Chapitre 31 - 15 décembre 2013
- Séb ?
- Oui ? a-t’il marmonné.
- Y’a un truc dont j’aimerai te parler…
Je commençais à douter, tout-à-coup.
- Oui ? Lui paraissait curieux, dans l’attente.
- Anne, de l’asso, tu sais ?
- Oui..
- Elle a accouché naturellement… Et j’aimerai faire pareil !
- Attends, tu veux dire qu’elle a accouché sans péridurale ?
- Oui, mais pas seulement.
- C’est-à-dire ? A-t’il répondu en en fronçant les sourcils.
- Accoucher naturellement ça se résume pas à accoucher sans péridurale. C’est aussi et surtout accoucher « seule », ai-je dit en mimant les guillemets avec mes index et majeurs. Sans que personne n’intervienne, tant que le bébé ou la mère n’en a pas besoin. C’est-à-dire qu’on me laissera me mettre dans la position que je veux, faire les mouvements que je veux… ai-je expliqué en appuyant mes propos par des mouvements de la tête. D’ailleurs, si tu accouches sans péridurale mais en position classique, sur le dos avec les pieds dans les étriers, tu n’accouches pas naturellement, en vrai, ai-je ajouté, en marmonnant.
- Mais elle a accouché chez elle, Anne?
- Non, à l’hôpital. Ils ont une salle nature…
J’essayais de parler plus doucement pour ne pas le perdre en route. Je crois que j’avais déjà donné beaucoup d’informations et je ne voulais pas lui faire peur.
- C’est quoi ça ?
Je souriais affectueusement.
- C’est une salle d’accouchement avec une baignoire, des lumières tamisées etc. ai-je expliqué en balayant l’espace doucement avec mes mains. Anne m’a donné les coordonnées de la sage-femme, qui l’a accompagnée pendant la grossesse et ce jusqu’au jour de l’accouchement. Ça a commencé chez elle et ensuite, elles sont allées ensemble à la maternité.
- D’accord… Tu as envie de l’appeler ? A-t’il fait en souriant tendrement.
- J’aimerai bien, oui. Pour la rencontrer, et voir ce qu’il en est. Si ça peut nous convenir…
- Tu m’aurais dit que tu voulais accoucher à la maison, j’aurais dit non, mais là, je veux bien rencontrer la sage-femme et voir avec elle de quoi il s’agit.
Il a marqué une pause…
- Et s’il y a un problème pour toi ou le bébé, si tu as besoin d’une césarienne, par exemple ?
- L’équipe médicale me transférera au bloc tout-de-suite, c’est l’avantage d’être déjà à l’hôpital.
Je sentais que je marquais des points et que j’allais bientôt obtenir ma réponse positive.
- C’est très important pour moi, ai-je ajouté.
- Je le sens, oui.
Il m’a tendu la main en prononçant ces mots. Je l’ai immédiatement prise. Et ça m’a fait beaucoup de bien. Je sentais que le lien pouvait se recréer avec l’homme avec lequel j’avais entrepris ce projet il y a quelques mois : quitter Paris pour mettre au monde deux bébés, et faire notre vie ici, à la campagne !
- Je voulais te dire, j’ai appelé quelqu’un… m’a-t’il confié. Une sorte de psy, j’espère qu’elle pourra m’aider. Elle avait l’air bien.
- Ah oui ?
- C’est la voisine qui m’en a parlé, elle l’a aidée à traverser une épreuve difficile. Elle fait un truc un peu spécial, comme de l’hypnose. Ça aurait eu des résultats spectaculaires sur elle.
- Sur la voisine ? L’apicultrice ?
- Oui, elle. D’ailleurs, elle a appris de cette manière qu’elle avait un jumeau et qu’il est décédé bien avant sa naissance à elle.
- Quoi ? Elle l’a appris en séance d’hypnose ?
- Ouais, mais c’est pas vraiment de l’hypnose, du coup. Je sais pas comment t’expliquer, c’était une sorte de respiration soutenue qui amène à un état de conscience profonde… Mais, oui, c’est comme ça qu’elle l’a su. C’est dingue, non ?
- Complètement !
- Comme ça va pas fort en ce moment, je me suis dit qu’en parler à quelqu’un ne pouvait pas me faire de mal.
- Je suis contente que tu aies pris cette décision. J’espère qu’elle va pouvoir t’aider.
- Je la vois la semaine prochaine. On verra...
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