Cela, la ramena brusquement à la réalité. Elle ferma les yeux, une vague de tristesse l’envahissant.
Cette double vie, aussi excitante soit-elle, ne la rendait pas si heureuse. Elle se sentait prisonnière de ce rôle qu’elle avait créée, de cette Marie qui n’existait qu’au travers des pixels et de son clavier.

Elle répondit finalement à Vincent, mais ses mots étaient différents cette fois.
« Je pense que ça ne serait pas une bonne idée. Désolée. »
Il y eut un long silence, comme si Vincent de l’autre côté de l’écran ne comprenait pas, la nonchalance de ces mots.

Puis, enfin, une réponse :
« Je comprends. Bonne nuit, Marie. »
Elle restai un moment devant l’écran, immobile, ses doigts reposant sur le clavier.
Le silence de la pièce semblait plus lourd à présent, pesant sur ses épaules.
Elle ferma l'ordinateur d’un geste bref et rapide, coupant d’un seul coup toute cette vie parallèle.
Pourrait-elle revenir, demain, ou un autre jour ?

Peut-être bien.

Mais elle savait qu’une part d’elle-même s’était égarée dans ce jeu,
et qu’elle ne la retrouverait peut-être jamais.
Elle se leva, laissant la lumière tamisée derrière elle, et s’avança vers la fenêtre.

Dehors, la nuit était noire, épaisse, sans étoiles.
Un fantôme flottait dans l’obscurité, ce n’était pas elle.
Ou peut-être que si. Elle s’effaça doucement, rejoignant le silence de la nuit, un dernier sourire aux lèvres, juste avant de rejoindre Marc, dans leur lit.