Chapitre 28 - 1 er décembre 2014
- Sebastiano, mon ami !
Cet accent de merde ! Il fallait vraiment que je lui dise qu’il imitait très mal les italiens… Mais, une autre fois, peut-être.
- Salut, poto, ai-je répondu d’une voix triste.
- Je suis content de passer une soirée entre gars!
- Mouais, enfin, je vais être de mauvaise compagnie, tu sais.
- Je l’ai senti au téléphone, tout à l’heure. Toujours tes soucis avec Norah ?
Je soupirais fortement.
- Elle vient de me demander le divorce.
- Oh merde… Je suis désolée, mec. Je savais pas que c’était aussi grave, quand tu m’en parlais.
- Je savais pas non plus. Enfin, je me voilais la face...
On est restés silencieux pendant un petit moment. Il a pris mon sac, l’a posé dans sa chambre d’amis et m’a finalement dit :
- Tu sais qu’elle est prête pour toi, comme d’hab.
- Merci, toi t’es un pote, ai-je répondu en hochant la tête.
- En tant qu’abstinent, je pense pas être le meilleur des potes, mais bon.
- J’ai pas besoin de boire...
- Je sais pas comment tu fais. J’aimerai tellement, moi aussi.
- Je sais, mec. Je suis désolé.
Je reprenais longuement ma respiration avant de poursuivre :
- Je m’en fous de l’alcool, c’est tout. Mais, j’ai d’autres soucis, si ça peut te rassurer.
- Ça me rassure pas, non.
Je souriais affectueusement.
- On se mate un petit Dragon Ball ?
- Si tu me prends par les sentiments…
On a rigolé et j’ai lui ai donné une petite tape sur l’épaule.
***
Le lendemain, je suis allée récupérer Anouk, comme prévu. Ça m’a fait tout bizarre de voir Norah. En vingtquatre heures, toute ma vie avait changée. Il y avait de la distance, de la froideur. De la gêne, aussi. Surtout de la gêne. Je ne pouvais plus la toucher. Je devais faire attention à ce que j’allais lui dire, à la manière dont j’allais m’adresser à elle. Je redoutais de lui dire des mots doux par habitude, alors que je n’en ai plus le droit.
- Je suis désolée, je sais que j’ai tout gâché, a-t’elle finit par dire.
- …
J’ai soupiré fort, n’arrivant à rien faire d’autre. Je ne l’aimais plus, de tout façon. Mais ça me perturbait beaucoup de me dire qu’on n’allait plus vivre ensemble. Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Peut-être que je l’aimais encore, que ce n’était qu’une phase ? Et si on se trompait ? J’allais la perdre pour toujours !
- C’est depuis qu’on a déménagé que tu m’aimes plus ?
- Je serai pas aussi catégorique…
- Tu m’as trompé, donc, niveau sentiment, je pense que ça veut tout dire.
- Tu seras toujours quelqu’un de très important pour moi.
- Stop ! Arrête ça, s’il te plaît !
Elle a eu la décence de ne rien répondre.
- Je dirai que quand j’ai fait ma fausse couche, notre relation a pris un sacré coup.
- J’ai énormément souffert !
- Je sais, moi aussi.
- Pourquoi tu ramènes toujours tout à toi ? - Pardon. Je suis désolée que tu l’aies aussi mal vécu. Et aussi de ne pas avoir su mieux te comprendre. C’était impossible ! Après quelques secondes, elle a ajouté : - Je ne t’ai pas trompé, au sens propre du terme. J’ai rencontré quelqu’un… Pardon si ça te fait du mal mais j’ai des sentiments. Ce n’était pas juste… - Oui, bon, d’accord, j’ai compris ! C’était pas un coup d’un soir, c’était beau et romantique, c’était de l’amour ! Je pense avoir saisi l’idée, lui ai-je coupé la parole en faisant des moulinets avec la main droite. Tu vas me raconter vos parties de jambes en l’air, aussi ?
- Y’en a pas eues…
- C’est bon, je veux pas savoir ! L’ai-je coupée en tendant le plat de ma main vers son visage.
J’étais moins serein que la veille, quand elle me l’a appris. J’avais eu le temps de cogiter à ce qu’allait devenir ma vie, maintenant. Et franchement, j’en savais rien du tout.
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