Chapitre 11 : Entraînement
Le soleil du désert frappait fort sur le tissu de la tente, saturant l’air. Sheireen avait trop dormi. Elle s’habilla donc rapidement et fila vers la tente-cantine pour voir s' il ne restait pas quelque chose à grignoter.
L’elfe fut surprise d’y trouver Lazuly, attablé seul au centre de la salle. Elle longea discrètement la toile pour aller récupérer un bout de pain et du fromage puis s’installa le plus loin possible du garçon. Sheireen avala rapidement son petit déjeuner puis se dirigea vers la sortie.
— Bonjour, Sheireen ! Comment vas-tu aujourd’hui ?
Elle ne répondait pas et il ajouta :
— Moi, ça va. Au revoir !
§
La jeune femme marchait d’un pas pressé, elle était impatiente de voir Orion.
Une fois bien haut dans le ciel, loin de tout, Sheireen lui parla du nouveau venu.
“Tu ne penses pas que tu es un peu dur avec lui ?” lui fit remarquer le dragon amusé.
Elle marmonna une réponse inintelligible qui se perdit dans le vent.
“Tu aurais pu lui répondre lorsqu’il t’a dit bonjour.” continua le reptile.
Il s’avait la véritable raison de l’animosité de l’elfe envers le garçon pourtant, Orion hésitait à l’aborder. Sheireen grogna une seconde réponse incompréhensible et le dragon comprit qu’il n’arriverait à rien. Elle était trop têtue. Si elle devait faire des efforts, il faudrait que cela vienne d’elle, personne ne pourrait la forcer.
Il changea donc intentionnellement de sujet et le reste du vol fut plus que sympathique.
Lorsqu’ils atterrirent enfin, Lazuly les regardaient depuis les portes du camp.
— Wow, s’exclama-t-il lorsque le nuage de poussières causé par l’atterrissage arriva jusqu’à lui.
La dragonière sauta du dos du reptile en l’ignorant superbement. Elle disait au revoir à Orion, lorsque le garçon arriva jusqu’à eux. Il souriait gentiment pourtant, la jeune fille lui lança :
— Quoi ?
— Alors comme ça tu es dragonière ?
— Comme tu peux le voir, répondit-elle en s’adossant contre les écailles froides de son ami.
— Chez nous, il n’y a que des chevaliers du dragon. La différence c’est que les dragoniers utilisent la magie, c’est ça ? la questionna-t-il.
Elle acquiesça, étonné qu’il en sache autant et ajouta :
— Nous sommes aussi choisis par un oeuf de dragon, nous sommes là à l’éclosion puis nous ne quittons plus jamais nos dragons.
Lazuly semblait fasciné, peut-être Sheireen l’avait-elle mal jugé.
— Comment s’appelle-t-il ?
— Tu peux lui demander toi-même.
Le brun reposa donc la question et la réponse résonna dans sa tête. Curieux, il s’approcha doucement d’Orion et posa la main sur son museau.
§
Lazuly se reposait dans sa tente située dans l’ombre de l’immense tente-cantine, lorsque quelqu’un sonna l’alerte. Ses compatriotes attaquaient le campement.
Il enfila rapidement son armure et arrapa sa lame. Il ne l’avait que trop peu utilisé, ainsi le jeune homme appréhendait cette première bataille. Puis couru vers la tente de la générale.
Lorsqu’il arriva, la réunion avait déjà commencé, il attendit donc à l’extérieur aux côtés des gardes. Enfin, les dragoniers sortirent un à un et il put entrer.
— Ah, Lazuly, dit Kimiati en rangeant une carte. Je t’ai assigné aux troupes arrières pour ton premier jour.
— Très bien, répondit en inclinant la tête avant de sortir.
Il se mit ensuite à courir pour rejoindre les troupes. Il se sentait ridicule, la rousse aurait pu lui donner son affectation avant. Il grommelait lorsqu’une grande ombre passa au-dessus de lui. Lazuly leva la tête et découvrit Orion, Sheireen regardait vers lui. Le reptile réduit l’altitude et l’elfe tendit la main.
— Aller, monte, ordonna-t-elle.
Le brun l’attrapa, étonné et la dragonière le hissa derrière elle.
— Tu pourras dire merci à Orion.
Lorsque le dragon reprit vivement de l’altitude, Lazuly eut l’impression que son estomac était resté au sol. Il se sera un peu plus contre la combattante et la sentit se crisper. Le Wesi eut un petit sourire mais ne desserra pas son étreinte. Le vent était frais malgré la chaleur du désert et lui envoyait les cheveux bleu de la jeune femme dans le visage. S’en rendant compte, Sheireen les rassembla rapidement en une tresse puis fit accélérer Orion.
§
La rencontre des deux armées fut spectaculaire, les troupes se jetèrent l’une sur l’autre dans un bruit de tonnerre, mêlant ferrailles et chaires.
Lazuly qui n’avait pas l’habitude du champ de bataille fut impressionné par la cohésion et la puissance des troupes de Kimiati qui mirent rapidement l’armée Wesi en déroute.
Tandis qu’il tentait d’estimer dans combien de temps les Wesi se retireraient, il se retrouva isolé. Encerclé par les troupes supposées ennemies, un soldat l’attaqua. Le brun parra difficilement la lourde hache puis tenta une contre attaque qui n’atteint pas sa cible. S’en suivit plusieurs parades jusqu’à ce que le Wesi ne lui fasse lâcher sa lame. Désarmé, il regarda, pendant ce qui lui sembla une éternité, l’homme lever son arme pour le coup de grâce. Décidément, il n’aurait pas fait long feu à la guerre. Il eut une petite pensée pour sa famille, du moins pour sa sœur.
Une ombre passa au-dessus de lui alors qu’il gardait les yeux fermés, acceptant sa mort. Quelques instants plus tard, le soldat ennemi s’effondra, une dague transperçant sa gorge. Mort.
Lazuly, ne sentant pas la douleur, rouvrit les yeux. Au-dessus de lui tournait en cercle Orion et sa dragonière. Ils descendaient vers lui.
A quelques mètres du sol, Sheireen sauta de la croupe du dragon et atterrit sur l’un des Wesi, enfonçant sa longue épée dans son crâne. D’une pirouette, elle se retrouva aux côtés du brun.
— Ramasse ton arme, dit-elle seulement avant de foncer vers deux autres Wesi qui ne firent pas long feu.
Elle décapita le premier et brûla le deuxième. Ainsi c’était donc ça, une dragonière, songea le garçon. Il n’était pas de taille.
L’elfe revint vers lui juste avant que Orion ne carbonise les soldats de la zone pour se poser. Sheireen sauta sur son dos et invita Lazuly à la rejoindre. Une fois au dans le ciel, la soldate demanda en désignant un arc finement ouvragé accroché à l’une des épines dorsale du reptile :
— Tu sais tirer ?
— Oui.
— Très bien, rends toi utile alors.
Puis Orion redescendit et elle sauta dans la mêlée, le laissant seul dans les airs.
§
Sheireen rigolait et buvait en compagnie de Seth, Léarco, Eglantine et Oma, fêtant la défaite des Wesi, lorsque Kimiati demanda à la voir.
— Qu’y a-t-il ? demanda la jeune femme à son ainé.
— Je t’ai vu sauver Lazuly.
— Il n’est pas vraiment doué, je me demande pourquoi tu l’as accepté.
— Nous avons besoin de monde depuis l’attaque du chevalier noir. Il me semble pourtant qu’il a quelques bases.
— Peut-être.
— Je voudrais que tu l’entraîne durant les semaines qui suivent.
— Pourquoi moi ?
— Tu l’as sauvé, et puis je pense que cela te ferait un bon entraînement. Dans quelques mois, tu devras diriger des hommes. Voici une occasion de faire tes preuves en dehors du champ de bataille.
La générale ne lui laissa pas le temps de répliquer et ajouta :
— Je te laisse faire part de cette nouvelle à Lazuly.
§
Lazuly avait de nouveau enfilé son armure, elle lui faisait repenser au fait qu’il avait dû être sauver par Sheireen. Il n’aimait pas ça, pourtant il avait rendez-vous avec elle dans ce qu’appellaient les soldats du camp l’arène.
L’elfe se tenait bien droite au centre de l’étendue de sable, elle aussi en armure, l’épée dégainée, ses cheveux bleus rassemblés en une tresse. Prête à combattre.
— Salut ! s’exclama-t-il en s’avançant vers elle.
La jeune femme lui répondit par un signe de tête. Très loquace, pensa Lazuly.
— Alors comme ça, Kimiati t’as désigné pour m’entraîner ? lança-t-il avec une pointe d’amusement, il ne la voyait pas du tout enseigner.
— Et je compte bien en finir vite. Tu vas donc devoir m’obéir.
Le brun acquiesça et elle ajouta :
— Attaque-moi.
Etonné, le Wesi ne bougea pas avant de se rendre compte qu’elle était sérieuse. Il dégaina donc et chargea. Sheireen fit un simple pas de côté et frappa le dos du jeune homme avec le plat de sa lame, l’envoyant terminer sa course dans la poussière.
Après plusieurs heures de combats qui finissaient tous par une chute de sa part, le garçon put retourner à sa tente. Il était exténué et tout son corps le faisait souffrir. Son armure, qui jusque-là n’avait que peu connu la guerre et ses champs de bataille, était cabossée là où la dragonière l’avait frappé à plusieurs reprises.
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