L’illusion de la liberté

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Nous nous posions la question de notre liberté de jugement face à notre double.

Nous pensions avoir la liberté d’accepter ou de renier notre double.

Mais ce mot liberté n’est-il pas incongru voire déplacé ?

En effet, notre hypothèse est le réarrangement à l’identique de toutes les particules de notre univers local.

Nous avons ajouté une perspective matérialiste, tous nos processus psychiques se réduiraient à un agencement de particules élémentaires, un point c’est tout.

Dans cette perspective, c’est Spinoza qui aurait raison : la liberté est une illusion.

Une pierre reçoit d’une cause extérieure qui la pousse une certaine quantité de mouvement, par laquelle elle continuera nécessairement de se mouvoir après l’arrêt de l’impulsion externe. Cette permanence de la pierre dans son mouvement est une contrainte (...) parce qu’elle doit être définie par l’impulsion des causes externes; et ce qui est vrai de la pierre, l’est aussi de tout objet singulier, quelle qu’en soit la complexité, et quel que soit le nombre de ses possibilités : tout objet singulier, en effet, est nécessairement déterminé par quelque cause extérieure à exister et à agir selon une loi précise et déterminée.

Concevez maintenant (...) que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, sache et pense qu’elle fait tout l’effort possible pour continuer de se mouvoir. Cette pierre, assurément, puisqu’elle n’est consciente que de son effort (...) croira être libre et ne persévérer dans son mouvement que par la seule raison qu’elle le désire. Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent. C’est ainsi qu’un enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon vouloir se venger s’il est irrité, mais fuir s’il est craintif. Un ivrogne croit dire par une décision libre ce qu’ensuite il aurait voulu taire. De même un dément, un bavard et de nombreux cas de ce genre croient agir par une libre décision de leur esprit, et non pas portés par une impulsion. Et comme ce préjugé est inné en tous les hommes, ils ne s’en libèrent pas facilement.

Nous n’avons pas plus de liberté que la pierre !

Nous aurions donc perdu la liberté et gagné l’immortalité.

Tout cela a l’amère saveur d’un marché de dupes, mais avons-nous vraiment perdu toute liberté ?

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