Kant trahi ?
Pour un kantien pur et dur, notre réhabilitation de la morale de Kant dans le cadre d’un multivers cosmologique n’est qu’une trahison.
Certes, en se demandant si mon action, et même ma maxime, peuvent être reprises par tous mes moi, je sors du singulier et de l’égoïsme, mais je n’atteins nullement l’universel.
Car l’universel devrait aussi comprendre tous les autres êtres raisonnables qui m’entourent.
Si nous reprenons l’exemple de l’avortement, ma maxime « j’ai le droit d’avorter car je suis une enfant violée », peut certes s’appliquer à des milliards de moi, mais elle n’est pas plus morale qu’avant.
Car si toutes les femmes, dans les milliards de mondes où mon moi se duplique, suivaient ma maxime, alors des milliards de mondes seraient anéantis : mon acte deviendrait encore plus immoral !!
Surtout ce raisonnement méconnaît totalement la démarche de Kant.
Son but est de totalement sortir des logiques d’intérêt ou de calcul et de ne réfléchir qu’en termes formels de loi.
« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. »
Le cœur du raisonnement Kantien est ici : ne respecter que la loi dans ce qu’elle a de plus formel et universel, en négligeant le moi.
On peut, à juste titre, reprocher à Kant le caractère formel et inhumain de sa loi, mais cela ne nous autorise pas à trahir sa pensée.
Ajoutons que si nous poursuivons notre chemin dans les multivers, nous devrons renier le concept même de lois universelles et abandonner la morale de Kant, voire sa philosophie.
Mais n’anticipons pas, ce que nous remettons en cause ce sont les postulats de la raison pratique, toutes les croyances « religieuses » réintroduites par Kant : l’immortalité ou l’existence de Dieu.
Annotations
Versions