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Un chant d’oiseau accompagnait le souffle du vent dans les feuilles des arbres. C’était la première fois qu’Einrick entendait une telle combinaison sonore de ses propres oreilles. Ses paupières se plissèrent sous l’effet de la lumière douce et chaleureuse. Il éprouvait une plaisante sensation sur son corps, une caresse qui s’étendait tout du long, constante, régulière, agréable, elle le réchauffait. Le vent le balayait, un souffle tiède qui contrastait avec la fraîcheur et l’humidité de la pelouse sur laquelle il était allongé. Il se prélassait sur un matelas de verdure qui lui fit découvrir des sensations inédites. Il frotta l’herbe avec ses mains puis huma l’odeur de cette matière verte qui collait à ses doigts. Il aimait bien.

Quand il ouvrit enfin les yeux, il put admirer un ciel bleu qui dessinait quelques curieux motifs avec ses nuages de coton. Einrick prit conscience que le vent balayait son corps nu, étendu sur une prairie au bord d’un lac. Le soleil se reflétait dans l’ondulation de l’eau et de majestueuses montagnes aux sommets enneigés. En dehors de ce qu’il avait pu observer dans la pyramide, Einrick n’avait jamais vu de neige de sa vie, ni de montagne, ni de lac et encore moins de prairie. Il s’assit et se redressa pour contempler ce fabuleux paysage.

Il parvint à distinguer des gens, au loin. Eux aussi ne portaient aucun vêtement, ce qui l’amusa. À quelques mètres de là, un vieil homme bedonnant aux cheveux gris épars discutait avec une personne à l’allure bien singulière. Il s’agissait d’une créature anthropomorphe de grande taille, tête ovale, membres élancés dont quatre bras, à la peau d’obsidienne décorée de veines dorées. Son épiderme luisait de reflets argentés.

Einrick regarda pendant quelques minutes le duo qui semblait débattre avec passion, faisait des gestes amples, tout en laissant s’échapper quelques rires. Derrière eux, un trio de femmes, dont l’une d’elles avait la peau bleue, courrait en cadence le long de la berge dans le plus simple appareil. Un autre cri au loin attira l’attention d’Einrick, celui d’un animal, peu harmonieux. Ce chant grinçait, comme s’il venait du ventre et non de la gorge, puissant, avec une montée en tonalité. Il entendit pour la première fois un canard.

Einrick éprouvait une forme de sérénité et de quiétude qu’il n’avait pas souvenir d’avoir déjà ressentie. Le poids de tous ses ennuis l’avait quitté en un instant.

Il jeta un œil autour de lui et remarqua la présence d’une femme allongée à ses côtés. Elle était très pâle, son visage endormi affichait une grande douceur avec un petit nez pointu. Ses cheveux châtains légèrement frisés s’étalaient sur l’herbe, des brindilles s’y étaient mélangées. Elle possédait quelques rondeurs qu’il trouvât ravissantes, et une carrure plus proche des Terriens que des Spaciens, similaire à la sienne.

Une très belle femme à ses yeux. Il l’observa longuement, puis détourna son regard lorsqu’il éprouva un fourmillement dans le bas ventre. Ce n’était pas une attitude appropriée lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la première fois, considéra-t-il. Il se demanda de qui il s’agissait, pourquoi elle dormait ainsi à ses côtés, et d’où venait son impression de la connaître. Son questionnement intérieur s’interrompit quand elle émit un petit grognement matinal. Elle leva les bras, maladroitement, se frotta les yeux, se redressa puis les ouvrit.

— Oh, c’est… curieux, constata-t-elle, interloquée.

Elle explora son corps avec ses mains, sembla découvrir ses cheveux, leur existence, chercha à comprendre leur utilité, pinça sa peau et grimaça de douleur, palpa ses seins. Le visage d’Einrick s’empourpra. La jeune femme compta ses doigts de pieds, tira la langue et toucha ses dents du bout de l’index droit.

— Curieux ? répéta Einrick en s’efforçant de ne pas la dévisager.

— Je vais devoir m’y habituer, répliqua-t-elle.

Il estima sa voix intrigante et familière. Sa ravissante voisine tourna la tête vers lui. Elle souriait.

— Einrick !

Einrick clignait nerveusement des yeux et affichait une expression étonnée. Une soudaine révélation lui traversa l’esprit. Le cœur battant alors qu’il réalisait qui se trouvait devant lui, il prit une grande inspiration. Il sentit ses joues rougir de plus belle et sa peau devenir moite. Il leva un doigt fébrile en direction de son interlocutrice, puis bafouilla :

— T-T-Tess ?!

Elle se jeta dans ses bras, les faisant tous deux tomber à la renverse. Elle l’enlaça tendrement avant de lui murmurer à l’oreille :

— Merci de ne pas m’avoir abandonnée.

— Merci de ne pas m’avoir abandonné, lui répondit-il en retour.

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