Appel à texte 2020
Prescription médicale
— Vous n’êtes pas sérieux docteur ?
— Ce n’est pas la seule solution, Madame Travis, mais c’est celle qui vous procurera rapidement les effets escomptés sans médication.
— Et je fais comment moi ?
Il est drôle lui. Je viens consulter pour une petite baisse de moral, un état dépressif, comme disent certains, surtout à l’approche de l’hiver et après cette année de m… enfin, pardon, cette année difficile et il me conseille quoi ? De coucher ? Je n’ai déjà pas envie de sortir de mon lit, alors sortir de chez moi pour me trouver un mec, autant dire mission impossible.
— Qu’est-ce que vous aimeriez que je vous explique, Madame Travis ? La marche à suivre pour faire une rencontre ou les gestes à opérer une fois dans un lit avec un homme ?
Je relève la tête, surprise par sa question et le regarde d’un air ahuri. Il ne vient pas de me proposer un cours sur la sexualité ? Si ? Non ! J’ai dû rêver.
— Je pensais qu’à votre âge, poursuit-il.
— Non, non, l’acte, c’est bon je gère. Enfin, j’ai su, même si cela fait longtemps… j’étais plutôt douée, il me semble.
— C’est parfait. L’endorphine sécrétée lors du plaisir est souvent similaire à un opiacé. Au bout de vingt minutes environ après une excitation extrême ou une jouissance, vous devriez ressentir une sensation de relaxation, de bien-être ou même d’euphorie. Je vous prescris un orgasme par jour dans un premier temps, mais vous allez sans doute augmenter la dose, tant cette hormone vous paraîtra votre meilleure amie. Ne rechigner sur aucune occasion, que ce soit seule ou en bonne compagnie. Tout en prenant soin de vous protéger, évidemment.
Ah oui, seule… cela pourrait être une idée pour commencer. M’offrir quelques orgasmes, bien à l’abri chez moi. Parce que sinon… je ne vois pas. Les rues sont désertes, ou presque, les bars sont fermés, je ne parle même pas des boîtes de nuit… Mais alors, où faire des rencontres ?
Une boulangerie m’accueille avec une bonne odeur de pain. Les endorphines se trouvent aussi dans les plaisirs gustatifs, non ? Je vais commencer par une viennoiserie. Ce sera mon premier orgasme… culinaire.
Mais vous vous en doutez, le bien-être ne fut que de courte durée et vingt minutes après ce n’est pas l’euphorie qui guide mes pensées, mais bien la culpabilité en voyant mes hanches dans le miroir. Est-ce que j’avais besoin de m’enfiler cinq cents calories gratuitement ? Sérieusement ? Après ces mois de confinement, sans sport, rencontre, ou sorties, les kilos semblent les seuls à se plaire en ma compagnie. Je soupire en me grondant et m’affale dans le canapé saisissant la télécommande.
Mon esprit, trop heureux que le doc lui ait fait des suggestions pour aller mieux ne me laisse pas tranquille durant mes heures de sommeil. J’ai d’abord rêvé de corps masculins trop beaux pour être vrai, vous savez de ceux que vous ne voyez que dans les magazines. Et comme si ce n’était pas suffisant, il m’a emmené dans un fantasme si proche de la réalité qu’au petit matin je me réveille en sueur.
Mais je n’ai pas le temps, il me faut un café et dans cinq minutes, la première réunion de la journée a lieu. J’analyserai mes pensées nocturnes après.
La vibration de mon téléphone m’annonce l’arrivée d’un message. « Le boss veut tous nous voir, ce matin. Branche ta caméra et… habille-toi ! » me charrie ma collègue. C’est la seule qui arrive à me sortir de ma bulle de léthargie, et la semaine dernière je lui avais avoué passer des journées entières en pyjama.
Je lance un regard sur ma tenue et même si elle est trop courte pour être vue par mon patron, le haut ressemble à n’importe quel t-shirt. Des manches, une couleur tendre, seul le motif peut faire penser à un pyjama, mais si je ne montre que mon visage, il ne verra pas que je pense passer la journée avec Hello Kitty. Par contre, je n’ai vérifié ni ma coupe de cheveux ni les cernes sous mes yeux. Et cela ne manque pas.
— Katelyn ? Vous êtes souffrante ? s’étonne mon supérieur.
Surprise par sa question, j'observe mon reflet, et tente un sourire qui ne le rassure pas.
— Petite nuit, Monsieur. Mais non, tout va bien.
Le silence qui suit ma tirade me confirme que je n’ai berné personne. Heureusement, il n’insiste pas. Il nous détaille la séance du matin.
— Mais avant de commencer, je veux vous parler de Thomas Pears, notre nouveau collaborateur.
Pardon ? En plein confinement, ma boîte engage ? Et il sort d’où ce Thomas ?
— Comme vous vous en doutez, les chiffres sont en perpétuelle augmentation et la crise a lieu partout sauf pour nous. Heureusement. Je ne cesse de reporter des mandats, je me devais d’agrandir l’équipe. Il va nous rejoindre dans quelques minutes en visio. Ce jeune homme, dynamique a suivi une formation chez…
Je n’écoute plus. Encore un nouveau collaborateur, un mec en plus. Sans vraiment comprendre, je me sens lasse et n’ai pas vraiment envie de faire connaissance d’une énième personne. Sourire, paraître heureuse de l’inclure dans l’équipe, lui donner quelques conseils hors séance avec le boss, ça m’épuise d’avance. Mais ai-je le choix ?
— Ah et… Katelyn, je compte sur vous pour le briefer sur le projet Plaisure, vous avez réclamé de l’aide, voilà une énergie toute nouvelle.
Quoi ? Non, mais il n’est pas sérieux quand même ! Oui, j’ai demandé de l’aide… un graphiste ou un illustrateur pour la conception de logo, pas un autre informaticien capable de coder les pages pour créer un site fonctionnel.
Mais je n’ai pas le temps de le contrer qu’une nouvelle fenêtre apparait sur mon écran suivi d’un visage souriant. Merde, il est mignon en plus. Sans rien pouvoir contrôler, je passe mes mains dans mes cheveux et tente de redonner un peu d’allure à ma coupe. C’est peine perdue, mais j’essaie quand même. Mes boucles s’emmêlent entre mes doigts, un nœud se fait récalcitrant et m’arrache une grimace.
La réunion se termine, les différents dossiers ont été passés en revue et le petit nouveau a su se faire discret quand il le fallait et a trouvé une solution à un problème pour un site marchand géré par ma cop’s. Il n’est peut-être pas si mal, finalement.
— Katelyn et Thomas, je vous laisse faire plus ample connaissance. Mais renvoyez-moi dans la journée votre planification pour votre projet commun, j’ai un débriefing avec le client demain matin.
Zut, moi qui pensais pouvoir faire une pause, me voilà coincée, en tête à tête avec ce gars. Je voulais prendre une douche, manger un bol de céréales, bref me remettre un peu la tête à l’endroit avant d’attaquer le reste de la journée. Et je ne vois pas trop de quoi on pourrait encore parler, on a déjà tout dit. Ou presque. J’en fais part au boss, mais Thomas me contre, expliquant qu’il a besoin de plus de précisions techniques. Je vais lui en donner moi des précisions… pipi urgence !
Mais j’attends que les autres quittent la conversation, puis lui annonce que je veux un nouveau café.
— Moi aussi. Si nous étions au bureau, j’irais te le chercher. Tu permets que je te tutoie au fait ?
On est collègue, apparemment le même âge ou presque, et dans le milieu informatique comme sur les réseaux sociaux, c’est devenu habituel. Sauf avec notre patron. Certains codes ne changent pas.
J’attends qu’il s’éloigne de son ordi avant de me lever, mais je n’ai pas prévu son retour précipité :
— Tu prends du lait ou du sucre dans ton… café ? demande-t-il pour plaisanter.
Surprise, je me redresse, tire sur le bas de mon t-shirt, me tourne et comprends que son hésitation a été dictée par la vision de mes fesses en plein écran. Évidemment, en me levant, j’ai fait tomber mon stylo, me suis penchée pour le ramasser et j’ai offert à la caméra l’entier de mon cul. Je me pince les lèvres, sens mes joues rougir et je lance un rapide coup d’œil sur le visage hilare de Thomas.
— Tu bosses souvent en pyjama ? me taquine-t-il ?
— Tant qu’à rester à la maison autant être confort, non ?
Je ne sais pas si c’est pour me déculpabiliser ou pour me mettre à l’aise, mais de suite, il se lève et sans rien me montrer, me répond :
— Tu as raison, je vire le jean, tu permets que je retire aussi la cravate ?
Je ferme les yeux, souris et hoche la tête. Pour son premier jour, il avait voulu faire bonne impression. Et je le comprends. Je m’éclipse en vérifiant que je ne lui montre plus rien de mon anatomie et file au bout du couloir faire ma petite affaire.
Une heure après, nous avons terminé. Chacun s’occupera d’une partie bien spécifique du site et je suis ravie, parce qu’il m’a laissé choisir mes préférences. Un peu avant de se saluer, il me demande s’il peut me poser une question plus personnelle :
— Tu as déjà vu mes fesses, je pense que je n’ai plus grand-chose à te cacher, dis-je en riant.
— Mon visage ne te dit rien ?
— Ton… visage ? Non. Pourquoi ? Je devrais ?
— Hier, tu es venu au cabinet du docteur Mackinson ?
Comment peut-il le savoir ? Je plisse les yeux et hoche lentement la tête impatiente de la suite.
— J’étais dans la salle d’attente quand tu es sortie de son bureau.
Super ! Magnifique ! On fréquente le même psy. Je me renfrogne et croise les bras sur ma poitrine.
— Oui. Et ?
— Hmm… j’ai entendu ta dernière phrase.
Attend, qu’est-ce que j’ai dit en quittant les lieux ? Je ne me rappelle plus. Je l’encourage à poursuivre.
— C’est un peu… délicat, Katelyn… Tu veux vraiment que je répète ?
— J’me souviens de ma conversation avec le doc, mais pas vraiment ce que je lui ai dit sur le pas de porte. Alors oui, je veux bien que tu me répètes ce que tu penses avoir entendu, ou compris.
Il passe une main dans ses cheveux ce qui les ébouriffe, son regard se fait plus lumineux et son sourire lui apporte un charme supplémentaire… bordel, il n’est pas mignon, il est carrément à tomber.
— Tu as répété au médecin que oui, tu avais bien compris… qu’il fallait que tu baises et vite !
Hein ??? Non… non… je… je me souviens en effet d’avoir dit ces mots pour le rassurer, mais je ne l’ai pas fait… alors que la porte était ouverte. Si ? Je ferme les yeux, me cache le visage dans mes mains et soupire de confusion.
— T’excuse pas. C’était assez drôle, je dois dire, mais… depuis que tu m’as montré tes fesses, je dois bien t’avouer que…
— Que ? Qu’est-ce qu’il a mon cul ?
— Il me donne envie.
Comme ça… direct ! J’avais déjà compris qu’il n’était pas du genre à prendre les contours quand un raccourci existait, mais quand même.
— Dois-je te rappeler qu’on bosse ensemble ?
— Pas la peine, et là honnêtement, je regrette de ne pas être au bureau.
— Ah oui ? Et pourquoi ?
— J’ai visité la boîte la semaine dernière et… j’ai remarqué le local des réserves. La table serait parfaite pour…
— Attends… tu n’es pas sérieusement en train de me dire que…
— Si ! Tu me plais… même avec tes cheveux en bataille et ta mine encore un peu fatiguée. Je trouve même Hello Kitty très mignonne sur toi. Je me verrai bien là, t’entraîner dans ce petit local, poser tes fesses sur le plateau, écarter tes genoux, passer mes mains sur ton corps, soulever ton t-shirt pour y découvrir tes seins nus. Je les empaumerai, les caresserai avant de les embrasser, les téter, les sucer…
— C’est bon. J’ai compris le message, grogné-je en sentant une certaine chaleur envahir mon corps.
C’est qu’il arriverait à m’exciter, ce plouc. Faut dire pour sa défense que le sexe est un peu absent de ma vie depuis trop longtemps, mais comme je l’ai expliqué hier au psy, la période n’aide pas aux rencontres.
— Et donc ? Tu accepterais ?
— De quoi ? Te suivre ?
Il hoche la tête en déboutonnant le haut de sa chemise. Il me fait quoi là ? Il ne veut pas faire ça en webcam quand même ?
— Qu’en réel, et encore, il te faudrait quelques arguments en plus. Hello Kitty ne suffit pas, dis-je en riant.
— Je comprends, répond-t-il plus penaud. On boucle alors ?
D’un coup, je me sens frustrée que le jeu s’arrête. Mais après l’avoir interrompu, je ne peux pas trop revenir en arrière. Par contre, je pourrais peut-être m’en inspirer pour m’amuser toute seule. Je le salue, on vérifie la date de notre prochaine visioconférence et je lui promets de rester dispo s’il a encore des questions sur le client ou ses attentes. Je garde le poste de responsable du projet, et j’avoue être assez contente que le boss l’ait bien formulé de cette manière.
Trente minutes après, hésitant entre appeller au traiteur ou me cuire une omelette, je suis surprise par la sonnette de mon immeuble. Je décroche l’interphone et questionne le visiteur :
— C’est Thomas, j’ai une prescription médicale pour toi.
Un sourire sur les lèvres, j’appuie sur le bouton d'ouverture de la porte de l'entrée. Une prescription médicale ? Rien que ça. Du regard, je passe en revue l’état de mon appart… une véritable catastrophe. Mais je n’ai pas le temps de ranger, pas même celui de me changer. Hello Kitty est encore sur place, avec une paire de chaussettes pour parfaire le tableau. Sexy vous trouvez pas ? Pas trop, vous avez raison. Par contre, il me manque trente secondes pour l'accueillir mieux et je ne les ai pas. Il est déjà à la porte. Sans vraiment m’en rendre compte, mon corps s’est réveillé et s’impatiente. Ma main n’hésite pas, la poignée s’abaisse, la porte coulisse, et un sourire l’accueille.
Il me tend un carton de traiteur au bout de la rue, claque le battant et fonce sur moi.
— Si nous étions au bureau, je me serais fait plus pressant durant la réunion. Tu veux que je te montre ?
Je glousse. Évidemment que je veux qu’il me montre. Mon dos se plaque contre la paroi, mes yeux se ferment en sentant ses lèvres se coller dans mon cou. Il picore ma peau, déposant des baisers dans le creux sensible qui me fait frissonner. Il me retourne, place ses mains sur mon ventre, par-dessus mon t-shirt, et poursuit la découverte de ma nuque.
— Je me serais glissé derrière toi, j’aurais pris ta souris pour te guider et te faire sentir mon envie. Tu aurais respiré mon après-rasage comme tu le fais en ce moment et j’aurais dégusté ton odeur de femme.
Sans attendre, il inspire profondément puis me chuchote que je sens bon. Ah oui ? Ma douche d’hier peut-être… En tout cas, ça fonctionne… je me liquéfie de seconde en seconde, sa voix rauque dans le creux de l’oreille et ses paumes chaudes que je sens à travers le tissu. Son torse se love dans mon dos, son bassin contre mes fesses, à peine plus haut, mais c’est inutile de vous dire que je devine son membre durcir. Ses doigts s’amusent à tricoter le coton de mon seul vêtement. Il glisse en haut de mes cuisses, ne cache plus mon intimité, puis mon ventre se laisse découvrir et lorsque ses paumes sentent la chaleur de mon corps, il n’hésite plus et d’un geste rapide vire mon pyjama. Je hoquète. Je le veux lui aussi nu. Y a pas de raison.
— Toute nue pour un rendez-vous avec ton boss… j’adore.
— Je dors sans rien, j’ai juste enfilé un t-shirt, dis-je en me retournant et en déboutonnant sa chemise.
Il m’aide à retirer les manches, dézippe son pantalon qui tombe à ses chevilles. Une fois enlevé, en même temps que ses chaussures, on se retrouve pareil… les pieds emmitouflés dans du coton et le reste du corps en émoi. Il m’écarte une jambe que je soulève et appuie sur son bassin. Il parcourt mes formes, ma poitrine, mes hanches avant de s’approcher de ma fente. Quoi déjà ? Euh... oui, c’était un peu le but de sa visite non ? Prescription médicale qu’il a dit.
Ses doigts me touchent, me caressent, jouent de mes réactions, alors que sa bouche embrasse mes seins. Ma main droite saisit son sexe et le cajole de haut en bas, s'amusant à serrer et desserrer mes doigts autour. Lui aussi semble sensible et recule parfois brusquement son bassin, mais sans jamais échapper à mes caresses.
Lorsque les respirations deviennent plus fortes que la température augmente, il s’éloigne une seconde, sort un préservatif de sa poche, me fait lâcher notre menu et me demande de nous protéger. Il a vraiment tout prévu.
Le jeu s’intensifie, son regard sombre, illuminé par l’envie plonge sur moi, sa bouche emprisonne mes lèvres, un doigt me pénètre, suivi rapidement par un second et je couine. Je le mouille et m’effondre dans ses bras. Il me soulève, j’écarte les cuisses, les crochète derrière lui et l’instant d’après… son gland se faufile entre mes lèvres, mes parois se font accueillantes et sa queue grossit. J’étouffe un juron, ça fait si longtemps.
Mon dos coulisse contre le mur au gré de ses à-coups, ma poitrine se comprime entre nos corps, sa bouche gourmande me bouffe littéralement et ses doigts me caressent. Ce mélange détonnant me fait exploser rapidement. Bien trop rapidement à mon goût. Zut… J’aurais bien voulu que cela dure encore un peu moi.
Thomas ralentit jusqu’à s’arrêter, embrasse mon lobe d’oreille puis me chuchote :
— On vient d’inaugurer le couloir du bureau. Tu me montres la table de la réserve ?
Il veut… une table ? Euh… la cuisine alors. Mais elle n’est pas très grande. Il s’écarte de moi, garde mes doigts dans une de ses paumes. Je le guide dans mon petit espace, encore chancelante de mon orgasme.
— Tu aimerais boire quelque chose ? proposé-je pour prolonger un peu la pause.
Il répond qu’il a tout ce qu’il désire et sans attendre, me soulève, pose mes fesses sur le plan de travail, plus haut que la table en formica, écarte mes jambes et fond sur mon pubis. Il me lèche, s’insinue entre les replis de mes lèvres, gobe mon clito encore sensible et je couine.
— Tu es délicieuse. Goûte.
Sans attendre, son doigt récolte ma mouille et se glisse dans ma bouche. J'enroule ma langue autour et oui, j’avoue que… c’est pas mal. Légèrement sucré. Mais je n’ai pas le temps de bien déguster que ses succions me mettent dans tous mes états. Le plaisir grimpe, l’impatience aussi. Je pointe mes pieds derrière sa tête, puis les rassemble dans sa nuque, crispe mes doigts sur les rebords, me penche jusqu’à me cogner le crâne contre une étagère. Il relève le regard pour s’assurer que je vais bien, et ralentit la cadence de son léchage. Une main quitte le bois pour fourrager dans ses cheveux et plaquer sa barbe de trois jours contre mon intimité. Je veux qu’il me bouffe et je le lui dis. Est-ce que je lui ordonne ? Je n’ai plus vraiment de prise sur mes pensées ou sur mes mots. Bordel, c’est bon. Il est doué.
Au moment, où je sens les prémices de ma prochaine jouissance, il recule et je crie que j’en veux encore. Ses mains sous mes aisselles me soulèvent et m’emmènent au salon. Son regard circulaire s’arrête sur mon canapé. Sans me lâcher, il s’y installe et je me retrouve à califourchon sur lui. Oh oui, je désire moi aussi le baiser. J’ondule des hanches jusqu’à m’empaler sur lui, mes doigts s’agrippent au dossier, les siens s’amusent avec mes tétons tendus et nos corps se mettent à danser en harmonie. Tantôt, il soulève son bassin et accélère nos mouvements, tantôt j'ondule mes hanches pour caresser non seulement mon puits, mais également mon clito contre son pubis. L’intensité augmente, les grognements aussi, tout comme le rythme. Ses mains lâchent ma poitrine, se posent sur mes fesses et guident mon corps jusqu’à exploser après que mes parois aient comprimé son sexe. Cette seconde jouissance termine de m’épuiser. Je love mon front contre son épaule, tente de reprendre mon souffle, sentant des gouttes de sueur longer mon échine ou glisse entre mes seins.
Thomas m’embrasse dans le cou et me demande si je vais mieux.
Je hoche la tête, incapable de répondre. Tout mon corps paraît fourbu, mais mon esprit ne cogite plus. Sereine ? Oui, du moins en ce moment.
— Oui, pour l’instant, ça va. Merci.
— La prescription semble être la bonne alors.
— Faudra voir sur du long terme. Mais dans l’immédiat, je dois bien avouer que… oui. Le Doc avait raison.
— T’es pas en train de me demander…
— Pas de panique Don Juan. Je te laisse ta liberté. Je n’ai pas plus envie que toi de m’accrocher à un rocher. Mais… si de temps en temps, tu pouvais… me procurer une petite dose de plaisir… Je pense que je ne dirai pas non.
C’est même certain. Bonté… ça fait bien longtemps que je n’avais pas pris un pied d’enfer.
FIN
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