Futurs aventuriers ou futurs boulets ? (2/3)

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La sorcière, au visage dissimulé sous un amas de tissus filamenteux noir, s'arma aussitôt d'un bouquet asséché de longues branches dont le bout se chargeait déjà de volutes magiques. Une violente bourrasque venait animait l'endroit ainsi que l'étrange tenue de la jeune femme. Elle marmonnait dans une langue que seul le magicien saisissait. Alors que la sorcière s'apprêtait à attaquer le colosse, Olgeirth s'interposa.

— Il suffit ! Vous n'allez pas déjà vous attaquer alors qu'on n'est même pas encore partis ! souffla-t-il, presque désespéré.

Le marabout baissa son talisman dont la magie se dissipa aussitôt. Elle soupira lourdement avant de se frictionner les bras. Quelques mèches de ses cheveux bruns dépassaient de sa capuche. Un menton, surmonté de belles lèvres, était l'unique trait qu'on apercevait de son faciès cachés. Elle grommela quelque chose avant de s'adresser clairement au magicien.

— Nous allons attendre encore longtemps ? Cet abruti ne me laissera pas passer !

— Cet abruti a plus de jugeote que vous tous réunis. Et à votre place, je ferais attention à mes paroles, il n'a pas besoin de comprendre la signification mais le ton parfois suffit. Votre magie, aussi puissante puisse-t-elle être, n'a aucun effet sur lui, alors je vous déconseille de provoquer un ennemi qui vous dépasse, marqua d'un ton à la fois moqueur et sérieux une jeune naine à la chevelure dorée.

Un fort accent déformait ses phrases, un détail qui intrigua le mage.

— Et vous êtes ? s'enquit aussitôt la sorcière bafouée.

Cette dernière avait posé ses poings sur sa taille, et toisait certainement du regard la nouvelle arrivante.

— La compagne de ce superbe spécimen, répondit-elle, une lueur de fierté dans les yeux. Allons-y, sans tarder, voulez-vous ? exigea la naine, pénétrant déjà la bâtisse, sans un regard en arrière.

Certains grognèrent, d'autres jurèrent en silence. La sorcière, elle, se jurait de lui faire payer ses injures envers sa magie sacrée.

-

Sept compagnons de recruter et les voilà qui s'apprêtaient pour le voyage imminent. La naine aux cheveux d'or polissait les pièces en acier de son compagnon. Ce dernier la reluquait d'un étrange regard qui le ne sied point au teint, ses yeux étaient plein de tendresse. La sorcière les dévisageait de loin, à tour de rôle, alors qu'elle imprégnait ses dagues en os de sa magie. Les quatre restants formaient un groupuscule de mercenaires, surentraînés et efficaces. Ils avaient affirmé au magicien qu'ils attendaient des renforts, au moins cinq personnes se joindraient à eux dans les prochains jours. Une grande femme au corps svelte, sculpté de muscles et de formes, semblait toujours avoir son mot à dire. Ses cheveux noirs attachés en queue de cheval stricte, ses yeux en amande noirs au regard séducteur, ses lèvres souvent souriantes, tout en elle poussait à faire baisser sa garde. Sans oublier ses manières de demoiselle et ses airs aguicheurs n’arrangeaient rien à son apparence trompeuse. Les trois autres se différenciaient à peine, pour cause ils étaient frères. Seuls l'âge les distinguait. Leur aîné semblait être le chef du groupe, il portait une épaulière de bronze frappé d'un sceau doré. Une armure de plates digne d'un commandant lui donnait fière allure, tout comme sa barbe naissante qui encadrait parfaitement son menton carré et son nez saillant légèrement busqué.

Delhass observait la bande, ou plutôt les groupuscules qui se formaient au fil du temps, et adressait un sourire à ceux qui croisaient son regard. Certains le lui rendirent, d'autres le regardèrent comme un pestiféré. Une unique pensée l'inquiétait, Valence l'analyste et l'expert en occulte ne les avait pas encore rejoint.

— Adan..., lança l'Elfe avant d'être interrompu par le concerné.

— Valence va arriver, pas la peine d'en faire tout un fromage.

— Qu'est-ce t'en sais que c'est de ça que j'allais causer ?

Adan le toisa d'un regard rieur, avant de poursuivre la conversation.

— Tu voulais parler d'autre chose peut-être ? répondit-il, le ton chargé d'ironie.

L'Elfe grogna, avant de s'accroupir près de l'arbre sur lequel était adossé son collègue.

— Je ne me rappelle pas t'avoir demandé de me tenir compagnie, si j'ai bonne mémoire.

— Ferme-là.

Adan sourit, amusé par l'agacement qu'il provoquait chez Delhass. M ais, soudainement, il devint sérieux, fronça les sourcils. L'Elfe, qui ne le regardait point jusque là, semblait ressentir son malaise.

— Qu'est-ce qui va pas ?

— Hmm... Rien, grommela-t-il, sans lâcher du regard les mercenaires.

— Beh, je vois bien qu'y a quelque chose qui va pas là ! Et si tu parles pas, je te lâcherais pas. A toi de voir.

— Je ne les sens pas... Surtout, s'ils se ramènent à trente. On est aussi gardes du corps du vieux, mais aussi puissant qu'il est et aussi bons guerriers-mages que nous sommes, je ne pense pas qu'on fera un bon obstacle, une fois la cité découverte...

— Laissons-les l'explorer en premier, y verront bien le trésor qui les attend, répliqua Delhass, sourire aux lèvres.

— Le magicien n'a pas pu s'empêcher de raconter la malédiction qui pèse sur la cité ! Ils sont avertis.

— Ce genre de brigands sans foi ni loi, j'en mets ma main au feu qu'ils croient en rien. Pour courir après l'or, piller tombeaux et temples, et je ne sais quel autre blasphème... Ils sont les premiers à se salir les mains. Des malédictions ? Ça doit faire office de bonne blague pour ces gaillards, s'tu veux mon avis ! Moi je te dis qu'ils fonceront tête baissée quand on l'atteindra ! Tu paries ?

— Mouais... T'as peut-être raison pour la plupart, mais ceux à leur tête, ceux-là... Ils sont d'une autre trempe. Ils sont pas cons.

— Je m'en doute bien. Mais bon, c'est pas notre problème s'ils y foncent... Ils ont été prévenus. Ils ont pas intérêt à se retourner contre nous si malheur arrivait.

— Tu rêves, blondinette. C'est ce qui va arriver, c'est certain. Ils n'ont pas besoin d'un motif. Prépare-toi, parce que plus ils seront nombreux plus on sera en position de faiblesse.

— Maître Olgeirth saura les remettre à sa place, je crains rien.

Adan marmonna quelques mots inintelligibles avant de se redresser et de se diriger vers le Mage arrivant. Valence les avait enfin rejoint.

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Le magicien s'éclaircit la voix afin de bénéficier de l'attention de tous. Un attroupement s'était formé, et parler à voix haute n'était plus suffisant. Le brouhaha constant couvrait sa voix. Du bout des doigts, le magicien esquissa un symbole runique sur sa nuque. Le symbole se figea dans sa peau dans une lueur bleutée.

— Mesdames, Messieurs. Votre attention, je vous prie !

Sa voix portait loin, la rune qu'il avait tracé en décuplait le son.

— Bien. Je vois que tout le monde m'entend. Veuillez vous séparer en groupuscules afin que je puisse avoir un meilleur aperçu. D'accord... Cinq groupuscules... Ser Klair, vos mercenaires sont arrivés ?

— Oui, quelques uns manquent à l'appel mais nos quarante soldats suffiront. Les autres suivront, répondit le commandant de l'Hirondelle noire.

— Bien. Zelyx ? Vos consœurs sont là ?

La sorcière bomba le torse et s'avança d'un pas, imitée par les membres de congrégation. Il était difficile de différencier les cinq sorcières car elles arboraient une tenue décrépite noire identique, et leur visage semblait ne jamais quitter l'ombre de leur capuche effilée.

— Qu'en est-il des nordiques ? poursuivait-il, alors qu'il survolait la foule du regard.

Grands-Pieds leva haut son bras droit, et sans effort le magicien put le repérer. Le nordique dépassait par sa taille l'attroupement.

— Tous présents.

Ses mots furent sérieux, circonspects, et son accent prononcé rendait ses paroles agressives. Fier d'avoir parlé la langue commune, il regarda sa compagne qui lui souriait de toutes ses dents. Ses deux fils l'avaient rejoint, presque aussi géants que lui, ils semblaient aussi forts mais portaient moins de trace de combat.

— Valence, les professeurs sont arrivés sains et saufs ?

— Pour qui me prenez vous ? répliqua le mage, amusé.

— Quatre scribes pour monsieur, dont un historien et un barde !

Olgeirth secoua la tête, à la fois amusé et lassé de la nonchalance de son ami.

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