?
- Ce qui est clair, les gars, sembla conclure le patron, en rajustant sa cravate sur une bedaine plutôt prononcée, et en puisant dans sa longue expérience, c’est que nous avons affaire à un meurtrier très intelligent, organisé, méticuleux.
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Tout en énumérant ses arguments, il s'accompagnait d'une gestuelle montrant successivement ses doigts.
- Il ne laisse rien au hasard, poursuivit-il. On peut logiquement avancer qu'il dispose de moyens financiers, de soutiens, de partenaires, d’un ou plusieurs repaires et surtout qu'il n’a aucun état d’âme. On est loin du clown triste qui faisait rire ou pleurer les enfants pendant les spectacles !
=O=
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