Monstrueux rêve

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  Comme tous les matins Lan se réveilla au son de la douce mélodie de son radio-réveil. Il laissa le petit appareil débiter quelques chansons avant de se résigner à se lever. Il était six heures. Sa petite amie, Lota, qui n'avait intégré sa vie que récemment, travaillait de nuit. Elle débaucherait bientôt et arriverait aussitôt chez lui, embaumant la maison de son doux parfum.

Dans cette joyeuse perspective, Lan décida de faire consciencieusement sa toilette. Après une révision complète de son hygiène corporelle, il se posta devant son miroir et recoiffa ce qui lui servait de cheveux. C'était la mode du bleu en cette saison et, en tant que fashion victim, notre ami avait opté pour une teinte colorée bleue marine qui rehaussait la pâleur de son visage. De ses yeux noirs, il se dévisagea encore un moment avant de partir, satisfait, préparer le petit-déjeuner.

Lan ouvrait les placards, furetant pour trouver quelque idée originale afin de plaire à sa dulcinée. Malheureusement, il ne dénicha rien de très emballant pour un petit-déjeuner en amoureux... Très bien, la boulangerie du coin se trouvait à quelques mètres seulement de chez lui, il n'avait qu'à y aller.

 En cette heure matinale, Lan ne rencontra personne dans la rue. Quelques véhicules passaient l'éclairant brièvement de leurs phares. L'odeur fraîche de la rosée lui parvenait agréablement, réveillant ses sens et sa faim. Très vite, il parvint sur le seuil du petit commerce, le seul à être ouvert si tôt le matin. Il poussa la porte dont le carillon au timbre clair signala sa présence dans la boutique.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir sur les étals des... Croissants ? Chocolatines ? Pains au lait ? Ce n'était pas coutumier dans cette région du monde. Louchant sur les viennoiseries qui se présentaient devant lui, Lan fut interrompu dans sa perplexe contemplation par un bruit sourd. Quelqu'un s'était enfui précipitamment dans l'atelier. Étrange... Peut-être que le boulanger avait oublié quelque chose dans le four ? Mais Lan réfuta vite cette hypothèse lorsqu'il entendit : "Fuyez ! Fuyez ! Les envahisseurs sont parmi nous !" suivi d'un bruit de verre brisé.

Pris de panique Lan prit ses jambes à son cou et retourna aussitôt chez lui où il se barricada. Jamais de sa vie il n'avait couru aussi vite. Il savait depuis longtemps que la menace était proche malgré les systèmes de protection mis en place par le gouvernement mais jamais il n'avait imaginé qu'un envahisseur puisse se trouver si proche de lui. Tout essoufflé, Lan prit conscience du danger que courait son amante en venant chez lui. Vite, il fallait qu'il la contacte, il ne pourrait supporter de la perdre. Alors qu'il se précipitait sur le téléphone, on toqua à la porte.

Lan sentit un frisson lui parcourir l'échine. Doucement, silencieusement, il s'approcha du panneau de bois. L'ennemi se trouvait-il derrière ? Hésitant, il laissa le visiteur s'énerver un peu à frapper contre le battant sans mot dire. Enfin, il entendit sa voix :


- Mais enfin Lan qu'est-ce que tu fais ? C'est moi Lota, ouvre !


Fébrile et heureux que sa petite-amie soit saine et sauve, il s'empressa de lui ouvrir la porte d'une main tremblante. Lorsqu'elle pivota, les deux êtres se dévisagèrent un moment, stupéfaits. Lota, n'était plus Lota. Elle avait la même robe, la même voix, les mêmes yeux mais sa peau était désormais lisse et de couleur rosée, ses cheveux étaient blonds et elle ne possédait que deux bras et deux jambes. Visiblement, l'ennemi l'avait eue. Ce qui paraissait étrange, c'était qu'elle ne semblait pas avoir l'intention de l'attaquer alors qu'elle s'était transformée.

En effet, Lota paraissait aussi effrayée que Lan. D'ailleurs, leurs cris fusèrent en même temps :


- Aaargh ! Un moooonstre ! hurla Lota.

- Aaargh ! Un humaiiiin ! hurla Lan.


Et après ces braillements simultanés, chacun s'échappa de son côté. Lota s'enfuit dans le jardin les deux mains levées vers le ciel tandis que Lan, en une réaction enfantine, se barricada dans sa chambre et se cacha sous les couvertures, les serrant de ses quatre bras. Il était cerné, le boulanger s'était certainement transformé en humain lui aussi, ce qui expliquait l'absence de pain au sang ou de viandatine sur ses étals.

 Là, prostré sous les draps, tremblant de ses six membres, et pleurant des larmes violettes pour la perte de sa bien-aimée, Lan attendit un moment et le réveil sonna pour la deuxième fois... Le monstre à la peau verdâtre ouvrit ses yeux noirs. Cette fois, il était réveillé pour de bon...

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