Gaétan à la supérette

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« J’irai jusqu’à dire que je suis presque tenté. » entendit Gaétan à Supermoincher, la supérette de son quartier. Détachant son regard du rayon des fromages où il hésitait, il vit deux mecs, un connu de vue dans le quartier, et un autre du même tonneau : dans les vingt-cinq ans, et plutôt pas mal, voyez-vous !

Pas dans ses fantasmes, mais… bien, quoi. Car il vivait dans les fantasmes, cet élégant jeune homme de vingt ans tous juste. Gaétan était un fin minet qui résidait seul dans un studio financé par ses parents, puisqu’il avait la chance d’être étudiant sans être obligé de travailler…

Mais ce joli garçon était timide, timide au point de refuser, ou de rater, ou tout simplement de ne pas voir les occasions qui se présentaient à lui. Il en résultait qu’il végétait en le fâcheux état de puceau…

— J’t’assure que les meufs préfèrent une touffe rasée qu’un amas de poils ! fit une autre voix.

Il sut alors qui avait parlé en premier : le mec du quartier, qui soupira :

— J’trouve quand même que ça fait plus viril… et j’l’aime, moi, ma touffe ! Au bahut, c’est moi qu’en avait le plus, des poils !

— La mode a changé ! Je te jure que si tu le fais, ce sera la meilleure idée de l’année !

— Pas sûr… souffla alors Gaétan, malgré lui.

Mais dans le brouhaha du magasin, il y eut alors un genre de microcoupure… et les deux mecs, qui n’avaient point remarqué Gaétan, entendirent la remarque.

— Tiens ! fit l’autre mec en se tournant, tu vois ! Monsieur dit que… Ho ! Tu te rases pas la touffe, toi ?

— Euh !...

Alors Gaétan eut la terreur de sa vie : derrière les deux mecs était une de ses voisines de l’immeuble, dame BCBG en diable… et son fils, frêle minet fin, bel et blond d’une dix-huitaine d’années. Il rougit au point de croire qu’il allait fondre sur place… et par chance, la dame entraîna son lardon, non sans l’avoir toisé glacialement… Lardon qui se retourna vers Gaétan en lui envoyant une sorte de sourire figé… ressemblant fort à un appel au secours.

Bref, beaucoup de choses en l’espace de quelques secondes. Gaétan réussit à se reprendre et murmura, tétanisé quand même :

— Ben non, évidemment.

— Ah ! fit le mec… un très joli brun viril mais charmeur, tu vois, tout le monde ne pense pas que…

Et le mec, souriant, de tendre la main à Gaétan qui, surpris, en laissa tomber son sachet de grana padano… Alors le mec et lui se baissèrent ensemble et se touchèrent le front, ce qui éclater de rire le mec, tandis que Gaétan ne savait plus où se mettre.

— Et je pense que Monsieur doit avoir raison, Martin ! Car il marche au grana, comme moi ! Moi, c’est Ludovic.

— Euh… Gaétan.

— Ça, c’est classe ! Et c’est pour aller avec quelles nouilles, ça ? Hep ! Rien à voir avec la conversation précédente ! fit le mec, hilare — décidément, il était bien, ce mec-là !

— Ben… je sais pas encore.

— Bon, Martin ! Je vais intervouiller Monsieur, et j’aviserai ensuite.

— Bande de ringards ! fit l’autre, goguenard. Et traîne pas, Ducon : j’ai faim, moi !

L’autre mec s’en fut alors, et Ludovic fit en souriant :

— Gaétan ? En dehors du grana, le crois que nous avons des idées communes… concernant le rasage !

— Ben… Ouais, je crois.

— J’adore mon ami, mais… il me fait chier avec ça !

— Peut-être… qu’on peut tergiverser, avec ça…

— Et comment ?

— Eh ben… quand on rase, ça repousse…

— Ah ! Ah ! Oui, évidemment ! Mais… j’ai pas envie de ressembler à une petite fille, moi !

— Moi non plus !

On se regarda bizarrement, une poignée de secondes. Et le mec souffla :

— J’aimerais voir ta touffe… et te montrer la mienne, pour que tu me donnes ton avis.

— Oh ! fit Gaétan, rougissant violemment.

— Pas si t’es choqué !

— Non… fit Gaétan, infiniment surpris, mais… où ?

— Pas ici, évidemment ! Possible, chez toi ?

— Ben… oui.

— Alors je dis à mon pote de pas m’attendre ! fit le garçon en prenant son téléphone.

Quelques minutes plus tard, on était chez un Gaétan à la fois effrayé et excité…

— Tiens ! Tu veux qu’on ouvre ça ? demanda Ludovic en sortant de son sac une bouteille de crémant.

— Euh… oui, mais… j’ai pas de cristal, moi, ici !

— On peut même boire au goulot, tu sais ! Je suis pas fier !

Gaétan dégota deux petits verres à moutarde, et l’on trinqua. Ce mec l’impressionnait, mais… comme il était beau ! Fin, brun au teint pâle et à l’œil bleu… il ressemblait d’assez près à un Prince charmant.

Et ce pouvait être ce que Gaétan attendait… qui n’était pas trop fixé sur ses désirs… et se croyait encore vaguement hétéro.

— Je veux pas te violer, tu sais ? Je suis hétéro, comme mon pote. Et toi ?

— Aussi.

— Voilà. Mais y m’énerve, avec ses conneries de rasage ! Dis-moi ce que t’en penses, là !

Et le mec de se lever, pour se descendre la culotte jusqu’aux genoux. Pour montrer une jolie bite non mutilée, et surtout une superbe touffe brun foncé s’étendant sur les aines, annonçant des cuisses bien velues elles aussi.

— Tu penses que je dois raser ça ?

— Euh… Non, non ! Certainement pas !

— T’es comment, toi ?

Gaétan dut se lever, et se mettre en le même état que Ludovic.

— Ouahouh ! T’es… magnifique, toi !

— Hein ? Et pourquoi ?

— Super bien dessiné, et… putain, t’as une bite !... et des poils… T’es incroyable !

Ludovic s’agenouilla devant Gaétan et posa doucement les mains sur ses hanches. Il commença alors à caresser, du bout des doigts, les confins de ses fourrures, puis ses poils eux-mêmes, puis…

Puis il posa les lèvres sur la bite de Gaétan. Toujours caressant les poils du garçon, il se mit à lécher la longue hampe d’iceluy.

Gaétan ne moufta pas, qui se mit à bander doucettement. Et son bel objet s’anima, lentement mais sûrement. In fine, Ludovic murmura :

— Putain… j’y crois pas… ta queue est… magnifique !

— Tu…

— Oh oui, que je te suce !

— Mais…

L’autre ne répondit point, qui engloutit vitement le bel objet de Gaétan — car il faut préciser ici que Gaétan était superbement monté, ah ça oui !

Et il pompa, le joli Ludovic, comme un damné ! D’où arriva que Gaétan finit par gémir, de plus en plus fort… et arriva ce qui devait arriver : il déborda dans le gosier d’un Ludovic qui avala tout sans moufter.

— Oh, tu !... souffla Gaétan.

— T’es bon, p’tit garçon. Première fois que j’avale un mec… Tu vas me porter bonheur, je le sens !

— Oh…

— Mon connard de Martin veut pas de moi…

— Vous êtes pas… ensemble ?

— C’est mon meilleur ami, mais cette tête de con croit toujours qu’il est hétéro !

— C’est peut-être vrai…

— Y a pas de vrais hétéros ! Y a que des ahuris qu’ont rien compris à la vie, c’est tout !

— Mais… tu viens pas de me dire que toi… tu l’étais aussi ?

— En fait, fit l’autre avec un bel aplomb, j’en étais pas sûr… Mais maintenant, je sais ! Ta beauté m’a ouvert les yeux définitivement… et ton p’tit jus m’a soigné de mes erreurs ! Vive la médecine bio !

Gaétan resta baba devant cette tirade.

— Et toi, t’as un amoureux ? reprit Ludovic.

— Euh… Non… C’est la première fois que…

— Oh ! P’tit garçon ! fit Ludovic en se saisissant de Gaétan pour lui rouler un fort bavouilleux patin, Gaétan ! fit-il en respirant, je vais t’en trouver un, d’amoureux, et plus vite que ça !

— Toi, tu… objecta Gaétan.

— Moi, je suis une pomme accrochée à un ahuri. Toi, t’es le plus joli garçon de la terre… qui mérite le plus beau garçon de la terre, voilà ! Allez hop ! On dit que la chasse commence maintenant, et que le gibier a qu’à bien se tenir, gentil garçon !

Incrédule, mais souriant, Gaétan accepta un rendez-vous le lendemain en fin d’après-midi ; ce soir, Ludovic devait rejoindre son pote Martin. On retrinqua aux bulles, et ce fut devant une bouteille encore à moitié pleine qu’il resta un bon moment sur le nuage que venait de créer le baiser bavouilleux que lui avait offert Ludovic… Son premier vrai baiser.

Bon, si bon ! Oh ! Comme il l’eût adopté tout de suite, ce garçon-là !

Mais… il était manifestement plus âgé que lui, et amoureux de l’autre. Une chose étonna Gaétan : qu’il fût le premier mec à être sucé par ce garçon… si entreprenant !

Il termina la bouteille en sirotant et en rêvassant le reste de la soirée.

On était vendredi soir : rien de prévu le lendemain, si ce n’est de réviser quelques cours, ce qui ne lui était pas une épreuve, car il était un élève studieux et doué.

Il jugea prudent d’aller à la supérette le samedi matin : sait-on jamais ? Car il avait en tête le gent elfe blond… son voisin donc… qu’il avait déjà plus ou moins repéré, mais rarement vu dans l’escalier.

Il descendait donc, lentement, ses trois étages quand il entendit au-dessus quelqu’un descendre aussi. Il s’arrêta sur le palier… pour apercevoir son fin voisin… qui hésita, l’apercevant, à descendre la dernière marche.

— Bonjour ! fit-il en tendant la main, que le garçon vint prendre. Moi, c’est Gaétan.

— É… É… piphane, fit le minet, l’air tétanisé.

— Épiphane ? Ouaouh ! Tu sais que c’est le surnom des dieux de l’Olympe ?

— Ah ?

— Comme je te le dis !

— Ma mère dit que c’est un saint grec…

— Un usurpateur, sans doute ! fit Gaétan en souriant.

Là, le jeune homme dut sourire aussi, enfin ! Et qu’il était fin, ce sourire-là ! Le petit cœur de Gaétan en eut comme un frisson. Surtout, il éclairait les traits délicats du garçon… et lui faisait mériter amplement son prénom divin !

— J’allais à la supérette. Et toi ?

— Moi… Euh… Moi aussi.

— C’est parti !

On descendit ensemble, et Gaétan essaya de faire parler le garçon, s’arrangeant pour répondre lui-même aux questions qu’il posait, ceci afin de le mettre en confiance… Comment l’esprit vient aux puceaux !

Il sut que le jeune homme avait dix-huit ans tout juste, qu’il était déjà en fac de lettres, se destinant, peut-être, au professorat : en réalité, il visait une carrière d’écrivain…

Où Gaétan apprit que ce garçon écrivait. Il s’était lui-même risqué à rédiger quelques nouvelles… un peu osées. On n’était pas arrivé au magasin que Gaétan avait déjà réussi à obtenir qu’on échangerait ses écrits.

— Tu sais quoi ? C’est moi qui commence, et tu me dis tout de suite si mon genre te convient !

— D’accord, fit le jeune homme, toujours sur son quant-à-soi.

On fit donc les courses ensemble, s’attendant toujours l’un l’autre d’un rayon à l’autre.

— T’aimes les bulles ? demanda Gaétan.

— Oui, mais… quand mes parents reçoivent, j’ai juste droit à une petite flûte…

« J’espère que ta flûte à toi est pas si p’tite que ça ! » songea Gaétan en rigolant in petto.

— Bon ! Je t’en offrirai donc la première fois que tu me rendras visite… Bientôt ?

— Euh… oui, fit le garçon d’une petite voix.

Gaétan avait un peu l’impression d’y aller à la hussarde, mais la timidité du jeune homme exigeait qu’il battît le fer pendant qu’il était chaud.

Et dieux pourtant qu’il était habituellement timide ! Mais là, la troublante réserve du minet lui donnait une sorte de courage — celui d’un rapport de forces favorable, sans doute.

On échangea ses coordonnées, non sans que Gaétan prévînt le garçon :

— Tu me dis franchement si le sujet de mes histoires te gêne, n’est-ce pas ?

— Parce que c’est…

— Pour grandes personnes. Au fait ! Tu avais entendu notre conversation, l’autre fois ?

— Ben… oui, fit Épiphane, l’air contrit. Mais ma mère n’a entendu que la dernière phrase. Elle vous a traités de cochons !

— Et toi ?

— J’étais étonné, mais… oui, ça m’a bien plu, dit le garçon avec un large sourire… le premier aussi spontané !

— Alors je crois que mes histoires ne te choqueront pas !

— Ah ! Parce que…

— Oui.

Devant chez lui, au troisième, Gaétan serra vivement la main du minet.

— À bientôt ! J’t’écris tout de suite !

Le garçon sourit derechef, et ce fut un peu chose que Gaétan le regarda monter à son quatrième… Il attendit même d’entendre la porte claquer au-dessus avant d’entrer chez lui…

Selon toute apparence, il se passait quelque chose, en sa petite poitrine !

Et il se mit en devoir d’écrire immédiatement au joli minet… Fortement excité, il s’efforça cependant de garder une saine mesure en ses propos, et il envoya une des douzaines d’historiettes gay qu’il avait déjà écrites… sans se rendre compte qu’il se croyait toutefois hétéro !

La réponse fut immédiate (le temps de lire deux pages, quand même) :

— Super beau ! Je me relis et je t’envoie aussi quelque chose.

Qu’il fut content, le Gaétan ! Et dire que cet incomparable minet dormait sans doute juste au-dessus de lui ! Il se demanda alors à qui il songerait lorsqu’il se branlerait la prochaine fois, ce garçon-là…

Lui, il le savait déjà.

Une heure plu tard, il recevait une petite histoire d’Épiphane : un petit conte de lycéens qui n’osent pas se parler, et qui se ratent avant de se perdre de vue…

Gaétan jugea ça assez autobiographique ; du moins le garçon était-il manifestement gay. Il réfléchit longuement avant de se lancer : diplomatie avant tout !

Et il commença par commenter le texte de façon la plus littéraire possible, sans s’attacher au fond. Pas d’autre critique à faire, d’ailleurs : le garçon écrivait un français parfait et d’une rare distinction.

Où arriva une première embrouille : Gaétan suggéra qu’on pourrait se voir le soir même… car ses parents étaient de soirée mondaine, et ne rentreraient qu’à point d’heure.

Or il avait lui-même rendez-vous avec le poilu Ludovic, et… Ô Corneille ! Avec Ludovic, la séance de sexe était sûre, et il avait envie de progresser, et vite, en ce domaine !

Avec le jeune Épiphane, c’était tout autre chose : peut-être le début d’une romantique idylle ?

Choix cruel, s’il en fut ! D’autant qu’il ne savait où le mènerait le rencard avec Ludovic, ni quand Épiphane serait libre… et que son inexpérience ne lui avait onc appris le maniement des calepins galants !

Les choses furent plus faciles qu’il ne le craignait :

— Martin va niquer une nouvelle chatte rencontrée chais pas où, et qu’y jettera chais pas où non plus ! attaqua Ludovic au fil (façon ancienne de dire : au téléphone !). Alors on boit un coup chez toi — j’apporte le carburant — et pis j’t’invite en ville dans un truc gay, hop !

Gaétan n’eut pas le temps d’émettre une objection que le rendez-vous était fixé à six heures.

Ludovic fut ponctuel, et porteur, comme annoncé, d’un fort lot de kérosène : deux bouteilles de crémant de Loire.

Il embrassa vivement Gaétan sur la bouche, et ne manqua pas de lui mettre la main au paquet :

— J’y ai pensé, à ta superbe queue !

Le ton était donné. Gaétan n’eut pas le temps de dire ouf qu’il était déjà aussi nu que son brun visiteur…

— On trinque d’abord, et on… Oh ! J’ai vu quèque part un truc fendard : la pipe au champagne ! On essaye ?

— Euh… J’peux t’parler avant ? fit Gaétan, incertain.

Alors Gaétan déballa tout à un Ludovic fortement épaté. Si ce n’est qu’il ne remettait pas vraiment le minet en question, qu’il avait évidemment déjà croisé moult fois dans le quartier, et à la supérette.

— Ouaouh ! C’est super ! Alors t’as trouvé tout seul ?

— Euh… Y a rien de fait ! Mais je pense qu’il est gay.

— Donc je te… vide pas avant qu’il arrive ?

— Je… Oh ! fit Gaétan, surpris par la crudité de la remarque. Si… Si tu veux… Oh… Avec lui, t’façon…

— On peut s’amuser un peu, gentiment et… lorsqu’il s’annonce, je pars.

— Non ! Je… Oh, je sais pas trop !

Pour l’heure, on trinqua et Ludovic tenta donc la fameuse « pipe au champagne », qui fit de l’effet à son jeune ami. Qui désira lui en faire autant : une première absolue, puisqu’il n’avait jamais sucé de sa jeune vie.

Et ma foi, il sembla fait pour ce mondain exercice. Et tant pis pour la suite… Après deux ou trois quarts d’heure de pratique, les garçons s’inondèrent savamment le gosier, l’un après l’autre, avant de partager un long et bavouilleux patin.

Il n’était pas sept heures quand Épiphane appela Gaétan.

— Je pars ! fit vivement Ludovic.

— Reste, s’te plaît.

— On s’habille ?

— Heu… Le boxer, seulement, fit Gaétan, pas sûr de lui, sur ce coup-là.

C’est dans cet équipage qu’il alla ouvrir à Épiphane, deux minutes plus tard. Le garçon eut l’air surpris, avant de sourire délicatement.

Dans la petite entrée, Gaétan souffla :

— J’ai un ami que tu dois connaître de vue ; il s’en va sur un signe de toi.

— Mais…

— C’est un mec sympa : on s’arrange tous les deux pour savoir ce qu’on fait !

Il mena Épiphane au petit salon, et Ludovic se leva.

— Ben oui, bien sûr qu’on se connaît de vue, Épiphane ! Moi, c’est Ludovic.

On se serra la pince, mais Gaétan vit bien qu’Épiphane était coincé comme jamais. Qui osa cependant dire :

— J’ai apporté ça…

Il tendit un sac de toile où était une bouteille de champagne… fraîche.

— Je t’avais dit que… fit Gaétan.

— Je l’ai prise à mes parents, dit le garçon, froidement.

— Alors…

— On la boit ! déclara Ludovic. Mais Gaétan n’a pas de cristal !

— J’en ai, dit le garçon, à la stupéfaction des deux autres.

Dans le sac de toile était aussi une boîte de carton contenant quatre flûtes de cristal, effectivement…

— Viens mettre ça dans la cuisine, dit Gaétan.

Où il demanda à mi-voix :

— Ça va ?

— Ouais, c’est… sympa.

— Tu veux qu’on s’habille, ou tu te mets comme nous ?

— Heu… Je suis nul, à poil !

— Moi, je crois que t’es beau tout le temps, mais… fais comme tu veux. On y va ?

On reparut donc au salon, où Ludovic déclara :

— J’avais proposé à Gaétan de l’emmener dans une boîte gay, mais… peut-être que ce serait mieux qu’on reste ici… enfin si je ne vous dérange pas !

— Épiphane ? demanda Gaétan.

— C’est peut-être mieux ici, oui… mais…

— Adopté ! fit Ludovic. Et si Gaétan a pas de nouilles, on commande une pizza, et on bouffe même le livreur tout cru !

La déclaration fit rire, et l’on trinqua solennellement dans les verres de cristal des parents d’Épiphane. Mais le sérieux ne dura pas, car Ludovic demanda soudain à Épiphane :

— Qu’est-ce que tu penses des poils en général, et du rasage en particulier ?

Le minet faillit s’étrangler, mais un sourire de Gaétan lui permit de répondre :

— Ben… Moi, j’en ai juste un peu… et il sont fins… alors non, je rase pas !

— Mais sur les autres ? insista Ludovic.

— Ben… Ça, je sais pas trop… rougit Épiphane.

— Ça, par exemple, tu virerais ? continua Ludovic en baissant son boxer à la limite de sa bite, en sorte qu’il exposa sa superbe et large touffe.

— Oooh ! Euh… Non… Non, je virerais pas !

— Et celle de ton pote Gaétan ? Montre, Gaétan !

Gaétan s’exécuta de la même façon.

— Non… bien sûr… faut tout garder… murmura le minet, l’air impressionné.

— Tu nous montreras, toi, tout à l’heure ? fit doucement Ludovic. Pas obligé, bien sûr !

— Euh… oui, fit le garçon en regardant Gaétan.

Ludovic invita à retrinquer, non sans faire un clin d’œil à Gaétan… Celui-ci avait prévu des tas de petites choses qui permirent à ces jeunes gens de s’arsouiller scientifiquement : entendez que la griserie ne leur vint pas tout de suite.

Ludovic faisait le spectacle, et Gaétan essayait de suivre, quand Épiphane riait presque tout le temps… qui cherchait le plus souvent le regard de Gaétan.

Notez ici, que Ludovic ni Gaétan n’avaient remonté leur boxer après avoir exhibé leurs poils, enfin Ludovic lança :

— Tu devais pas nous montrer ta touffe, toi ?

— Euh… fit un Épiphane un peu parti. Ben… vous y tenez ?

— Oui ! Tiens, Gaétan, aide-le !

Gaétan s’attela donc à défaire la ceinture et les chausses de son voisin, mais… celui-ci était debout, et Gaétan baissa tout jusqu’au pieds, en sorte qu’on eut sous les yeux l’entièreté de l’intimité du garçon.

— Oh ! fit celui-ci.

— Vire la camisole, qu’on voie tout ! ordonna Ludovic.

Qui lui-même ôta son boxer. Ce que voyant, Gaétan en fit autant, avant d’ôter la camisole d’Épiphane.

Donc tout le monde fut à poil. Épiphane offrait aux regards plusieurs intérêts hautement touristiques : une longue, pâle et fine académie délicatement recouverte de poils fins aux reflets dorés, une touffe large faite de soie blonde, et un long et rose serpent de chair terminé par un pendant prépuce.

— T’es… magnifique, Épiphane ! fit Ludovic.

— Ouais, t’es… incroyable ! ajouta Gaétan.

— Oh ! Vous…

— On ment pas, t’es réellement… magnifique, insista Gaétan. Et doux ! ajouta Gaétan en caressant la touffe du garçon.

Alors Ludovic alla se renfoncer dans son petit fauteuil et commença à se tripoter en regardant les garçons…

Car Gaétan s’agenouilla devant Épiphane et lui prit le vit en bouche. Lequel objet ne tarda pas à réagir de vive façon, et ce fut in fine un chibre magnifique que Gaétan dut sucer…

La pine d’Épiphane était longue, droite, lisse, et terminée par une fine ogive : Gaétan en fut ébloui !

Il alla demander à l’oreille du garçon :

— Ça t’embête, que je te suce ?

— Pff !... pouffa le garçon. Et… moi…?

— On fait tout ce qu’on veut, Épiphane : on est chez nous !

— Oh !

Alors les deux garçons échangèrent soudain un vif et mouillé baiser. Puis ils sentirent sur leur cuisse une main, celle de Ludovic :

— Je vous laisse, les garçons ?

— Non ! cria Gaétan. On sait pas comment tout faire et… reste, Ludovic ! Épiphane, tu veux bien ?

— Oui, fit le garçon en posant la main sur l’épaule du beau brun, reste !

On se mélangea dès lors de la plus élégante façon.

En réalité, ces trois mecs étaient vierges… et ce fut Ludovic qui pria les deux autres de le percer en premier. Ce futé avait pensé au gel, en plus du crémant...

Puis Gaétan voulut qu’Épiphane le dépucelât, et enfin Épiphane fut défloré par Gaétan. Où il ne fut constaté ni pleurs, ni grincements de dents. Tout le monde aima…

Au moment de se séparer, ces Messieurs avaient décidé de se revoir, soit en particulier, soi en congrès… Par la force des choses, ce fut Ludovic qui dormit avec Gaétan. Où l’on causa :

— Tu l’as trouvé, ton amoureux, non ?

— Je crois… J’espère !

Au matin, message d’Épiphane : « Mes parents sont rentrés dans le cirage : j’avais écrit que j’irais seul à la messe. Je peux ? »

On rebaisa comme des démons privés de messe !

Du coup, il parut que celui qui cherchait un amoureux était le beau Ludovic. Arriva, deux mois plus tard, une situation extraordinaire : ayant invité chez lui Martin et les minets, Ludovic déclara crûment (après qu’on eut trinqué aux bulles, bien sûr) :

— Tu vois, Martin ! Ces deux garçons trouvent qu’il ne faut pas se raser la touffe… quand on est un vrai mec !

Martin regarda les autres sans mot dire ; c’était un mec super classe que ce garçon-là, châtain, grand et bien foutu… Il dit sobrement :

— Je vais pas tarder à le redevenir, un vrai mec… parce que je me suis fait larguer, et que j’en ai marre de toutes ces conneries !

— Tu nous la montres quand, ta touffe de vrai mec ?

— Là, fit Martin en ouvrant ses chausses.

On se pencha pour voir, effectivement, une jolie touffe châtain, mais pas complète.

— Bon ! On vire tout, fit Ludovic, déchaîné, et on compare !

Ainsi fut fait. Le gars Martin n’était pas de petite venue, nenni ! Les deux minets purent apprécier le regard émerveillé de son ami Ludovic… qui s’approcha timidement de la jolie quéquette d’iceluy pour la prendre en sa bouche, et lui faire le sort que vous devinez.

Alentour, les deux régionaux de l’étape avaient engagé de semblables manœuvres, et enfin Martin demanda :

— Mais… Mais pourquoi vous faites ça, les mecs ?

— Parce qu’on s’aime, banane !

— Mais… toi… toi… Ludo…

— Je t’aime, banane !

— Et moi, moi, je…

— Bien sûr, que tu l’aimes aussi ! affirma Gaétan.

— Ooooh !

Mais Gaétan avait dit vrai. Et depuis, on se mélange adroitement, et très régulièrement. Le petit hic est que Maman Épiphane n’est pas encore au courant… mais on lui prépare une mise en scène qui devrait soit la calmer définitivement… soit la mettre sur orbite !

En tout cas, on s’aime, c’est le principal.

6. VIII. 2020

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