Métamorphose
Quitter le nid, s'extirper de son entrave pour voler et s'abandonner à cette vague liberté. C'est en lorgnant le paysage qui défile que l'on se rend compte de la grandeur de notre univers. Les animaux, les montagnes, les buildings. Les formes passent et se mélangent. Un arbre devient un pilier qui se métamorphose en bâtiment avant de devenir une forêt.
Notre œil ne peut pas s'ancrer au paysage. Il préfère se retourner et s'atteler à disséquer nos pensées. Ce maelstrom d'idées est parfois perturbé par un fantôme, ces âmes en quête de paix et d'appui. Ces âmes perdues détaillent leurs appareils, leurs écrans avec tant de dévotion qu'on pourrait penser à d'étranges rituels provenant d'une religion novatrice. Leurs habits, leurs mouvements et leurs réactions sont régis par une force supérieure. Cependant, il arrive parfois de tomber sur cet être de lumière, celui qui a su conserver sa curiosité et maîtriser le doute. L'authentique, qui a gardé ses ailes et s'autorise à décoller. Un ange.
Le silence est pesant et les seules palabres que l'on entend ne sont que des formules de politesse prononcées sans conviction. C'est ainsi que nos prunelles sont attirées par le verre et ce qu'il laisse transparaître. Urbanisme, nature, consumérisme, art. Les objets en évoquent d'autre et l'imagination parvient à prendre le dessus sur le conscient. Elle s'immisce, grandit, se nourrit. Elle émerge et vous envahit. Elle vous arrache un sourire, une esquisse du bonheur. Tuuuuuduuuum. Soudain, la vie vous rappelle. Le tortionnaire vous réanime et vous expose le cadavre dépouillé de cette charmante et éphémère imagination. Vous passez d'une torpeur à une autre, enfilez votre sac et filez entre deux portes bruyantes.
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