Bobo ?
De retour à la maison, je passe à la cuisine embrasser mon mari. J'arrive juste à temps apparement. Lucie arrive. Elle fait la gueule comme d'habitude. On se met à table. Le dîner est excellent. Je suis sur le point de me détendre quand Alphonse a la merveilleuse idée de me faire la leçon.
- Tu pourrais répondre quand je t'envoie un texto, chérie.
- J'ai eu une journée crevante, donc s'il te plaît, ne commence pas toi aussi, hein !
Je demande à mon homme.
- La petite a fait ses devoirs ?
- Non, répond Lucie sur un ton insolent.
Adolphe évite mon regard. Il sait qu'il est en tort.
- Alphonse, qu'est-ce qu'on avait dit ? C'est toujours la même chose avec toi.
- C'est pas grave, c'est le week-end... Elle n'est pas obligée de faire ses devoirs le vendredi soir, si ?
- Ah parce que tu crois qu'elle aura le temps demain ? Entre la danse, les cours particuliers, l'équitation, la natation et le solfège ? Je lâche pas 500 € par mois en activités extrascolaires pour une gamine qui fait la gueule et qui n'est même pas capable de faire ses devoirs le vendredi soir..!
Je soupire.
- Tu sais ce que c'est ton problème, Alphonse ?
- Non.
- T'es trop gentil. Et tu sais ce qu'on dit...
- Non.
- Trop bon, trop c...
Lucie me coupe la parole.
- Papa, je peux avoir le sel, s'il te plaît ?
Alphonse lui tend le pot mais Lucie ne le prend pas, elle fige son assiette sans rien dire. Alphonse et moi, on échange un regard interloqué. Il lui demande naïvement :
- Quelque chose ne va pas, Lucie ?
Elle répond qu'elle est juste fatiguée, qu'elle a eu une semaine difficile.
Je tente de la remettre à sa place.
- Parce ce que tu crois que moi j'ai passé ma semaine à siroter des mojitos sur la plage ?
Et toc !
Et ça y est, la petite se met à chouiner. Elle a les larmes aux yeux, dis-donc. Elle prétend qu'elle n'arrive pas à se faire d'ami à l'école, qu'elle se fait sans cesse moquer par les autres... Manquait plus que ça. Tout ceci confirme ce que je pensais, ma fille doit voir une psy.
J'entends un sifflement qui semble provenir du couloir. Je fais signe à tout le monde de se taire. Ah non, c'était rien en fait. Vu que Lucie a terminé son monologue, j'enchaîne :
- Il y a des laitages pour le dessert.
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