2. La Douleur
Aucun son ne sortait. Rien. Comme si une barrière invisible s’opposait à prononcer ce qu’il répétait chaque matin, au réveil, depuis des années. Désemparé, Arthur se tourna vers Mathilde, profondément endormie. Elle semblait si paisible. L’aube dessinait des ombres douces sur son visage. Une mèche brune glissait sur son front, accentuant la quiétude de son sommeil.
Arthur resta immobile, hypnotisé par cette scène. Il ne voulait pas briser ce calme, cette tranquillité qui semblait presque sacrée. Pourtant, le silence devenait insupportable. Un mélange de tendresse et de culpabilité l’envahissait. D’un côté, il avait ce désir presque instinctif de la préserver de ses souffrances, de ne pas troubler sa paix. De l’autre, il avait cette nécessité viscérale de la faire entrer dans son monde intérieur, de lui faire partager son fardeau.
Finalement, avec une lenteur pleine de gravité, Arthur tendit la main vers Mathilde, chaque mouvement demandait un effort surhumain. Ses doigts, frémissants, effleurèrent sa joue, dans l'espoir de transmettre tout ce qu'il ne pouvait dire. Mathilde remua légèrement avec un léger sourire, comme si elle percevait, même dans son sommeil, la tendresse sans la détresse de son toucher.
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