Une voix douce, si familière.

« Qui es-tu mon Amour ? » Comment avait-il pu lui demander cela, lui qui l’avait fréquenté depuis toujours, la seule qui l’eût aimé. Ils se mirent à rire de si bon cœur, ils s’embrassèrent aussi. Les souvenirs de toutes ces nuits blanches passées ensemble lui revenaient.

« Ah ! Qu'elle était belle ma Muse »

Elle lui caressait les cheveux, amoureuse et patiente, elle l’avait gagné. Bientôt, cette beauté évanescente disparaîtrait, emportant avec elle, l’alcool et toute sa folie. Il savait ce qu’elle souhaitait, lui qui la retrouvait le soir, jamais seul, elle le voulait, rien qu’à elle. Il profitait de ses derniers instants, avant que ses caresses ne le quittent, avant qu’il ne tienne promesse.

***

 C'était une situation bien plus tordue que ces lieux eurent connus, mais qu’importe, elle plaisait tant à Thomas, son amour primait sur tout. Peu importe si elle le menait à sa perte, si sa promesse l'amenait vers sa propre ruine. Il était heureux, saoûl. Après une dernière gorgée de vin, comme promis, il exécuta le souhait décadent de sa Muse. Se souriant à lui-même, soumis à sa propre folie, il prit la lame tachée d’encre et transperça son cœur.

***

La première goutte de sang s'écoula le long du corps de Thomas, nu, encore brûlant mais bientôt glacial.

Elle caressa son cœur, sa poitrine, avant que dans sa dernière grâce, Thomas ne s’effondre de tout son poids, lui et toute sa grandeur.

Encore un instant et les draps seraient couverts de sang. Les larmes aux yeux, à l’agonie, le sourire étrange et la plume s’échappant de la main affaiblie, il rit. Rit puis s’enfuit à jamais, au côté de son amour... la Perversité…