L’existence de milliards de Christ peut être scandaleuse et terriblement choquante.

En dehors de tout sentiment religieux, cette simple pensée m’a bouleversé quand elle s’est imposée à mon esprit.

Oui, pour toute la culture occidentale le Christ est profondément unique, l’existence de milliards de Christ est tout simplement inimaginable.

Mais le Christ a une double nature, il est divin et humain !

C’est pourquoi Ponce Pilate le présente ainsi : Ecce homo.

Jésus est un homme, un simple homme couronné d’épines par ses tortionnaires qui viennent de le flageller. Il est même le dernier des hommes, celui qui va subir le pire des châtiments, le plus ignominieux : la crucifixion.

Nous restons fidèles aux évangiles quand nous affirmons que le Christ est un homme comme les autres !

Mais si le Christ est un homme comme les autres, il est comme vous, comme moi : il existe des milliards de fois !

Lectrice, lecteur, je peux tout à fait comprendre votre gêne, voire votre répugnance, mais, logiquement, il faut sérieusement envisager l’existence de milliards de Christ.

Le christianisme a toujours insisté sur la nature profondément humaine du sauveur et, historiquement, les nombreux courants qui niaient cette nature ont été rejetés du canon chrétien.

Il n’en demeure pas moins que cette conséquence logique est déstabilisante.

Nous ne pouvons accepter l’échappatoire facile : seul notre Christ est réel, soit les autres ne sont que des copies, soit ils sont des illusions.

Nous n’en savons rien, et notre position n’est guère défendable : pourquoi notre Christ serait-il le seul vrai Christ ?

Que pouvons -nous répondre aux milliards d’autres moi qui affirment en ce moment : seul notre Christ est le vrai Christ, le tien n’est qu’un imposteur ?

Absurde, totalement absurde et en un sens injuste : pourquoi dévaloriser tous ces moi qui sont moi, qui se pensent, se sentent, s’expérimentent moi ?

Certes tout cela est scandaleux, mais pour Kierkegaard le scandale est l’essence du christianisme : renouveler, réactualiser ce scandale c’est retrouver la foi et non la perdre.

Certes, mais il existe aussi des milliards d’univers locaux où je n’existe pas et où le Christ n’existe pas ?

Décidément la question est complexe et nous ne pouvons pas y échapper.