Son corps était allongé sur un sol poudreux dans un paysage boisé couvert de neige. La pierre de cristal de nouveau intacte, était à quelques mètres du jeune dieu. Il ouvrit peu à peu les paupières, sentit les flocons se poser sur son visage qui se transforma en gouttes d’eau. Il se leva tant bien que mal en observant les alentours. Un silence paisible fut omniprésent tandis que les flocons tombaient inlassablement du ciel grisâtre. Il ne sut ce qu’il convenait de faire, ni le moyen de s’échapper de cet endroit. Argos pensa d’abord qu’il a été transporté dans une autre contrée puis se souvint de l’onéreuse puissance de l’objet qui n’était naturelle. La pierre l’avait emmené dans un nouvel univers. Il s’accroupit, ramassa la gemme froide au sol et se releva. À travers le bois, il vit un loup immense s’approcher à pas de course. L’animal fit un saut, faisant tomber à terre le jeune dieu. L’ossature puissante du canidé l’empêcha de prendre le poignard dans sa ceinture. Il atteignit l'arme, enfonça la lame dans le flanc de l’animal. Il retira le poignard, repoussant le corps ensanglanté du loup. Sa main gauche tenant fermemant la pierre.

Il expira un instant puis se remit debout, remit le poignard dans l'étui. Le ciel devint sombre, parsemé d’étoiles. La lune apparut en se dissimulant à travers les nuages. Argos continua sa marche, la gemme éclaira le chemin. Au fur et à mesure, les flocons cessèrent de tomber. Grelotant de froid, il pensa à faire un feu mais ne trouva de pierre pour en fabriquer. Il poursuivit sa route à travers le bois, les traces de ses sandales se dessinant dans le sol poudreux. Au bout d’un long moment, il s’arrêta en voyant une lumière flamboyante apparaître dans l’obscurité. Espérant ne faire aucune mauvaise rencontre, il s’approcha de la source de chaleur. Une fois qu’il fut réchauffé, il entendit des pas s’avancer vers lui. Il prit son poignard de sa ceinture, percevant des hurlements de loups. La lune réapparut, illuminant le bois sombre. Il aperçut un reflet argenté puis lança son poignard dans sa direction au moment où une silhouette sortit de l’ombre. Il fut stupéfait en voyant l’identité du nouvel arrivant qui rattrapa le poignard, le laissant au sol. C’était Naranwe qui avança vers Argos.

- J’ai eu la lucidité de constater que tu avais la pierre, dit alors Naranwe.

- Je ne peux te laisser la détruire, dit Argos. Je ne sais guère comment elle est apparue en Grèce. Mais il y a indubitablement une raison à ce phénomène.

-Il y a effectivement un fondement à ceci, explique Naranwe. Elle se nomme Cor Luminis, le cœur de lumière qui est l’organe du Gardien de cet univers. C’est une relique parmi tant d’autres qui a été crée par les dieux ainsi que les àlfars. Elle fut façonnée afin d’enfermer deux élémentaux qui seraient destructeurs dans le Royaume terrestre par leurs pouvoirs. Ils ont introduit ce cœur dans un bipède de la taille d’un homme. L’un des élémentaux qui fut maudit par Hadès put quitter le monde des Hommes sans l’aide du Gardien.

À la suite de cette explication, Argos put s’apercevoir que l’àlfar avait changé d’expression de visage au sujet de la pierre, préférant restituer le coeur au Gardien malgré la puissance de la relique. Il ne voulut l’importuner pour une telle impression. Les compagnons trouvèrent un temple qui fut à quelques kilomètres du feu. Ils s’approchèrent puis sans précaution, Argos déclencha une chausse-trappe qui se referma sur sa cheville. Il cria de douleur, les pointes lui transperçant la peau. Il l’écarta de toutes ses forces, pouvant enfin libérer son pied. Naranwe ne put s’avancer car il sentit le contact froid de la pointe d’une épée positionnée au dessus de son col. Quand au détenteur de l’arme, il était invisible.