Sheireen retournait vers sa tente, son casque à la main et le visage plein de boue. Depuis l’attaque nocturne des Wesi, les dragoniers devaient donner le meilleur d’eux même et encore plus pour compenser les nombreux soldats morts cette nuit là.

— Sheireen ! la héla quelqu’un dans son dos.

La rousse avançait vers elle accompagné de deux soldats qui ne la quittait plus. En effet, depuis l’attaque, Kimiati avait prit les commandes du campement et avait, au bout de plusieurs jours, réinstallé une routine. La voir en dehors de sa tente était assez étonnant, elle aurait dû être en train de faire son rapport à la chef des armées.

— Kimiati, que puis-je faire pour toi ?

— J’ai besoin de l’aide d’un dragonier pour un interrogatoire et tu es la première que je croise.

— Pourquoi un dragonier en particulier ? demanda Sheireen en la suivant.

— L’un des prisonniers qu’a capturé Oma n’a toujours pas dit un seul mot. Je me suis donc rappelé que la Reine m’avait dit que vous aviez appri la télépathie.

— C’est exact.

— Penses-tu pouvoir pénétrer son esprit ?

— Je ne l’ai jamais fait, mais je veux bien essayer.

§

L’homme enchaîné au sol semblait dormir. Il était sale et ses vêtements étaient déchirés. L'elfe aux cheveux bleu entra doucement dans la geôle et s’approcha les mains tendues. Elle posa ses doigts sur ses tempes. A son contact, le prisonnier ouvrit grand les yeux, les pupilles dilatés et fixa son regard dans le sien.

Instinctivement, Sheireen projeta son esprit contre celui du Wesi. Elle eut l’impression de plonger dans un lac sans fond, épais et sombre. Mais elle fut rapidement arrêté par un mur invisible derrière lequel elle entendait des chuchotements. Concentrant son énergie autour de son esprit, elle fonça dans le mur. Au bout de plusieurs attaques, ce dernier céda, révélant un esprit infini. C’était donc à ça que ressemblait l’esprit humain ? Les pensées de l’homme s’accrochait à elle comme des sangsue, ralentissant sa progression. La jeune elfe apprit alors qu’il s’appelait Marcus, elle apprit aussi le nom de ses parents, à quel âge il avait apprit à marcher, à parler, à combattre. En quelques secondes, elle vécut tous les moments marquant de la vie du prisonnier. Il lui envoyait trop d’informations, peut-être était-ce sa technique de défense ? Elle était submergé.

Concentrant un maximum de ses forces, Sheireen força de nouveau le passage, envoyant valdinguer les souvenirs un peu trop collant à son goût. Il fallait qu’elle arrive à découvrir ce qu’il cachait si bien à Kimiati.

“Marcus !” cria-t-elle avec son esprit, faisant vibrer les souvenirs les plus proches.

Il n’y eut pas de réponse.

“Qu’essaies-tu de nous cacher ?!”

Elle s’avait qu’il avait entendu, pourtant, il ne daigna pas répondre. L’elfe décida donc de passer à l'offensive. Fonçant vers les profondeurs de l’esprit de Marcus, elle augmenta la chaleur de son propre esprit, rendant son avancé douloureuse pour l’homme.

“Stop !” hurla-t-il.

Puis tout à coup tout devint froid.

“Marcus ?”

“Non” ricanèrent en coeur trois voix d’hommes.

“Qui est là alors ?” demanda Sheireen.

“C’est donc elle, la dragonière qui a battu notre chevalier noir.”

“Intéressant.”

Les trois consciences l’encerclèrent alors, tantôt la brulant tantôt la gelant. Coincé, elle décida de se retirer de l’esprit du prisonnier.

§

Sheireen était allongé au sol et ne bougeait plus. Elle avait pourtant toujours les doigts posé sur les temps du Wesi. Que ce passait-il ? Etait-ce normal ?

Penché au dessus de la scène, Kimiati hésitait a aller chercher de l’aide. Tout à coup, Sheireen ouvrit les yeux et décolla ses doigts comme si l’homme l’avait brûlé.

— Est-ce que ça va ? demanda la commandante.

— Oui, mais je crois que lui non, répondit la dragonière en désignant le prisonnier. Je viens de parler aux Sharaka en personne dans sa tête.

§

Sheireen se reposant quelques heures avant d’aller s’entraîner dans la zone de terre battue que les soldats appelée arène.

Habituellement, de nombreux soldat s'arrêtaient devant le spectacle envoûtant de la jeune elfe aux cheveux bleu qui se battait aussi férocement qu'un dragon, et qui était aussi agile et gracieuse qu'un félin. Sa réputation la précédait, certains racontait qu'elle avait mis en déroute la moitié de l'armée ennemie durant la dernière bataille, d'autre se vantait d'avoir croisé son regard et vantait sa beauté et son caractères indomptable qui faisait craquer la moitié des hommes du camp. Certaines femmes jalousaient sa popularité chez les hommes alors même que Sheireen ne s’en rendait pas compte, plongé comme elle l’était dans ses pensées n’en sortant que lors des batailles.

Ce jour là, il pleuvait à verse, il n’y avait donc personne pour embêter la dragonière. Elle enchaînait les mouvements, combattant un ennemi imaginaire. L’eau dégoulinait sur son visage pourtant un mouvement sur sa gauche la fit s’arrêter brusquement. Un jeune homme, escorté par deux soldat, se dirigeait vers la tente de Kimiati.

La lame parfaitement aiguisé s'écrasa dans la boue alors que Sheireen courait dans leur direction. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, plein d’espoir. Cette démarche. Cette silhouette.

“Sheireen ?” résonna la voix de Orion dans sa tête. “Que se passe-t-il ?”

Le dragon qui se reposait à quelques pas du campement avait sentit le trouble de la jeune femme.

“ Orestt est là !”

“Sheireen, c’est impossible, Orestt est mort.”

La dragonière ralentit, retrouvant ses esprits. Il avait raison, cela ne pouvait être Orestt. Maintenant qu’elle était plus proche, elle put mieux l’observer. Le brun était plus grand que son défunt ami. Il semblait aussi moins agile, plus gauche.

“Tu as raison, ce n’est pas lui.”

Sheireen, curieuse, décida de quand même aller à sa rencontre. Après tout, les nouveaux venus étaient rares.

§

Arrivé devant la grande tente, Lazuly n’en menait pas large. Du haut de ses vingt ans, il semblait frêle entre les deux soldats qui l’escortaient. Pourtant, c’était certainement le plus intelligent des trois. En effet, le jeune homme était un génie, un fin stratège. Derrière son air un peu blasé, il se préparait à la discussion qui allait suivre.

Les deux gardes soulevaient le tissu épais qui faisait office de porte lorsqu’il entendit des pas rapides arriver derrière eux. C’était une jeune elfe aux cheveux bleu, il l’avait déjà aperçu sur le chemin. Il avait alors ressenti son trouble, pourtant, elle semblait maintenant plus que déterminé. Son visage mutin s’arrêta à une dizaine de centimètre de son visage et demanda :

— Qui es-tu ?

— Lazuly, je viens prêter mon assistance à votre chef, lui répondit-il avec un sourir assuré.

— C’est un Wesi, précisa l’un des deux gardes.

— Effectivement, mais je suis un rebelle oeuvrant contre les Sharaka. Et toi, qui es-tu ?

— Sheireen, lâcha-t-elle seulement.

— Dragonière, ajouta le garde qui se trouvait à sa droite.

Lazuly reçu de plein fouet l’admiration sans borne que portait l’homme à l’égard de la femme. Cela en devenait écoeurant.

— Enchanté, dit-il en tendant sa main.

Elle lui attrapa fermement et le brun pu alors ressentir avec force la haine qui l’animait. Il plongea son regard dans les grand yeux violets qui le détaillant minutieusement. Elle bouillonnait. Il lui sourit une dernière fois et entra dans la tente.

§

Le claquement de mains fit le silence dans l’immense tente qui servait de réfectoire en un rien de temps. Tous se tournèrent vers la générale, attendant qu’elle prenne la parole.

— Nous accueillons à partir d’aujourd’hui parmis nous un nouvel allié. Je vous présente Lazuly !

Du haut de son mètre quatre-vingt dix, le brun repéra rapidement Sheireen. Elle ne portait plus son armure noir et était assise au milieu d’autres jeunes gens. Ce fut aussi la seule à ne pas hurler de joie lorsque la générale le présenta. Elle semblait dégoûté.

Cela n’avait pas affecté le jeune homme, il avait l’habitude qu’on pense ainsi au début. Certains disaient qu’il prenait les gens de haut, qu’il se sentait supérieur.

“Je suis supérieur” pensait-il alors.

De toute façon, la plupart d’entre eux ne disait plus cela une fois qu’il le connaissait mieux. Lazuly savait exactement ce que les autres ressentaient car il était empathe. Il pouvait utiliser leurs émotions pour les manipuler. Il connaissait les gens mieux qu’eux même. Ceux-ci ne pouvaient alors s’empêcher de l’aimer car son don le rendait irrésistible. Voilà comment il avait réussi à convaincre Kimiati. Et voilà comment il allait convaincre Sheireen et tous les autres soldats de cette armée.