Chapitre 13 : Traitre
Deux mois avaient passé depuis que Kimiati avait ordonné à Sheireen d’entraîner Lazuly. Le garçon s’était beaucoup amélioré et arrivait maintenant à tenir tête à la jeune femme. Leurs échanges étant devenu une habitude, de nombreux soldats venaient les observer.
En effet, leurs combats étaient loin des affrontements du champ de bataille, qui étaient brutaux et rapides, se terminant par la mort de l’un des combattants. Leurs échanges étaient élégants, magnifiques. C’était ainsi que la plupart des gens assistant à leur combat imaginaient un combat entre princes ou bien une valse parfaitement exécutée.
Les soldats avaient l’impression d'assister à une danse faite d’arabesques de métal, les guerriers s’écartant et s’approchant à une vitesse effrénée que peu de personne arrivait à suivre. Beaucoup avaient tenté de demander à Sheireen de leur apprendre à combattre. Elle avait refusé à chaque fois.
Le brun et l’elfe avaient fini par se lier d’amitié, ce qui transparaissait dans leurs combats. Sheireen était moins brutale, plus calme. Lazuly s’était aussi rapproché des autres jeunes dragoniers et passait beaucoup de temps avec eux.
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“Dépêches toi !” ordonna une voix agressive dans la tête du jeune homme qui se réveilla en sursaut.
Il faisait encore nuit en dehors de sa tente, l’aube ne devrait poindre que dans quelques heures, pourtant Lazuly savait qu’il n’arriverait pas à se rendormir. La voix l’en empêcherait. Cela arrivait chaque nuit, il avait l’habitude, ainsi attrapa-t-il sa lame et alla s'entraîner dans l'arène.
Enchaînant les mouvements presque sans y penser, il réfléchissait sur sa situation. Il s’était beaucoup attaché à Sheireen et aux autres dragoniers, il hésitait maintenant à passer à l’action. Pourtant, il en valait la survie de sa sœur.
Le clair de lune se reflétait sur le métal, tranchant comme la décision qu’il avait prise.
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Sheireen se tenait droite comme un i aux côtés de ses amis. Ils avaient tous étaient convoqué dans la tente de Kimiati. Les armures crottées de boue après la bataille faisaient tache face à celle étincelante de la générale. Elle ne combattait plus si souvent qu’auparavant et le regrettait sûrement. Pourtant elle souriait à pleines dents.
— Je vous ai réuni ici pour vous nommer officiellement dragoniers à part entière, déclara la rousse. Vous allez donc chacun être envoyés dans différents camps pour diriger plusieurs centaines d’hommes et de femmes. Je compte donc sur vous pour donner le meilleur de vous même et surtout de me rendre fière. Je sens que grâce à vous nous gagnerons cette guerre.
Chacun la remercia chaleureusement et elle annonça :
— Vous partirez demain, mais avant, je crois que les soldats du camp ont une petite surprise pour vous.
Elle les poussa presque en dehors de la tente et ils furent accueillis par de la musique et des vivats plus que bruyants. Quelques soldats s’approchèrent et les soulevèrent sur leurs épaules. Les huit dragoniers traversèrent ainsi le campement jusqu’à la cantine où les attendaient de l’alcool et de la nourriture à profusion.
La nuit avançait vite. L’aube arriverait bientôt mais Sheireen dansait encore avec Léarco lorsqu’un Lazuly complétement saoul vient à leur rencontre.
— Puis-je t’emprunter ta cavalière ? demanda le brun avec un sourire qu’il voulait sûrement charmeur mais qui ressemblait plus à une grimace.
— Tu devrais aller dormir, tu as trop bu, répondit le prince avec compassion. Tu tiens à peine debout.
— Je ne vais pas te la voler, Léarco, juste te l’em-prun-tée, lança le Wesi avec un ricanement.
Sheireen sentit son compagnon de danse se crisper, le ton monta alors :
— Je ne vois pas de quoi tu parles, Lazuly.
— N’essaie pas de le nier, elle te plait.
Léarco lâcha la jeune fille et se rapprocha du brun. Qu’allait-il faire ? La musique baissa en volume et les personnes alentour s’arrêtèrent de danser pour observer l’altercation.
— Arrêtez tous les deux ! tenta Sheireen. Lazuly, tu devrais sortir prendre un peu l’air.
Elle s’était positionnée entre les deux, prête à les calmer elle-même si il le fallait.
— Viens dehors si t’es un homme ! s’énervait Lazuly en secouant son poing bien trop près du visage de l’autre.
— Léarco, ne l’écoute pas, il ne sait pas ce qu’il dit. Je vais le ramener à sa tente.
L’elfe attrapa le bras du brun et l’entraîna vers l’extérieur. Ils marchèrent quelques instants en silence avant de s’arrêter à la demande de Lazuly. Il se pencha vers le sol et vomi une bonne quantité d’alcool. Compatissante, la jeune femme lui tendit une gourde d’eau fraîche.
Pourtant, lorsque le wesi se redressa, il se tenait droit et ne semblait plus du tout ivre. La dominant de toute sa hauteur, Lazuly attrapa Sheireen par la gorge et dit quelques mots incompréhensibles. L’elfe n’avait pas d’arme sur elle, ainsi tenta-t-elle d’utiliser la magie. Mais rien ne se passa, le brun avait bloqué ses pouvoirs. Il ricana lorsqu’elle le remarqua et resserra sa prise, la faisant suffoquer.
Elle se débattit avec force au début mais il était fort, grâce à elle. Plus les secondes passaient, plus ses forces l’abandonnaient. Sheireen finit par perdre connaissance et Lazuly la laissa tomber dans la poussière.
Il l’avait fait.
Il pouvait maintenant rejoindre son propre camp en ignorant ses remords.
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