Embuscade
Silence et tension. Les hommes attendaient autour du sentier, dissimulés par les arbres. Une douce pénombre régnait, percée de loin en loin par quelques taches d’or. Dans quelques instants un convoi allait arriver, un transport d’équipements de l’armée royale. Les étendards avançaient avec régularité, sans se douter de la menace qui les attendait. Le chef des résistants échangea un regard avec le combattant à côté de lui. Il les avait rejoints il y a peu mais leur avait déjà apporté un grand soutien, c’était un étranger de passage qui avait décidé de rallier leur cause. Celui-ci lui répondit par un sourire plein d’assurance, et le meneur hocha la tête. Il jeta un coup d’œil au reste de la troupe, laissa leur cible passer à leur hauteur, et donna le signal.
L’affrontement commença. D’abord surpris, les soldats bien entraînés ne mirent pas longtemps à se ressaisir. Cette guerre interne durait depuis longtemps, les deux camps avaient appris à se connaître. Les coups s’échangeaient avec autant d’acharnement des deux côtés, le métal résonnait avec éclat, le sang commença à jaillir. Bientôt, les premiers morts tombèrent.
Le capitaine des soldats avait vite repéré le commandant adverse et avait engagé le duel avec lui. Tous deux se confrontaient à armes égales, depuis qu’il avait quitté le palais le second avait conservé son épée de garde. En revanche, il avait amélioré son style conventionnel. Il prit peu à peu l’avantage sur son opposant, et le repoussa jusqu’à le mettre en difficulté. Mais il n’avait pas remarqué que d’autres recrues venaient au secours de leur supérieur. Avant qu’elles n’aient le temps de s’en prendre au rebelle, le combattant étranger l’en débarrassa d’un grand coup d’épée.
« Tu devrais être plus prudent, Elain ! lui lança-t-il avant de repartir à l’assaut.
- Merci du sauvetage, Sergey ! »
Il élimina le capitaine. Il ne restait plus beaucoup de militaires, il se choisit un nouvel adversaire qu’il abattit en peu de temps. Un autre lui succéda, puis un troisième, et le combat s’arrêta. Tous les soldats gisaient à terre.
« Bien joué ! déclara Sergey.
- Tu es un allié précieux, le remercia Elain, grâce à toi nous avons pu écourter la lutte.
- Quoi, c’est la tradition, chez vous de prolonger les passes d’armes ?
- Non, mais disons que tu as un style plutôt expéditif, et que ça nous permet d’éviter de perdre des nôtres.
- Content de pouvoir apporter une amélioration par rapport à avant. »
À cet instant un éclat argenté fusa non loin devant eux et un bruit sourd retentit. Un corps s’effondra de derrière un arbre. Tous portèrent instantanément la main à leur garde et attendirent un potentiel ennemi. Une silhouette émergea d’entre les ombres. C’était une jeune femme vêtue d’une robe courte bleu-gris et d’un long manteau blanc, aux cheveux noirs tressés et aux yeux marines scintillants. Elle s’arrêta à la limite du sentier et remarqua à l’attention du chef des résistants :
« Pour un traître, tu ne te soucies pas beaucoup des espions.
- À qui ai-je affaire ? répliqua-t-il immédiatement.
- Elain, intervint l’autre épéiste avec un sourire, je te présente Eriko. Adresse-toi à elle pour toutes tes réclamations au sujet de ton destin ou celui de ton histoire, elle ne pourra rien te refuser.
- Ce n’est pas vrai ! protesta celle-ci. Tu le fais vraiment exprès, Sergey.
- D’ailleurs, continua celui-ci en l’ignorant, je ne m’attendais pas à te rencontrer ici, tu as demandé au Maître des Engrenages pour pouvoir venir ?
- Je vous avouerai ne pas tout suivre. tenta un Elain perplexe.
- C’est... une longue histoire. répondit la jeune femme.
- Tout ce que tu as à retenir, continua leur ami, c’est qu’elle est notre alliée. Mais méfie-toi d’elle quand même. »
Il les considéra un temps, son regard allant de l’un à l’autre, puis soupira :
« Quoi qu’il en soit, mieux vaut ne pas s’attarder ici, rentrons à la base. Vous n’avez qu’à nous accompagner.
- Je suis honorée de cette invitation, et ne vous en faites pas, je ne demeurerai pas trop longtemps. »
Il se contenta d’un air indécis avant de faire signe à ses hommes qu’ils partaient. Alors qu’Eriko rejoignait Sergey, celui-ci lui glissa :
« Tu comptes sérieusement t’inviter comme une visiteuse ?
- Il me semble que tu n’es pas le mieux placé pour me faire des remarques. Mais de toute façon, tous deux, nous ne resterons pas longtemps parmi eux. »
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