Le chemin éthique de Spinoza nous a donc conduit à la joie suprême, à la béatitude.

Sa philosophie est une philosophie de la Nature et du bonheur par la connaissance, il n’est donc pas étonnant qu’en dilatant la nature, et notre connaissance de la nature, à la taille d’un multivers cosmologique, nous soyons inondés de joie.

Cette joie n’est pas le fruit du hasard, ni de la passion, mais de la prise de conscience de la puissance de la pensée, de mon identité avec Dieu.

Avec Spinoza, nous avons atteint le summum du chemin éthique, mais il existe un autre chemin, bien plus rude, bien plus difficile, bien plus chrétien, celui de la Morale.

La Morale sera un discours rationnel et systématisé sur ce qu'il est permis de faire ou non, sur le Bien et le Mal, le Juste et l’Injuste.

La morale, et surtout la morale Kantienne, ne repose pas sur le bonheur mais sur le devoir. Elle nous impose des actions (morale et éthique portent toujours sur l’action), quand l’éthique nous propose un chemin individuel, que nous pouvons accepter ou refuser.

Le christianisme ne propose pas une éthique, mais une Morale.

Le chrétien ne cherche jamais le bonheur dans cette vie, ni même dans des milliards de vies, il délaisse tout égoïsme au profit de la charité, et se méfie de toute sagesse purement humaine, qui ne peut jamais aboutir à la béatitude, qui n’existe jamais dans ce monde.

La morale de Kant refusera aussi ce bonheur, mais elle sera laïque et rationnelle, sans totalement abandonner la question de Dieu.

Lectrice, lecteur, je vous demande de bien vouloir m’excuser si ces derniers chapitres se révèlent particulièrement techniques et difficiles.

Je comprends tout à fait que votre objectif ne soit pas de lire un ouvrage technique et un peu rébarbatif.

Mais, la philosophie pratique (morale) de Kant est à la fois très ardue et la base de toutes nos valeurs contemporaines.

Ajoutons que l’hypothèse des multivers a souvent été vue- à tort ?- comme la mort de toute morale et que cette question est beaucoup trop fondamentale pour être esquivée, car elle donne une valeur à des milliards de vies.