Un autre en moi
- Attends moi, ne t'enfuie pas. Ne me laisse pas comme ça. Reviens.
Qu'est-ce que j'allais faire, pourquoi cette magicienne m'avait-elle jeté un sort ? Quelle idée lui était passée par la tête ? Je ne comprenais pas en quoi ce nouvel état m'épanouirait. Ok, son intention était louable. Selon ses dires, je devais en passer par là pour assouvir leurs désirs. Enfin dans cette fin d'après-midi, mes sens étaient déboussolés. Elle m'avait écoutée attentivement, posé des questions pour sonder mes émotions. La petite curieuse s'était montrée audacieuse, multipliant les interrogations avec malice. Je l'avais vue venir avec ses ailes lumineuses, elle les avait agitées pour m'hypnotiser. Et bêtement je me suis laissée ensorceler. Donc en repensant à ma transformation, la seule responsable, c'était uniquement moi.
Je m'approchais de la fontaine pour observer mon apparence, mon reflet était sans appel. J'étais moi, mais avec des formes qui ne m'appartenaient pas. Dans ma robe de soie, je me sentais tout à coup à l'étroit. Heureusement, ce matin j'avais laissé mes sous vêtements dans les tiroirs. J'aimais ôter ces entraves de mon corps. Le bustier m'oppressait, ma poitrine rêvait de liberté. Mon jardin d'Éden désirait s'ouvrir sans barrière. J'adorais cette sensation lorsque la brise se glissait dans mon décolleté pour s'attarder entre mes seins. Ce doux frisson faisait s'ériger mes tétons. Une pure délectation. Le vent se faufilait sous mes jupons et s'imiçait entre mes cuisses, effleurant au passage mes lèvres intimes. Un vrai délice.
J'hésitais. Soit j'allais plus loin et inspecter chaque recoin ou j'attendais un peu pour m'habituer à cette nouvelle version. L'eau était un miroir dès plus flatteur. Mes courbes se dessinaient à la surface avec beaucoup de classe. Les ondulations de mes muscles se faisaient naturellement. Mes cheveux tombaient en cascade sur mes épaules carrées. Franchement, la magicienne n'avait pas fait les choses à moitié. Ma nouvelle enveloppe charnelle était des plus plaisantes à observer. Je voulais en découvrir la moindre parcelle. Cette expérience allait s'avérer des plus gourmandes. Mon costume était taillé à la perfection de ce que j'apercevais sous ma carapace. Tout était tiré à quatre épingles, l'armure était idéalement cintrée. Aucun détail n'avait été négligé.
Discrètement, je regardais autour de moi pour m'assurer que j'étais seule dans cette clairière. La belle avait disparu, me laissant uniquement son parfum enivrant au goût de miel. Des oiseaux piaillaient sur les cimes des grands peupliers, ils jouaient une mélodie douce et sensuelle. Un saule pleureur agitait ses dentelles. Ses fines branches m'enveloppaient et s'avéraient être un paravent naturel subtilement déposé pour ma future exploration. La nature était une fabuleuse compagne, l'unique témoin de ma métamorphose. Le crépuscule déposait une délicate lumière sur ma toison brune étalée sur mes bras. Allais-je découvrir le même tapis semé sur d'autres parties de ma peau ? Je passais avec tendresse mes doigts sur ses petits poils qui s'hérissaient à ce câlin improvisé. Je remontais mes mains lentement jusqu'à mes biceps, ils avaient pris une belle forme arrondie et ferme.
Les bretelles de mon haut semblaient tout à coup ridicules, je les retirais pour dégager mes trapèzes. Mes paumes se prelassaient sur les pectoraux sculptés avec finesse. Je cherchais le galbe de ma poitrine généreuse, elle avait laissé place à un torse tendu. Je m'attardais dessus pour en esquisser les contours de la pulpe de mes doigts. Un friselis m'emporta quand mon index stoppa sa course pour détailler l'aréole et titiller le bout de mon sein. Je poursuivais cette caresse sur les poils, délicieux duvet où j'aimais poser ma tête, la nuit venue et le sommeil m'emportait. Là, je jouais avec et les tortillais. Mes mains devalèrent le long de mes obliques pour sublimer les poignées d'amour que tant regrettent et que j'aimais attraper lors d'assauts avec mes amants. Mais à cet instant, mon regard scrutait les tablettes de chocolat que je n'aurais jamais.
La lune montrait son joli arrondi opalin dans l'obscurité naissante. Je réalisais qu'à mon tour je devais observer cette zone. Je commençais toujours par sonder mon partenaire en plongeant mon regard dans le sien pour percevoir son âme de coquin. Puis mes yeux se perdaient le long de sa chute de reins pour fantasmer sur ses fesses, zone érogène à souhait. Les miennes en cette nuit étoilée étaient-elles tout aussi charmantes ? Souriaient-elles à mon désir de les goûter. Dévoiler le côté face de mon anatomie ne m'effrayait pas, au contraire cela m'excitait. Mes mains bien en plat frottaient ce bout de chair bien ferme et je m'amusais à les contracter pour les rendre dures comme de la pierre. C'était sans compter que mon index bien trop joueur traça avec précision la raie de mon postérieur.
Je prenais conscience du plaisir d'être dans ce corps à l'aide de chacun de mes gestes. J'apprenais à le faire réagir et ressentir chaque pulsion. Je passais inlassablement sur chaque partie, m'attardais sur le moindre détail, flanais avec appétence sur chaque parcelle et le meilleur restait à venir. Mes doigts devenaient des alliés de choix, ils jouaient, me faisaient vibrer jusque dans mon bas ventre. Je comprenais le ressenti de l'homme et réalisais les connections entre les êtres. Je poursuivais l'effeuillage avec le désir de me mieux le connaître. Tous mes sens s'éveillaient, je m'emerveillais avec sérénité. Le plaisir me consumait de l'intérieur. Mes pensées attisaient les flammes de mon désir. L'atmosphère devenait moite, à moins que ceux soient mes mains qui bouillonnaient à cette envie de lâcher prise.
L'étape suivante se fit tout naturellement; une sensation des plus agréables. Je penchais mon regard sur l'objet de mes convoitises. Cette friandise était si alléchante. Elle était là à porter de mains, s'impatientait, et oscillait lentement. Je n'en revenais, elle était incrustée en moi, une pierre précieuse ornée de ses diamants. La première impression fut étrange, cette chose était vivante, elle agissait indépendamment de mon esprit. Elle s'était déroulée, ne pendouillait pas, non elle se dressait fièrement. D'habitude, le sexe de mes compagnons de jeu pointait en direction de ma bouche qui souhaitait la gober. Là, il n'y avait que moi et nul être pour satisfaire ce que cette hampe désirait le plus, entrer en contact avec une langue affamée. Une légère frustration m'envahit.
- Alors, ça va ? Satisfaite de l'expérience ? me demanda une voix sensuelle.
- Te revoilà la magicienne. Je pensais que tu avais disparu.
- Je ne voulais pas rater cette première fois. J'ai pu constater que tu appréciais.
- Je ne sais pas quoi te dire.
- Oh pas besoin, t'observer te caresser était du pur bonheur. Je regretterais presque de te rendre ton apparence. Peux-tu m'accorder un voeu ?
- Si je peux.
- Offre moi cette nuit.
- Tu veux moi ou mon apparence charnelle.
- Les deux, je te veux entière. Ton âme et ton corps. Je veux découvrir la femme dans cette armure d'homme. Sentir tes lèvres dévorer les miennes.
- Alors tentons l'expérience.
- Une fois que nous aurons fait l'amour, je m'évaporerais. Ainsi tu reviendras celle que tous les hommes voudront posséder. Mais dans cette nuit sous les étoiles au bord du Lac nous allons pouvoir voyager. Ferme les yeux.
Je ne m'attendais pas à ça, mon sexe bandait. Ses lèvres gourmandes me dévoraient. Je ressentais intensément toutes ses coups de langue le long de ma verge. Elle s'attardait avec volupté sur mon gland. Des frissons me parcouraient. J'étais passée de l'autre côté du psyché le temps d'une nuit. Au petit matin je me réveillais dans mon corps de femme, épanouie et prête à combler au mieux mon futur amant. Sur mon corps, elle avait tatoué entre mes deux seins : le Yin et le Yang.
Attrape rêve
** défi 7 **
Le thème est le suivant : " dans la peau de l'autre "
Le principe est simple, mais mérite réflexion : si vous êtes né(e) avec chromosome XX (féminin), vous écrivez votre texte avec comme protagoniste principal un homme et inversement ; imaginer les sensations, le ressenti de l'autre sexe, voilà votre défi !
Cela peut être contemporain ou même fantastique, vous êtes libre de rédiger à la première personne ou à la troisième, vous êtes libre de la forme.
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