Argos se releva sur sa latte, regarda l’àlfar ainsi que le corps inanimé de Celduin et le Gardien. Il soupira puis se leva, se frottant les bras parcourut de frissons. Le jeune dieu aperçut soudainement l’ombre d’une personne dans le temple qui s’approcha. Il s’efforça de ne s’éloigner malgré l’appréhension qui l’envahissait. Voyant Naranwe qui ne réagissait guère, il pensa à un être qui ne pouvait émettre sa présence. Il se sentait seul face à celui qui se montra. L'homme avait des cheveux mi-longs décoiffé de couleur argent, des yeux sans pupille. Il portait une tunique blanche rabattue à l’intérieur d’un braie de couleur brunâtre aux minuscules motifs à carreau. Les ourlets était attachés de fines lanières. Il avait une ceinture contenant une bourse en laine et des chaussons de cuir.

Lorsqu’il s’avança dans la lumière lunaire provenant de l’entrée ouverte, il se dématérialisa en ne laissant apparaître les contours de sa physionomie, telle une créature transparente. Il fit quelques pas puis son corps apparut de nouveau. Il s’arrêta devant Argos déconcerté face à cet étrange phénomène.

- Je me nomme Sylphe, un élémentaire de l’air, dit il d’une voix grave. Je t’ai emmené ici car tu es en mesures de porter secours à celle qui est de glace.

Le jeune dieu reconnut l’allusion à Celduin qui avait trépassé si soudainement. Il remarqua que le temps semblait figé dans l’espace. S’il n’était à l’intérieur du temple, où pouvait-il se trouver ? Il se souvint de l’àlfar qui n’eut aucune réaction face à la présence de Sylphe.

-Tu te trouve dans une illusion, dit alors Sylphe. Une perception de la réalité. Tu es à la fois dans le temple et dans ce monde parallèle.

Argos qui ne sut le moment où il s’y était engouffré, l’élémentaire lui expliqua que sa présence lui a été permise depuis qu’il avait fermé les yeux sans qu'il n'ait posé la controverse à haute voix.

- Je t’ai amené ici car j’ai en ma possession un antidote qui est en mesure de réanimer Celduin, explique Sylphe. Son âme étant aux limbes, l’élémentaire est entre la vie et la mort. Je te conseille cependant ceci, tu dois être à l’écart du corps lorsqu’il s’éveillera. Faradrim détient une claymore dont la lame est enduite d’une toxine, si l’un d’entre vous est blessé, votre essence corporelle ne risque de revenir de nouveau.

Étant conscient de l’enjeu de la légation, il accepta ce service venant de Sylphe qui lui remit la fiole dans la paume de sa main qu’il ferma. Le contenu vaporeux était de couleur verdâtre. Il leva les yeux, couché sur sa latte en voyant Naranwe verrouiller l’entrée du temple puis se releva en tenant l’objet de verre. Les compagnons de voyages entendirent des cris stridents ainsi que des êtres d’une certaine dimension ébranler le toit en forme de dôme, leur poids faisant tomber de la poussière.

- Qu’est-ce donc cela ? dit Argos.

- Nous sommes entouré de stryges, dit Naranwe en mettant sa ceinture à la taille. De monstrueuses créatures qui ont un goût raffiné pour le sang d’une certaine divinité.

Argos considéra alors que cette remarque émise par l’àlfar aurait pu être abstenue. Il observa l’élixir offert par Sylphe qui fut l’unique solution qui leur permettrait de s’échapper. Il se rappela de la recommandation de l’élémentaire de l’air, mais n’ayant aucune autre alternative, il décida de s’approcher du corps de Celduin. Ils aperçurent le Gardien s’envoler en direction de la grande embrasure. Argos eut à ce moment-là le sentiment que le bipède semble connaître ses intentions. Il s’avança vers l’alcôve et s’arrêta, dévissant la fiole. Il versa le fluide entre les lèvres du cadavre qui devint liquide lorsqu’il sortit du flacon. Quand la dernière goutte fut prélevée, le corps s’embrasa brusquement de flammes vertes, provoquant une déflagration qui explosa le temple.