Chapitre 34 - 28 décembre 2013

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- Norah ?

J’entendais les pas de Sébastien se diriger vers ma voix. Elle lui indiquait que j’étais dans la future chambre du bébé, en train de trier des vêtements taille 0/1 mois qu’on m’avait donnés.

- Je me demande si c’est bien prudent de maintenir l’accouchement naturel...

- T’as peur que ça se passe mal ?

- Oui… et si le bébé a un problème ? Ou toi ? Si tu fais une hémorragie, ou que le bébé ne respire pas ?

- L’équipe médicale sera prête en cas de besoin. Et s’il y avait une détresse fœtale, Léa en référerait tout-de-suite à l’équipe médicale. Et en cas de gros souci, on nous transférera à l’hôpital de Rennes dans lequel il y a un service de néonat’.

- Rennes? C’est hyper loin!

- Que j’accouche naturellement ou pas ne nous rapprochera pas de cette ville… L’hélicoptère du SAMU m’y emmènera.

- Il y a plus de risques d’avoir des soucis si tu n’es pas suivie pendant l’accouchement.

- Déjà, je serai suivie, Léa sera là. Elle me scrutera pendant tout le travail. Elle connaîtra mon dossier à fond, elle me connaîtra depuis le début. Ce sera pas une personne qui m’a jamais vue et qui devra attraper mon dossier si elle avait un doute sur quelque chose. Elle aura pas à perdre du temps à obtenir l’information qu’elle recherche. Et puis elle m’installera un monitoring de temps en temps pour mesurer l’activité cardiaque du bébé et l’intensité et la fréquence des contractions. Elle sera là pour m’épauler, elle veillera sur moi. Elle a l’habitude, elle sait reconnaître une femme qui souffre, qui va mal, d’une femme qui est normalement en train d’accoucher. Elle est formée pour ça, ne t’en fais pas. Elle a fait 5 ans d’études, comme toute autre sage-femme. Et elle est infirmière en plus.

- Ça me rassure ce que tu dis. C’est vrai que si tu choisis d’accoucher normalement, on peut tomber sur n’importe qui, quelqu’un qui ne te connaîtra pas...

- C’est évident que ça se passe comme ça pour les femmes qui n’accouchent pas naturellement. En plus, à l’hôpital, elles ont pas le temps de rester auprès de toi. Elles doivent aussi s’occuper des autres femme, et il peut y en avoir beaucoup en même temps !

- Je crois que je flippe un peu...

- C’est normal !

- Tu n’as pas peur d’avoir trop mal ?

Je me suis mise à rire.

- Si, évidemment. À certains moments, la nuit, par exemple, j’ai des espèces de bouffées d’angoisse à cause de la peur de la douleur. C’est horrible ! Mais je respire, et ça passe. Je dois pas me laisser contrôler par mes peurs, sinon j’y arriverai jamais. Si je ne supporte pas la douleur le jour J, je demanderai à avoir une péridurale.

- D’accord. Tu seras pas trop déçue?

Je soupirais.

- Oui, peut-être... Enfin, je sais pas, on verra ! J’ai confiance en Léa, je me sens en sécurité avec elle, et pour qu’un accouchement se déroule de manière optimale ce facteur est essentiel.

- Pardon pour toutes ces questions, j’ai besoin de savoir tout ça pour m’investir, c’est tellement abstrait, encore, pour moi. Et en même temps, j’ai été choqué par la fausse couche donc je pense que je réalise ce qui va nous arriver, quelque part.

- ...

- Tu es sûre que se sentir en sécurité avec quelqu’un permet de pouvoir accoucher naturellement sans risques ?

- C’est évident, pour moi. D’après Léa, et tous les écrits que j’ai lus à ce sujet, lorsqu’on se sent en sécurité, on sécrète des hormones qui nous permettent de mettre en route le travail sans efforts. Les événements se déroulent dans un enchaînement simple et naturel…

- C’est si simple que ça ?

- Simple, pas facile.

Il a hoché la tête.

- Je vais avoir mal, sans doute, ai-je repris. Mais en tout cas, l’accouchement se fera sans risque, si rien ne vient me perturber dans ma bulle.

- J’espère. Tu as l’air confiante, alors je le suis aussi. Et... pardon pour tout ce que je t’ai dit après que tu aies fais la fausse couche, je me suis laissé emporter par mes émotions. J’ai été injuste.

- Merci de me dire ça.

On s’est étreint quelques minutes. J’avais l’impression de ne pas l’avoir pris dans mes bras depuis une éternité...

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