Un billet pour la drague
Sans le savoir, dans ce train, une histoire improbable allait voir le jour. La charmante Céléna dans son tailleur cintré vint s'installer dans le fauteuil près de la fenêtre. Elle l'avait réservé depuis une semaine. Le voyage était programmé, elle avait cinq heures pour rêvasser. Elle voulait profiter du soleil tout en dévorant les œuvres de ses auteurs privés que la plateforme lui proposait. Elle échangeait souvent avec eux. Elle postait des commentaires sympas et ils répondaient avec joie. Elle avait eu un coup de cœur pour l'un d'entre eux mais elle le gardait pour elle. Un homme s'installa à ses côtés. Il avait belle allure dans son costume bleu roi. Il posa son ordinateur sur la tablette et commença à tapoter sur le clavier. Ses doigts glissaient avec sensualité, ce qui amusa Céléna qui délaissa son portable pour l'espionner en toute discrétion. La curiosité était son péché mignon. Elle voulait discuter et ne put résister. C'est elle qui débuta la conversation.
- Pardon, pourriez-vous me prêter votre chargeur ? Je ne voulais pas vous déranger mais distraite comme je suis j'ai oublié le mien en partant de chez mes amis. J'avoue que j'ai vu que nous avions le même modèle.
Il mit une seconde avant de répondre, il était concentré ou perdu dans ses pensées quand il réalisa que sa voisine s'adressait à lui.
- Oui avec plaisir, je ne voudrais pas vous priver de vos occupations, dit-il.
- Oh merci, s'empressa-t-elle d'ajouter avec un beau sourire.
- Vous avez l'air tout autant à votre affaire que je puisse l'être.
- Si on peut dire, j'aime beaucoup les voyages en train, ils me permettent de m'évader. C'est un petit plaisir que je m'accorde enfin entre deux rendez-vous c'est certain.
- Vous ...
Il l'interrompit avant qu'elle ne puisse enchaîner.
- Excuse-moi de t'avoir coupé la parole. On peut se tutoyer, après tout nous ne devons pas avoir tant d'écart d'âge.
- Tu es pardonné, tu as bien raison. D'ailleurs si nous devons partager ce voyage, autant que nous nous présentions. Moi c'est Céléna en route pour Royan, mon home sweet home.
- Enchanté moi c'est Mike. Je m'arrête à Poitiers. Gaspard sera ravi de me retrouver.
Céléna s'interrogea, parlait-il de son petit copain.
- Ton colocataire ? tenta-t-elle pour commencer.
- Non, il est bien trop précieux pour ça.
Mince, elle espérait qu'elle avait visé dans le mille.
- Ton père ? essaya-t-elle.
- Non, il est bien trop jeune et câlin ? répondit-il pour la taquiner.
Elle ne savait plus où se mettre, était-il en train de se moquer d'elle. Elle sentait le rose monter à ses joues. Elle ne voulut pas s'arrêter là, après tout, si c'était son petit ami c'était une bonne chose.
- Ton conjoint ? murmura-t-elle.
Cette fois Mike ne répondit pas.
- J'ai dit une bêtise, s'empressa-t-elle d'ajouter de peur de l'avoir gêné. Je suis peut-être indiscrète.
- Il pourrait, il dort souvent dans mon lit. Et adore se frotter à moi et dès que je le caresse il m'adresse de doux ronron le petit polisson.
Céléna ne put contenir le fou rire qui montait.
- C'est ton chat ?
- Bravo, tu as gagné le droit que je te montre sa frimousse.
Et il tendit son portable avec une photo du matou étalé sur les cuisses de son maître.
- Belle bête, je comprends que tu aimes le câliner.
- Oui il n'est jamais avare d'attentions. Et toi tu vis seule au bord de l'océan ?
- Pas vraiment, dit-elle du bout des lèvres.
De nouveau un blanc se déposa, de cette minute de silence qui semble interminable. Céléna regrettait déjà sa réponse.
- Ok, tu vis avec quelqu'un ? lui demanda-t-il.
- Oui et non.
- Je ne comprends pas. Oui tu es accompagnée ou non tu n'es pas seule.
- Ni l’un, ni l'autre.
Mais elle s'enfonçait, pourquoi lui faire croire qu'elle pourrait être en couple ? Mais en couple avec un plan virtuel est-ce que cela comptait ? Après tout c'est elle qui se faisait sûrement des films.
- Après tu es libre de garder des secrets. Nous en avons tous. Nos jardins sont de belles contrées où l'on aime s'évader et où seul le bruit du silence nous accompagne avec élégance.
- C'est étrange tu as une façon de t'exprimer qui me fait penser tellement à quelqu'un que je connais bien.
- Oh c'est peut-être tout simplement un hasard.
- Tu aimes lire ? osa Céléna.
- Oui énormément. Et toi ?
- Je pourrais passer des heures assises sur la plage et me laisser porter par les histoires.
- Tu as un style préféré ?
- Le romantisme, je suis une fleur bleue et j'aime les belles histoires d'amour. Et toi ?
- Celles un peu coquines.
- Roooh, c'est encore mieux si l'écrivain amène l'érotisme avec poésie dans une belle aventure.
- Oui, si tu veux je peux te lire un texte. Ça te tente ?
- Avec plaisir.
- Ferme les yeux et laisse-toi porter.
Céléna écoutait attentivement et tout à coup découvrit qu'une main se posait sur sa cuisse. Elle n'ouvrit pas les yeux, elle ne voulait pas rompre le charme. Les mots qu'elle entendait, elle les connaissait et l'histoire aussi. Une des plus belles qu'il avait écrite. Comment était-ce possible ? Sa main glissait sur son pantalon, procurant un émoi et des frissons. Il murmura à son oreille :
- Il est beau ton attrape rêve.
Céléna caressa du bout des doigts son pendentif, le bijou reposait sur son chemisier blanc entre le galbe de ses seins. Mike ne quittait pas des yeux la jeune femme et lui demanda :
- Bon, ça te dit de venir saluer Gaspard.
- Tu veux que je m'arrête à Poitiers ?
- Oui je serais heureux de te faire découvrir toutes mes histoires. Te les lire pendant que je laisserai mes mains paresser sur tes courbes.
- Et ensuite...
- Partager une vie à deux et voir où nous pouvons aller. J'écrirais avec volupté nos nuits endiablées et dans tes douces pensées coquines je m'abandonnerai.
Attrape rêve
** Hisoka**
Un défi venu des Frontières de l'Automne, en rejoignant ce mois que l'on appelle May
Voici un défi bien difficile : il faut écrire une scène où un personnage en drague un autre, mais attention, de façon subtile. Il peut optionnellement essayer de demander si l'autre est en couple avec quelqu'un, mais l'objectif de la scène est qu'à la fin, le dialogue aboutisse à une demande de se mettre en couple.
Voilà, les vrais savent, et bonne éloquence !
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