Chapitre 7
Xanërra retrouva Ewen rapidement. Celui-ci lui posa doucement une main sur un bras, l’observant, l’air préoccupé. Même s’il n’avait pas tout vu, il ne connaissait que trop bien ce genre d’incident, l’ayant vu trop souvent par le passé.
— Rentrons. Dit-il.
Leurs achats ne semblaient plus vraiment urgents vu les circonstances. La femme hocha la tête, se mettant en route avec lui. Alors qu’elle marchait vers leur demeure, emmurée dans son silence, les émotions se bousculaient en elle. La scène jouait en boucle dans son esprit. Encore et encore. Arrivés en vue de la maison, Xan s’arrêta de marcher, regardant son père.
— J’ai besoin d’aller me changer un peu les idées..dit-elle.
— Je comprend. Répondit-il en la regardant.
— Merci. Ne m’attend pas pour souper. Ajouta-t-elle en déposant un baiser sur sa joue, le saluant ensuite de la main avant de commencer à s’éloigner.
Aussitôt hors de vue de ce dernier, son rythme de marche s’accéléra pour se transformer rapidement en course. Courir pour se vider l’esprit. Courir pour les sortir de sa tête. Après plusieurs minutes, elle n’eut d’autre choix que de se rendre à l’évidence. Ça ne fonctionnait pas. S’arrêtant en posant les mains sur un mur, question de reprendre son souffle, la constatation qu’elle fit en regardant les alentours la surpris. Ses pas l’avaient inconsciemment conduite à son sanctuaire, son refuge. Bricoler faisait toujours des miracles pour se vider la tête.
Xan gravit donc l’échelle sans plus attendre. Une fois arrivée sur le toît, l’ingénieure observa ses boîtes en se demandant sur quoi se défouler. Travailler sur les informations à décrypter restait hors de question, considérant son manque de concentration actuel. Elle s’agenouilla devant son monticule de matériel pour y fouiller frénétiquement en quête de la perle rare. Quelque chose qui arriverait à retenir suffisamment son attention pour l’empêcher de penser.
Sa recherche porta finalement ses fruits et la métisse se redressa avec le circuit interne d’un mini-ordinateur. Cela faisait maintenant quelques mois qu’il attendait qu’elle daigne s’y intéresser à nouveau. Malgré son apparence banale, ce petit processeur possédait le potentiel de révolutionner le monde de l’informatique. Cependant, cela représentait un travail de longue haleine, qui ne donnerait peut-être jamais les résultats escomptés. Parfait pour la distraire.Xanërra s’assit donc par terre, posant son oeuvre sur une petite caisse de bois qui lui servait de surface de travail. Sortant ses outils, elle se mit au boulot.
Malgré toute sa bonne volonté, la tactique ne semblait pas fonctionner. Les images du tragique évènement lui revenaient constamment en tête. Les prunelles grises de cette femme s’imposaient à elle dès que ses paupières se fermaient. La tristesse, le sentiment d’injustice, la culpabilité et la colère formaient un poids dans son estomac qui s’alourdissait de minute en minute. Qui sait ce que ce qu’ils faisaient subir en ce moment même aux trois qu’ils avaient amené? À cette melyan et son bébé à naître? Sur cette pensée, son corps se leva tout seul, commençant à faire les cents pas. Xan se prit la tête à deux mains, glissant ses doigts dans ses cheveux en fermant les yeux pour tenter de se calmer. Sa chevelure devenue multicolore sous l’effet de tous les sentiments différents qui l’assaillaient.
Comment pouvait-on les traiter ainsi comme des animaux?! Jour après jour. Les abattre comme des chiens, dans la rue. Qu’est-ce qu’ils y gagnaient?! De rage, sans même y penser, son poing vient frapper avec force le muret de briques servant de rambarde au toit. La douleur sembla la réveiller un peu. Fixant ses jointures en mauvais état quelques secondes sans comprendre son geste, le souffle un peu court. Rien de cassé. Ce genre de réaction ne lui ressemblait pas. Après des années à tout garder à l’intérieur, peut-être avait-elle atteint son point de rupture. Cela finissait par arriver à tout le monde, un jour ou l’autre. La mécanique ne comblerait pas ce vide qu’elle sentait grandir en elle en ce moment. Une seule chose le pourrait peut-être. Elle rangea rapidement son projet puis descendit prestement l’escalier, se mettant en route d’un bon pas alors que son rythme cardiaque s’accélérait. Le trajet, qui lui prit environ vingt minutes, sembla en durer à peine cinq. Tellement absorbée par ses sombres pensées qu’elle ne se rappelait même pas de la moitié du chemin. Les gens ou lieux croisés semblaient flous dans sa mémoire.
Xan s’arrêta finalement devant une porte en bois dont la peinture grise s’écaillait. Celle-ci appartenait à une petite maison très semblable à celle qu’elle-même partageait avec son père. Par sa grandeur mais aussi par son état. Le coeur cognant durement contre ses côtes, la métisse frappa à la porte, retenant son souffle. Il se passa une bonne minute, qui lui parut interminable, avant que cette dernière s’ouvre sur Zekk qui afficha aussitôt un air surpris.
— Xan? S’exclama-t-il donc sur le coup, troquant rapidement son air stupéfait pour un air soucieux. Tu vas bien?
Il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle ne se trouvait pas dans son état normal. Ses cheveux arboraient un nombre hallucinant de teintes différentes, du jamais vu auparavant, du moins devant lui.
— …ça va. Répondit-elle après un instant d’hésitation. Je peux entrer? Demanda-t-elle, ne pouvant empêcher ses joues de prendre une teinte rosée.
— Bien sûr...tu sais que tu es toujours la bienvenue ici. Répondit-il en se poussant pour la laisser entrer, ce qu’elle fit.
Alors qu’elle passait à côté de lui, l’humain l’observa en silence, se passant une main dans les cheveux en refermant la porte de l’autre. Ce que Xan dégageait lui semblait très différent de d’habitude. Une aura sombre. Tourmentée. Du moins plus que la normale, car comme chacun d’entre eux, des horreurs hantaient son passé.
— Quelque chose est arrivé? S’enquit-il, restant sur place en la détaillant du regard, comme si cela pouvait lui apporter les réponses à ses interrogations.
La demi-elaraan observa quelques instants le couloir au papier peint défraîchi, remarquant que quelques sections semblaient mieux fixées que lors de sa dernière visite. Elle se tourna finalement face à lui, après une seconde d’incertitude, le regardant un peu en silence. Son rythme cardiaque s’accéléra encore davantage. Zekk soutenait son regard, clairement inquiet pour elle. Il portait ce jour-là seulement un jeans un peu délavé, déchiré par endroit. Son torse nu et musclé, un peu sueur, laissait croire qu’il travaillait sur quelque chose de physiquement exigeant avant de lui ouvrir. Probablement les réparations dues sur sa maison, mentionnées la semaine dernière lors d’une rencontre. Ses cheveux bruns ondulaient plus que jamais, vu l’humidité ambiante.
Alors qu’il s’apprêtait à ajouter quelque chose, peu rassuré par son silence, Xan parcourut les quelques pas qui les séparaient. Glissant une main sur sa nuque, dans ses cheveux, pour le faire s’incliner un peu vers elle, la femme posa ses lèvres sur les siennes sans plus attendre, l’embrassant. Passionnément. Désespérément. Ses bras entourèrent rapidement son cou, collant son corps bouillant contre le sien.
Surpris sur le coup, Zekk ne put faire autrement que de lui rendre avec autant de fougue. Ses mains se posèrent instinctivement sur sa taille alors que le baiser s’allongeait, gagnant de plus en plus en intensité. Ne voulant profiter de la situation, il rompit le contact de leurs lèvres pour plonger son regard dans le sien, la gardant quand même contre lui.
— Xan...tu es su..commença-t-il.
Xanërra l’interrompit en secouant légèrement la tête, sans le quitter du regard de ses prunelles d’ébène.
— S’il-te-plait...ne parle pas…demanda-t-elle, d’un ton un peu plus suppliant malgré elle.
Zekk l’observa en silence quelques secondes de plus pour finalement l’embrasser à nouveau, reprenant là où ils s’étaient arrêté. Ses mains descendirent sur ses fesses, la soulevant pour l’amener vers sa chambre. La métisse noua ses jambes autour de sa taille, se faisant plus fougueuse encore, couvrant de ses baisers chaque millimètre de sa peau basanée qu’elle pouvait atteindre. L’humain s’arrêta donc en chemin pour la plaquer un peu brusquement à un mur du couloir, quittant ses lèvres pour son oreille, son cou, puis son épaule, complètement enivré par son parfum. Subjugué par la douceur de sa peau au teint de porcelaine. Alors que sa partenaire laissait échapper un premier gémissement, il lui retira prestement son haut pour pouvoir continuer à couvrir sa peau de baisers. Sa bouche trouva rapidement un de ses tétons pour le suçoter, le mordillant même un peu. Elle se mordit la lèvre pour retenir une exclamation.
Ses lèvres retrouvèrent les siennes alors qu’il la reprenait contre lui pour se diriger rapidement vers sa chambre sans cesser ses caresses. La déposant sur son lit et se plaçant par dessus elle, il s’attaqua à sa poitrine à nouveau. Sa langue encercla un de de ses tétons alors qu’il torturait délicieusement l’autre d’une main. Au même moment, son autre main parcourait son corps, se frayant un chemin jusqu’à son short dans lequel elle se glissa. Se changer les idées semblait être son objectif en venant ici, alors elle serait servie. Il allait s’arranger pour occuper toutes ses pensées. Ses doigts se faufilèrent en elle, caressant également son clitoris dans un même mouvement.
Xan laissa échapper une plainte. Elle commençait à perdre la tête, ce qui constituait le but premier de sa présence ici. Ses idées s’embrouillaient pour ne laisser place qu’à ces sensations exquises qui menaçaient de la faire chavirer. Ses mains se perdirent dans ses cheveux, ses doigts s’emmêlant dans ses boucles brunes. Délaissant sa chevelure, elle entreprit de suivre la courbe de son dos jusqu’à ses fesses, émettant une pression sur ces dernières comme pour l’encourager à accélérer. La langue ornée d’un piercing de Zekk continua son chemin, descendant entre ses seins puis sur son ventre, ne lui laissant aucun répit. Il lui retira son short et sa culotte, sa bouche poursuivant le travail commencé par sa main. Sa langue tourmentait sans relâche son bouton de chair. Un frisson de plaisir secoua son corps. Ce dernier brûlait d’un désir ardent jamais éprouvé auparavant. Il avait toujours été doué, mais cette fois il se surpassait vraiment. Pour la première fois depuis qu’ils partageaient leur lit à l’occasion, l’envie de s’abandonner totalement à lui, à ce moment fugace de bien-être, s’imposait à elle. Loin d’un simple désir, le besoin de se fondre en lui devenait vital, implacable. Chaque fibre de son être le réclamait.
Xan tira ses cheveux pour ramener sa bouche à la sienne, emprisonnant ses lèvres dans un baiser torride. Ses mains descendirent pour déboutonner son pantalon, empressée. Elle avait envie qu’il la prenne toute entière. Il comprit sa supplique silencieuse, se débarrassant prestement de ses jeans et de son caleçon en une seule fois. Elle enroula ses jambes autour de sa taille en arquant le dos pour rapprocher son corps le plus possible du sien. Une fois leurs sexes alignés, Zekk s’inséra en elle avec une lenteur délicieuse, pour finalement donner un coup de bassin abrupt qu’elle ressentit dans chaque parcelle de son être. Elle échappa une plainte de plaisir sous cette attaque soudaine.
Stimulé par ses réactions, Zekk émit un grognement rauque alors qu’il se remettait en mouvement. Le rythme de ses assauts accéléra de plus en plus. Son intensité de plus en plus sauvage. Animale. Les gémissements de Xan semblaient le supplier de continuer.
Xan était sur le point de perdre la carte. Finalement, un orgasme inouï la submergea, l’emportant toute entière. Elle cria de plaisir, enfonçant ses ongles dans le dos de son amant. Le rythme et la respiration de celui-ci devinrent saccadés, avant qu’il la rejoigne finalement dans la satisfaction. Après quelques secondes, il se laissa retomber à côté, le souffle court, gardant un bras autour d’elle. Elle se blottit contre lui en fermant les yeux, s’accrochant à la félicité qu’elle ressentait. Tout pour ne pas réfléchir.
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